Si la démocratie a connu une expansion considérable, la majorité de la population du monde a été soumise au XXe siècle à des régimes dont les gouvernements ne sont pas issus du suffrage universel. Qu'ils prennent la forme de monarchies et de républiques, ces autoritarismes sont soit des héritages des siècles précédents, soit des phénomènes nouveaux, comme le sont les totalitarismes fasciste ou communiste ainsi que les régimes issus de la décolonisation.
En 1914 encore, la souveraineté peut relever de l'ordre divin, comme dans la Russie des tsars, l'Empire ottoman du sultan commandeur des croyants, le Tibet du Dalaï-Lama ; elle peut aussi se fonder sur une Constitution, comme dans le 2e Reich allemand ou l'Empire japonais. La monarchie autoritaire prolonge son existence parfois jusqu'à nos jours, comme en Thaïlande ou au Népal, même si elle est exposée à des pressions de démocratisation.
[...] Les Empires centraux disparaissent. Des formes modernes de régimes autoritaires, dont certains prétendent étendre leur emprise sur tous les aspects de la vie de la population qui leur est soumise, se développent. Dès les années 1920 est ainsi conceptualisée la notion de totalitarisme revendiquée en premier lieu par le fascisme italien. Les totalitarismes sont sous-tendus par une volonté de transformation du réel, la création d'un monde nouveau et d'un homme nouveau suivant des modalités variées, le fasciste en Italie, le surhomme aryen en Allemagne, homme communiste ou le héros positif en URSS. [...]
[...] Il existe des variantes de cette évolution, comme au Vietnam communiste depuis 1954. L'introduction du pluripartisme dans les années 1990 a cependant permis dans certains pays des phénomènes d'alternance. L'effondrement du bloc soviétique depuis les années 1990, provoqué une vague de création de républiques autoritaires dans les républiques issues de l'éclatement de l'URSS. La création des nouveaux États s'apparente un peu à une décolonisation, mais d'anciens membres de la nomenklatura ont souvent su se reconvertir dans le nationalisme local et créer des régimes présidentiels autoritaires. [...]
[...] S'y noue un compromis autoritaire entre les anciennes couches dirigeantes de l'Empire et les nouvelles élites nationalistes du Parti Guo Mindang, structuré au départ avec l'aide des communistes. Les populismes d'Amérique du Sud établissent une alliance inédite entre les dirigeants et les couches populaires, urbaines surtout, par le biais d'un syndicalisme qui sert de courroie de transmission au pouvoir, comme en Argentine justicialisme péroniste en 1945-1955 et 1973-1976). Le Brésil gétulisme et le Mexique cardénisme connaissent aussi des régimes de ce genre. Ces républiques populistes renouvellent en profondeur les vieilles logiques clientélistes, mais rentrent en crise à leur tour. [...]
[...] Le totalitarisme stalinien se prolonge après la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 dans le culte de Staline jusqu'à la mort de ce dernier en 1953. Le totalitarisme se sclérose ensuite en un totalitarisme mou (toujours redoutable pour les dissidents quand l'élite dirigeante se stabilise et amorce sa reproduction sociale en nomenklatura. Le régime s'avère incapable de procéder aux réformes jugées dès les années 1960 indispensables mais qui toucheraient à la nature même du pouvoir du parti communiste. Il s'effondre en URSS à la charnière des années 1980-1990, entraînant dans sa chute ses satellites européens. [...]
[...] C'est dans ce compromis autoritaire (P. Milza) que réside l'originalité des fascismes. Cette alliance s'exprime en particulier par la mise à disposition du pouvoir des moyens de communication de masse par les groupes privés qui les possèdent. Les fascismes s'appuient sur le culte du chef, une idéologie nationaliste et des ambitions d'expansion territoriale. L'appui de la plus grande partie de la population au régime est lié au développement de politiques sociales favorables au peuple national, au besoin par la spoliation et l'asservissement d'autres États ou de minorités vivant dans le pays, mais considéré comme non national. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture