En Amérique latine, les résultats des élections présidentielles depuis la fin des années 1990 nous laisse penser qu'un important changement est en train de s'opérer dans cette partie du monde.
En effet, on peut constater que les partis de gauche modérés s'imposent naturellement et de façon démocratique. Il ne s'agit pas d'une vieille gauche à tendance marxiste, modelée par Fidel Castro à Cuba : cette gauche est moderne, réformiste et déterminée à répondre aux exigences des populations, déçues par les gouvernements précédents aux tendances néolibérales.
Ce qui suscite l'interrogation sur les causes de ce virage général à gauche : est-il dû à un renouveau de la classe politique dans les partis de gauche ou est-il dû à une déception de la population après 20 ans de néolibéralisme ?
Ainsi, après avoir expliquer comment la contamination du virus socialiste s'est déroulée en Amérique latine, je me pencherais sur les causes de cette contagion et afin d'évaluer l'efficacité de ces nouveaux gouvernements, j'étudierai les différents politiques entreprises depuis dix ans
Evidemment, cette constatation reste très relative étant donné que je me place d'un point de vue européen et que les notions de gauche et de droite sont moins ancrées dans les esprits d'Amérique Latine que chez nous.
Ainsi une autre question qu'il faut se poser et qui concerne ce revirement : cette renaissance de la gauche est-elle une réalité ou une création des analystes occidentaux ?
Pour répondre à cette question, je me placerai d'un point de vue colombien, celui de l'actuel président, Alvaro Uribe dont le gouvernement est actuellement considéré comme l'un des seuls qui n'a pas été touché par le tsunami socialiste.
[...] Les réformes institutionnelles ont été menées à bien, confortées par une légitimité politique reconnue. Mais l'instabilité de la situation tient au fait que les anciennes classes dirigeantes possèdent encore l'essentiel des leviers économiques et financiers et croient qu'il est toujours naturel qu'elles dirigent le pays. Elles ne se sont pas résignées à la perte de leur pouvoir politique, mais l'assise de Chávez est telle qu'elles n'ont aucun espoir -pas de leader, pas de programme et grande division- de remporter la prochaine présidentielle en décembre. D'où leur penchant à sortir de la légalité. [...]
[...] Des politiques innovantes? L'expérience la plus décevante est celle du Brésil, malgré les programmes d'aide aux familles pauvres ou le relèvement du salaire minimum. Cela ne compense pas l'ajustement des dépenses publiques pour rembourser la dette ou les taux d'intérêt élevés pour combattre l'inflation -ou attirer les capitaux et rémunérer les riches, ni surtout les scandales à répétition pour corruption qui ont touché l'entourage de Lula, même si celui-ci conserve encore une certaine popularité. L'expérience a d'autant plus déçu qu'elle a été présentée comme un laboratoire de la gauche en recomposition sachant allier marxistes, chrétiens, syndicalistes et accueillir les Forums sociaux mondiaux à Porto Alegre. [...]
[...] Les deux pôles contraires de cette gauche continentale sont Cuba et le Chili. Héritier des guérillas nourries au siècle dernier par la guerre froide entre les États-Unis et l'URSS, le Cubain Fidel Castro est aujourd'hui l'unique chef d'État des Amériques à refuser le pluralisme politique et la démocratie représentative. Le Chili de Michelle Bachelet et de la Concertation démocratique relève pour sa part d'une social-démocratie de type européen, gestionnaire de l'économie de marché et liée par des accords de libre-échange tant aux États-Unis qu'à la Chine et à l'Union européenne. [...]
[...] Le ras-le-bol des politiques néolibérales La progression électorale de la gauche en Amérique latine est un signe que "les politiques néolibérales sont parvenues à la limite de l'acceptable pour les citoyens" affirme Eric Toussaint, président du Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM). Militant contre le type de globalisation imposé par les centres financiers et les organismes internationaux, Toussaint signale que l'Amérique latine vit une conjoncture qui peut changer l'avenir économique et politique de la région, une des plus touchée par les réformes liées au libre-échange entreprises à partir de la décennie 80 et qui ont provoqué le développement de la pauvreté et de l'inégalité dans la distribution des revenus. [...]
[...] Il s'agit là aussi d'un changement historique. Il faut préciser que cela ne lui a valu aucun type de sanction : le pays continue à recevoir l'aide de l'Union européenne et des États-Unis. Il en va de même de l'Argentine, qui a obtenu l'année dernière un prêt de 1,2 milliard de dollars auprès de la Banque Interaméricaine de Développement (BID). Que des pays ayant décidé de ne pas reconduire leur accord avec le FMI puissent continuer à recevoir de l'argent était inimaginable par le passé. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture