La place de la religion est un débat particulièrement brûlant dans nos sociétés : on a pu le constater en France avec le débat sur le port des signes religieux, notamment le voile islamique, en 2004. La question ici est bien de déterminer si l'on peut accepter l'expression d'une croyance religieuse – par l'intermédiaire de signes dits ostentatoires tels que le voile islamique ou la kippa juive donc – dans un espace public, en l'occurrence dans les écoles publiques.
Alors que l'on parle d'espace public, il convient d'abord d'établir une distinction entre sphère privée et sphère publique. Légalement, en France, il n'existe pas de définition de ce qu'est la sphère privée. Toutefois, la jurisprudence a établi qu'il s'agissait de domaines tels que le domicile, l'image, la voix, l'état de santé, la correspondance…
Par opposition, on dira donc que la sphère publique correspond à tout espace qui est ouvert à tous. Ici, nous nous intéresserons plus particulièrement à l'Etat et ses différentes institutions, que ce soit l'école, le droit, la justice ou les organes de pouvoir, à travers l'exemple du Liban.
Le système politique libanais est intéressant à étudier puisqu'il est caractérisé par le confessionnalisme politique : le pouvoir politique est partagé de façon proportionnelle entre les différentes communautés religieuses. Concrètement, cela signifie que les différents postes au gouvernement ou dans les administrations sont répartis en fonction de l'appartenance religieuse.
Clairement, dans le cas du Liban, la religion est au centre de la sphère publique. Sans pour autant être une théocratie, la religion est le pivot central de l'Etat libanais. L'instauration du confessionnalisme est le résultat de nombreux facteurs historiques et de la multitude de communautés religieuses.
[...] Avec ce basculement dans les rapports de forces démographiques, les musulmans ont légitimement demandé une part plus importante du pouvoir politique ce qui aboutira à la guerre civile et à la modification de la Constitution par l'accord de Taëf, nous y reviendrons. On remarque une autre aporie du système confessionnel. Une répartition communautaire des sièges à l'Assemblée nationale en fonction du poids démographique est difficilement réalisable du fait des changements démographiques. C'est une des critiques fortes adressées au confessionnalisme. Le statut personnel des citoyens libanais En plus d'une répartition des fonctions politiques et administratives en fonction de l'origine confessionnelle, le statut personnel des citoyens mariage, divorce, héritage relève des lois établies par les différentes communautés religieuses. [...]
[...] Est-ce que le Liban arrivera à sortir du confessionnalisme politique ? Personne ne le sait. Néanmoins, les nombreux travers de ce système politique ( inégalités entre les citoyens, possibles violences communautaires, risque de guerre civile ) suffisent à prouver une chose : la religion, ou toute appartenance communautaire qu'elle soit, ne devrait pas entrer dans la sphère publique mais plutôt rester dans la sphère privée. Bibliographie Amel, Mehdi, L'Etat confessionnel : Le cas libanais, Editions La Brèche Corm, Georges, Laïcité et confessionnalisme au Liban in Confluences, Automne 1992, nº4 Couland, Jacques, L'exception libanaise : confessionnalisme et laïcité in La Pensée, 2005/04-05, n°342. [...]
[...] Ce mandat imposait un certain nombre de conditions à l'établissement du futur régime libanais. La Déclaration du Mandat du 24 juillet 1922 stipulait que le respect du statut personnel des diverses populations et de leurs intérêts religieux sera entièrement garanti ( article 6 ) et que la puissance mandataire devra s'abstenir de porter aucune atteinte aux droits des communautés [ ] conserver leurs écoles, en vue de l'instruction et de l'éducation de leurs membres ( article 8 C'est ainsi que la France va organiser le régime confessionnel du Liban, en accord avec les recommandations de la Société des Nations. [...]
[...] Nous essaierons de présenter rapidement les raisons historiques qui ont conduit à l'adoption d'un tel système politique au Liban avant de s'attacher à la définition des implications concrètes du confessionnalisme pour les Libanais (II). Enfin, il semble très important de ne pas oublier de présenter les contestations d'un tel modèle et les alternatives présentées par certains groupes qui militent pour l'établissement de la laïcité au Liban (III). I Histoire des communautés religieuses et du confessionnalisme au Liban Le régime de la Mutassarifiya Pendant la période ottomane, l'Emirat du Mont-Liban bénéficiait d'une certaine autonomie de gestion par rapport au pouvoir central de Constantinople. [...]
[...] Or, comment est-il possible de déclarer que tous les citoyens sont égaux si l'accès aux fonctions publiques est réglementé par une certaine appartenance religieuse ? La répartition des plus hautes fonctions politiques est le fruit d'un pacte, appelé le Pacte National, qui date de 1943. Il s'agit d'un compromis passé entre le leader maronite Bechara El-Khoury et le leader sunnite Riad El-Solh. Ce compromis qui partage les postes politiques clefs entre différentes communautés est l'assurance du respect d'une promesse passée entre ces deux hommes. [...]
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