Si la Première Guerre mondiale a pu permettre un certain renouveau religieux, après l'armistice les croyants s'interrogent : comment Dieu a-t-il pu permettre de telles horreurs ? L'entre-deux-guerres va donc se situer dans la droite ligne du phénomène déjà observé à partir du XIXème siècle : les sociétés occidentales se sécularisent progressivement, voir même se laïcisent, qu'elles soient de majorité protestante ou catholique. Quand aux pays colonisés, les religions locales se trouvent bien incapables de faire pression sur le gouvernement de la métropole, d'autant plus qu'elles sont souvent occupées à lutter contre les missionnaires envoyés par ces mêmes métropoles. Après l'élection de Jean-Paul II en 1978, ce processus de sécularisation semble s'être généralisé, atteignant aussi les pays du Tiers-monde qui accèdent à l'indépendance. Mais le cantonnement apparent des religions à leur rôle spirituel n'est peut être pas aussi strict que l'on voudrait le croire : les religieux étant eux-mêmes des hommes, la tentation est grande pour eux d'utiliser ce magistère moral qui leur est conféré pour influencer le cours de la politique. On est dès lors en droit de s'interroger sur les interrelations entre les religions et la sphère politique, à la fois au sein des politiques intérieures et extérieures des Etats et des mouvements politiques qui traversent les sociétés. Après avoir étudié les moyens très divers d'influencer la politique des Etats et des nations que conservent les religions dans ce contexte de sécularisation, nous nous pencherons sur les phénomènes d'utilisation du phénomène religieux par certains régimes politiques sous couvert d'une identification entre ces deux domaines (en réutilisant une religion ou en en créant une nouvelle), pour enfin analyser la place des religions au sein des relations internationales, en tant que celles-ci sont un terrain d'action privilégié du politique.
[...] Les mouvements de décolonisation se fondent beaucoup sur l'Islam, le mot panislamisme fait alors son apparition. L'islamisme qui apparaît au cours des années 1970 participe de cette même logique, mais poussée à l'extrême, allant jusqu'à renier l'Idéal laïque issu des Lumières. Les religions peuvent être sources de tensions politiques internationales Les préférences de l'Église pour certains États peuvent d'autre part attiser certaines tensions politiques : le Vatican soutient certains États, en leur apportant l'appui de la communauté catholique du pays qui permet de légitimer le pouvoir en place ou de remporter plus facilement certaines élections, et en condamne d'autre, ce qui les met en porte à faux avec leur communauté catholique (toujours forte en Europe occidentale) ainsi entre les deux guerres l'Église multiplie les concordats en faveur des dictatures; avec l'Italie en 1929 (accords de Latran) et l'Autriche en 1933, avec l'Espagne en 1953. [...]
[...] Les milieux ecclésiastiques se divisent entre partisans d'une collaboration avec le régime (Églises rénovées et ceux de l'émigration. En 1923, le Patriarche publie une déclaration dans laquelle il dénonce les agissements des orthodoxes de l'émigration et affirme qu'il n'est plus l'ennemi du pouvoir soviétique Le gouvernement ralentit un peu les persécutions, soutient des mouvements comme la Ligue des Sans-Dieu (1925), puis assimile prêtres et koulaks des prêtres ruraux sont déportés en 1928-1934). Le métropolite Serge, qui succéda à Tikhone, reste dans cette ligne et parvient difficilement à préserver l'existence même de l'Église : l'influence religieuse sur la politique est anéantie, en URSS c'est la politique qui dirige d'une main de fer le religieux. [...]
[...] Sur le long terme, cette nouvelle religion est apparue comme ce qu'elle était : un simple instrument aux mains du pouvoir politique, et non une véritable religion. L'utilisation de la religion par un régime se solde souvent par des persécutions L'identification d'un État et d'un régime à une religion ancienne ou nouvelle donnée en vue de créer une unité implique l'imposition de cette religion à toute la population, et donc bien souvent la persécution des infidèles vus comme vecteurs de dissensions au sein de la communauté nationale et idéologique : la coïncidence entre nation et religion décuple le sentiment national et fait de l'appartenance confessionnelle le critère et le fondement de la société politique. [...]
[...] L'Église catholique a de plus pris fait et cause pour Franco dès le début de la guerre d'Espagne en 1936, espérant obtenir ainsi place privilégiée dans la société : cela n'a pu que faciliter l'utilisation qu'en a fait le Caudillo, la religion se plaçant d'elle-même en position d'être le ciment de son régime. Avec l'évolution du régime, le catholicisme a perdu son caractère de facteur d'identité nationale tout en restant facteur d'intégration à un régime politique autoritaire. Franco a même pu utiliser l'Église catholique comme moyen de légitimation en dehors d'Espagne : le concordat signé en 1953 avec le Vatican est ainsi un véritable ballon d'oxygène pour un régime largement déconsidéré sur la scène internationale, et qui retrouve par cet accord en semblant de respectabilité. [...]
[...] Les religions peuvent aussi jouer un rôle majeur dans la fédération d'une communauté non seulement nationale, mais aussi supranationale, dépassant les frontières étatiques : le Dalaï-lama est ainsi le chef religieux du Bouddhisme tibétain, mais sa personne est aussi l'un des derniers symboles qui soude la communauté tibétaine depuis l'invasion par la Chine et les mesures pour dissoudre cette communauté. Il a donc acquis le statut politique de représentant international du Tibet, dénonçant l'implantation chinoise croissante. L'Islam est pour sa part beaucoup utilisé comme contre-culture mondiale avec l'idée que le Coran contient implicitement les données permettant de combattre l'Occident à armes égales. [...]
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