Le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam a développé une politique intense de planification familiale dès 1963 afin de limiter la croissance démographique. L'objectif général de la politique de population et de planification familiale est d'inciter les familles à être moins nombreuses et de permettre à chacun "d'être en bonne santé, bien nourri, bien vêtu et heureux". L'objectif quantitatif est que "chaque famille ait un ou deux enfants pour que dans l'ensemble de la société, chaque couple ait deux enfants en 2015, et ainsi la population serait stable au milieu du XXIe siècle" (Uy ban quôc gia dân sô va KHHGD, 1996) . Les efforts déployés en faveur du développement social (promotion de l'éducation des femmes, programmes de santé accessible à tous, etc.) ont favorisé l'évolution des comportements de fécondité. Le Vietnam étant une société qui valorise traditionnellement la fécondité, comment se réalise la planification familiale ? Dans la tradition populaire, la femme doit procréer tant qu'elle le peut, les familles n'ont pas à restreindre leur descendance à cause de la pauvreté, puisque les instances divines se chargent de nourrir tous les enfants. Comment le devoir des femmes de faire preuve de leur fertilité coïncide-t-il avec les slogans des programmes de planification familiale qui associent descendance nombreuse et pauvreté ? Nous nous intéresserons à la politique de régulation des naissances au Viêt Nam en essayant de la mettre en relation avec les valeurs du pays. L'examen des formes prises par la planification familiale dans cette région nous permettra de comprendre sa mise en œuvre et ses aléas.
[...] En 2001, une cinquantaine de programmes radiophoniques à destination des ethnies minoritaires et traitant de la limitation des naissances sont lancés par la Voix du Viêt Nam en collaboration avec le CNPPF. Ces programmes sont diffusés dans quinze langues (Hmong, Thai, Tây, Nung, Dao, Le principe est désormais d'adapter l'Information, l'Education et la Communication aux différentes ethnies qui composent la population vietnamienne. Deuxièmement, à un objectif quantitatif de réduction nationale de la croissance se substitue peu à peu un objectif qualitatif. [...]
[...] La planification familiale au sens strict n'est plus au cœur des préoccupations politiques. Cependant, un nouveau cri d'alarme a été lancé par le pouvoir politique en 2005. A l'issue d'une enquête effectuée par le service général des statistiques, dont les résultats ont été publiés le 8 février 2005 ; il a été révélé que le taux brut de natalité est passé de 17,5 par mille habitants en 2003 à 18,7 par mille habitants en 2004. L'indicateur conjoncturel de fécondité (nombre de naissances par femme en âge de procréer) est passé durant la même période de 2,12 à 2,23. [...]
[...] La croissance démographique diminue nettement pour atteindre entre 1999 et 2002 un taux de par an du fait d'une reprise de la baisse de la natalité qui se lit très nettement au rétrécissement de la pyramide aux âges les plus jeunes : le taux brut de natalité est évalué à 20,5 pour mille pour la période 1995-1999. L'indice conjoncturel de fécondité a été divisé par trois en trente ans, passant de 6 enfants par femme au début des années 1970 à 1,9 selon l'Enquête Démographie et Santé de 2002. Le Viêt Nam se situe désormais sous le niveau de remplacement des générations. L'orientation générale de la politique démographique a sensiblement changé. [...]
[...] Le décret 216-CP du Conseil des Ministres en date du 12 décembre 1961 souhaite orienter la fécondité des couples vietnamiens, d'abord celle des cadres et des ouvriers de l'Etat, des fonctionnaires et des soldats, puis peu à peu diriger la fécondité de l'ensemble de la population. Ce décret vise la santé des mères, l'éducation des enfants et le bonheur des familles. Le Ministère de la Santé a alors la responsabilité de fournir à bas prix les moyens contraceptifs. Dès 1963, le gouvernement de la République Démocratique du Viêt Nam fixe pour la première fois une norme de restriction de la taille des familles, ainsi qu'une norme d'espacement des naissances. [...]
[...] Traditionnellement, la famille joue un grand rôle dans la société et dans la vie des individus au Viêt Nam. C'est la famille, et non l'individu, qui est la cellule de base de la société. Elle intervient dans tous les aspects de la vie quotidienne de l'individu, y compris les pratiques matrimoniales. La société vietnamienne traditionnelle encourage une forte fécondité comme l'indiquent de nombreux proverbes populaires, tels que tant qu'il y aura des éléphants, l'herbe poussera ou les enfants représentent la plus sûre source de richesse La naissance des enfants est une des sept grandes solennités dans la famille, le bonheur d'un ménage se mesurant au nombre d'enfants. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture