Religion et politique extérieure, Arabie Saoudite, Iran, Moyen-Orient, conflit sunnites-chiites, divergence d'intérêts, conflit idéologique, Révolution islamique de 1979, rayonnement international, ayatollah Khomeini, Ligue islamique mondiale, conflits régionaux, Saddam Hussein, ambitions hégémoniques
Au regard de l'actuelle situation au Moyen-Orient, il est intéressant de se pencher sur deux acteurs majeurs de la région : l'Arabie Saoudite et l'Iran. Connus pour leur opposition historique, ces deux derniers sont enlisés dans la plupart des conflits qui se jouent dans le monde arabe. Alors que le monde est tourné vers cette région caractérisée par des guerres d'une violence paroxystique, des débats ont lieu sur le retour du fait religieux sur la scène politique internationale. L'Arabie Saoudite et l'Iran étant deux pays où gouverne la religion, il est intéressant de s'interroger ; à travers ces deux exemples ; sur l'importance du religieux dans la définition de la politique étrangère des États musulmans. Ainsi, nous allons nous demander tout au long de notre exposé : dans quelle mesure la religion est-elle un facteur décisif dans la définition de la politique extérieure de l'Arabie Saoudite et de l'Iran ?
[...] Plus qu'un affrontement religieux, c'est l'affrontement de deux modèles politiques qui se jouent entre l'Iran et l'Arabie Saoudite Une erreur que l'on fait assez souvent est d'indifférencier l'Islam et l'Islamisme. D'une part, l'Islam est une religion. D'autre part, l'islamisme est une idéologie politique. C'est l'appropriation du pouvoir politique par l'instrumentalisation de la religion. Ce sont alors deux choses très différentes, et il est donc important de le mentionner puisqu'en effet, ce sont avant tout deux modèles politiques qui s'opposent concernant l'Iran et l'Arabie Saoudite. Ce sont deux modèles politiques qui dictent la façon dont seront menées les relations internationales ainsi que la politique étrangère. [...]
[...] Selon lui, le conflit entre sunnites et chiites, et la politique extérieure qui en découle ont ainsi bien plus à voir avec des interventions politiques et la montée du nationalisme que la religion en elle-même. Effectivement, l'Arabie Saoudite et l'Iran ont des ambitions hégémoniques régionales qui s'opposent et s'affrontent. Par l'instrumentalisation de la religion, ces deux derniers légitiment leurs aspirations. Mais au-delà de la religion, nous observons que la montée du nationalisme a joué dans le conflit irano-saoudien, et qu'il représente un facteur décisif de l'instabilité au Moyen-Orient. [...]
[...] Lors de la guerre au Liban, l'Iran représentait un allié du Hezbollah, un allié chiite toujours présent, tandis que l'Arabie Saoudite l'a inscrit à sa liste des organisations terroristes tout en soutenant le parti opposé de Saad Hariri. Au Yémen, l'Arabie Saoudite conserve une influence importante depuis la révolte des houthis et les printemps arabes. Si l'on se penche plus en détail sur le conflit syrien, on observe que le conflit irano-saoudien s'y joue de manière très explicite. De plus, de conflit est l'occasion d'observer la politique étrangère en œuvre de ces deux pays. Ainsi, l'Iran est un des principaux alliés du gouvernement alaouite (chiite) de Bachar Al- Assad, partisan de « l'ordre », refusant le « chaos ». [...]
[...] Bien qu'il soit un facteur indéniable dans la conduite de la politique dans ces deux pays, nombre d'enjeux sous-jacents sont importants à mettre en relief afin de mieux saisir la situation de ces deux pays. D'autant plus qu'au-delà de la simple religion, ce sont deux modèles politiques qui s'affrontent par le biais de leur politique extérieure et l'occulter ne serait que comprendre partiellement tous les enjeux qui constituent la politique, mais aussi les relations de ces pays avec le reste du monde. [...]
[...] 9-13. - François Nicoullaud, « Iran 2028, une rêverie politique », Politique étrangère 2018/3 (Automne), p. 53-62. - Pierre Pahlavi, « Comprendre la résilience de la République islamique d'Iran », Politique étrangère 2018/3 (Automne), p. 63-74. - Emmanuel Todd, Après l'empire. Essai sur la décomposition du système américain, Gallimard pp.21-33 - P. Portier, et F. Ramel,. [...]
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