Avant tout exposé sur la représentation des femmes dans le jeu politique français, précisons que seulement 12.6% de femmes siègent à l'Assemblée Nationale. Nous détenons le triste privilège d'être en janvier 2006, au 85ème rang de tous les Parlements dans le monde, loin derrière l'Irak (31.6%), ou le Burundi (30.5%) pour n'en citer que deux. Au niveau européen, la France se situe en 2006 au 19ème rang, rappelons-le sur 25 pays. Une consolation tout de même, nous faisons mieux que le Yémen qui n'a qu'une femme députée sur 370 hommes !
Jusqu'aux 19 et 20ème siècle, l'exclusion de la femme de la vie politique se lie tout naturellement avec la division de la société en deux domaines distincts : le public, pour les hommes et le privé réservé aux femmes qui n'ont pas leur place dans les débats publics. Dans les autres pays européens, des reines ont toujours gouverné. En France dans l'inconscient collectif, il n'y a pas d'image de femme au pouvoir. C'est d'ailleurs un handicap qui a longtemps pesé.
En ce sens pourrait-on considérer que les femmes font encore l'objet, en France, en 2006, d'une discrimination positive ? Quelles sont les raisons de ce retard manifeste par rapport aux démocraties occidentales. Est-il possible de le rattraper ? Enfin, et surtout la France est-elle prête à considérer les femmes comme des « hommes politiques » ?
Décomplexées, enfin libérées de cette tentative d'infériorisation véhiculée pendant des siècles, les femmes affichent dorénavant leur volonté de partager à égalité le pouvoir avec les hommes. Nous verrons quelle est la situation de la femme quant au « métier politique » (I) mais également s'il est possible de les considérer comme des « objets de politique publique » (II).
[...] I .Femmes et métier politique L'heure des femmes a sonné clamait Bernadette Chirac en février 2006. Aujourd'hui l'idée qu'une femme puisse briguer l'Elysée n'effraie plus personne, la France essaye de s'aligner sur les autres démocraties occidentales. Les femmes affirment haut et fort leur légitimité, on assiste progressivement à un changement de mœurs facilité par la loi sur la parité de juin 2000 qui leur a permis d'être plus ou moins à tous les niveaux du pouvoir, même si cette même loi est mal appliquée et que des progrès restent à accomplir ! [...]
[...] Les hommes se félicitent de la parité puisqu'elle est démocratique mais ne céderaient jamais leur circonscription ! Les grands partis préfèrent donc payer des pénalités qui ne sont qu'une amende simplement déduite de la dotation que leur verse l'Etat après chaque scrutin en fonction des résultats obtenus. C'est certes une somme d'argent mais négligeable pour les grands partis. Aujourd'hui l'UMP, comme les autres formations politiques espèrent faire oublier ces heures sombres, en effet le 7 mars 2006, Nicolas Sarkozy a confirmé cet objectif d'au moins 30% de candidates aux législatives contre 19% en 2002, il a également souhaité que les objectifs de parité soient étendus au conseils municipaux des communes de 2500 à 3500 habitants. [...]
[...] Ainsi évoquons Edith Cresson, Edwige Avice secrétaire d'Etat à la Défense puis Ministre déléguée aux affaires étrangères, Martine Aubry ministre d'Etat chargée de Travail et de l'Emploi puis Elisabeth Guigou Garde des Sceaux remplacée par Marylise Lebranchu. Le gouvernement de Raffarin en 2002 comporte une exception MAM reconduite dans le gouvernement de Villepin en tant que Ministre de la Défense. Longtemps, le pouvoir politique hypercentralisé dominé par le père de la Nation et des gouvernements énarques a joué un rôle protecteur mais aujourd'hui on peut parler d'un vrai divorce entre les dirigeants et leurs concitoyens. [...]
[...] Constat peut être expliqué par le fait que durant des décennies où les femmes de la bourgeoisie ne travaillaient pas les femmes des couches populaires gagnaient leur vie et s'impliquaient dans les luttes sociales et ont très tôt été investies dans les organisations qui les défendaient et ont peuplé les partis d'extrême gauche. Pour s'imposer les femmes ont du se faufiler dans les terrains oubliés par les hommes et les dossiers connotés femmes D'autres facteurs subjectifs semblent s'ajouter au handicap des femmes, quand elles sont trop apprêtées ou jolies elles sont sujettes aux railleries de leurs collègues ou ont bénéficié d'une promotion canapé, si elles sont peu apprêtée elles n essayent pas de séduire l'électorat. D'une façon générale les femmes en politique se masculinisent pour réussir. [...]
[...] Les empêcher de voter était donc une mesure de prudence politique. Et si Léon Blum, qu'on ne peut en aucun cas taxer de machisme, a paradoxalement nommé trois femmes ministres sans leur accorder pour autant le droit de vote, c'est par crainte de voir basculer la majorité de Front populaire et de s'aliéner le parti radical indispensable à sa coalition et très hostile aux votes féminins, avançant un argument imparable : vote de femme, vote de curé Inscrit au programme du parti socialiste et du parti communiste, le suffrage des femmes ne figurait pas dans les engagements communs de la gauche. [...]
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