L'idée régionale est ancienne en Espagne, mais a presque toujours été combattue par les régimes en place. Le processus d'unification nationale a vu le jour pour la première fois sous le règne de Ferdinand V d'Aragon et Isabelle de Castille, qui amorceront la centralisation du pouvoir, et notamment lors de l'achèvement de la Reconquista en 1492 avec la prise de Grenade par les “Rois catholiques” puis avec l'annexion de la Navarre en 1515.
L'unification tardive du territoire espagnol, auparavant constitué de divers royaumes progressivement libérés de la domination des Maures, explique l'importance du courant régionaliste tout au long de son histoire. L'éphémère Constitution de la Première République en 1873 avait amplifié le mouvement antiunitaire en instaurant un état fédéral. Les idées fédéralistes persistèrent sous la restauration des Bourbons, notamment en Catalogne, et la fin du XIXe vit se renforcer les mouvements régionalistes.
On peut donc se demander si la mise en place d'un Etat régional au mécanisme fortement décentralisé, semblant renforcer les revendications régionalistes, voire séparatistes, ne met pas en péril l'unité nationale du territoire espagnol. On montrera que bien qu'il subsiste en Espagne des problèmes régionaux et des revendications “nationalistes”, l'Espagne a cherché à trouver la meilleure configuration territoriale possible pour tenter de concilier la vision d'un Etat unitaire et unifié avec les diverses représentations régionales.
[...] Ainsi, quel autre régime que celui des Communautés autonomes aurait-il pu être accordé dans le cadre de l'instauration d'une démocratie en 1978 ? diversité elle-même cultivée par le régionalisme Depuis 1975, la volonté d'affirmer les identités régionales et de revaloriser les cultures locales s'est développée, notamment en Catalogne et au Pays basque. Les autorités régionales encouragent les particularismes culturels et la pratique de la langue régionale, les langues minoritaires faisant l'objet de “politiques d'encouragement”. L'Espagne possède d'ailleurs plusieurs langues co-officielles du castillan (catalan, basque, galicien, et valencien) qui suivent un processus de “normalisation”. [...]
[...] De plus, il est rare que les fonctionnaires de l'Etat pratiquent le bilinguisme. Aussi, le nombre croissant d'émigrés (en provenance des régions castillanes ou des pays européens) dans les régions périphériques très dynamiques entraîne des protestations contre les mouvements indépendantistes et l'usage des langues régionales, notamment dans les écoles où l'enseignement est obligatoire De plus, excepté en Catalogne où le bilinguisme est réel, le Castillan s'est imposé partout comme la langue officielle, d'autant plus que l'Union européenne ne reconnaît que le castillan. [...]
[...] De plus, la tension avec Madrid est constante et le fait d'exacerber les différences culturelles peut présenter un danger, mais l'autodétermination n'est pas revendiquée par les régions (seulement par l'ETA). II- Les autonomies régionales espagnoles : un système souple et original, pour préserver l'unité nationale du pays Si la notion d' “Etat-nation” espagnol n'existe pas, celle de “patrie espagnole existe : après la dictature de Franco, il y a eu un réel souci des acteurs de la transition de conserver l'unité de la nation tout en respectant les différences et l'autonomie des régions : cela a conduit à l'élaboration d'un régime politique original. [...]
[...] Ce compromis entre régionalisme et fédéralisme a été conçu pour empêcher les processus indépendantistes et préserver l'unité nationale. On peut souligner le paradoxe de l'article 2 de la Constitution qui proclame “l'unité indissoluble de la nation espagnole”, “patrie commune et indivisible”, tout en reconnaissant “l'autonomie des nationalités”. Les organes des Communautés autonomes, bien que portant des noms différents, sont tous identiques : chaque Communauté autonome élit au suffrage universel et au scrutin proportionnel (pour garantir la représentation de l'ensemble du territoire) une Assemblée législative à chambre unique, qui choisit à son tour un président parmi ses membres, responsable devant elle. [...]
[...] On peut donc se demander si la mise en place d'un Etat régional au mécanisme fortement décentralisé, semblant renforcer les revendications régionalistes, voire séparatistes, ne met pas en péril l'unité nationale du territoire espagnol ? On montrera que bien qu'il subsiste en Espagne des problèmes régionaux et des revendications “nationalistes”, l'Espagne a cherché à trouver la meilleure configuration territoriale possible pour tenter de concilier la vision d'un Etat unitaire et unifié avec les diverses représentations régionales. L'Espagne : une unité nationale fragile un régionalisme et une diversité ancrés dans l'histoire La tradition d'autonomie régionale est ancienne en Espagne, à commencer par les fueros (XIe-XIIIe), chartes qui garantissaient des privilèges coutumiers aux régions et reconnaissaient leurs spécificités culturelles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture