La question de la représentation des communautés pose le problème de l'affirmation politique et publique des différences : elle entre en contradiction avec les principes traditionnels de représentation. Ces derniers sont en effet fondés sur l'universalisme des valeurs, en opposition à toute reconnaissance de particularisme. Cependant les contradictions initiales du processus de représentation nous permettent de revoir ces conceptions traditionnelles au regard de la préoccupation moderne d'identité et la représentation des communautés peut alors se formuler comme une nouvelle exigence démocratique...
[...] La perspective dialogique de l'identité. Dans ce nouveau contexte, Taylor fait valoir que la reconnaissance d'une personne dépend de la reconnaissance collective des groupes auxquels elle appartient : conférer des droits à une personne doit s'accompagner d'une reconnaissance de sa culture et de sa langue. Il soutient aussi que la capacité et la volonté de délibérer sur nos différences respectives font partie de l'idéal politique démocratique : la découverte de ma propre identité ne signifie pas que je l'élabore dans l'isolement, mais que je la négocie par le dialogue avec d'autres. [...]
[...] La restauration de la figuration du peuple commence au 19ème siècle. Le monde ouvrier revendique des députés issus de ses rangs. Les usages de la proportionnelle vont s'efforcer d'effacer les inégalités de représentation de certaines minorités. Au 20ème siècle, les partis (parti radical en 1901, SFIO en 1905), les syndicats, et les procédures consultatives mises en place au sein de l'Administration (conseil national économique), ont permis à la société de se reconnaître sur la scène du pouvoir. Face au déficit initial de figuration du peuple souverain, la mise en place de corps intermédiaires a permis l'expression de la société civile dans sa diversité (c'est ce que Rosanvallon appelle la démocratie d'équilibre). [...]
[...] D'autre part, une réflexion sur la pluralité des cultures s'ébauche avec Herder, dans le cadre du romantisme allemand, qui se veut une critique de l'ethnocentrisme et d'une conception de l'histoire fondée sur l'idée de progrès. Il importe pour lui de saisir l'essence singulière de chaque culture. Constant se fera aussi le défenseur de la valeur de la diversité culturelle. Mais la question de la représentation communautaire commence à se poser aux Etats-Unis dans les années 60. Dans un contexte de transformations sociales induites par l'immigration de populations non européennes, l'hégémonie du modèle WASP est bousculé. [...]
[...] Le processus représentatif est soumis à une double exigence contradictoire. Il souligne que dès 1789, s'opposent la diversité des conditions sociales, et l'unité du principe démocratique. Mais l'impératif d'égalité requis pour faire de chacun un sujet de droit et un citoyen à part entière, a impliqué de considérer les hommes de façon abstraite. Il n'y avait pas d'identités particulières admissibles, et pour préserver l'unité politique, les partis sont refusés. L'assimilation des hommes était la première condition de la grande réunion nationale. [...]
[...] Les implications de la liberté et de l'égalité des citoyens. Dans l'universalisme classique, la neutralité de la shère publique protège et garantit notre liberté et notre égalité de citoyens. Pour Taylor, cette liberté et cette égalité ne se rapportent qu'à nos caractéristiques communes, et nos besoins généraux (revenus, santé, éducation,) indépendamment de nos spécificités culturelles. Mais pour lui, deux changements importants impliquent de reconsidérer les particularismes dans les droits fondamentaux : l'effondrement des hierarchies sociales (l'identité n'est plus déterminée par la position sociale) et la nouvelle conception de l'identité individuelle (idéal d'authenticité initié par Rousseau et Herder, qui fait de chacun un être original) ; Taylor souligne la constitution d'une préoccupation moderne d'identité. [...]
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