Le modèle du « néo-patrimonialisme » permet de caractériser la prééminence du pouvoir politique sur des sociétés dépourvues d'autonomie propre, sociétés dans lesquelles les détenteurs de l'autorité pourraient s'arroger tous les pouvoirs d'allocation des biens matériels, des positions statutaires et des représentations symboliques, et cela sans formalisme décisionnel excessif. Pour consolider les allégeances et stimuler le loyalisme de ses soutiens, le pouvoir alloue aux groupes sociaux des ressources (promotions, biens matériels et privilèges) les détournant du désir d'expression politique.
Un tel concept rend particulièrement bien compte des situations autoritaires arabo-musulmanes, dans lesquelles le pouvoir est entre les mains d'une oligarchie définie par des liens familiaux, géographiques ou religieux. Ainsi, le régime politique du royaume de l'Arabie Saoudite, de par ses caractéristiques, se place sans conteste au sein des régimes autoritaires dont le gouvernement est de type néo-patrimonial.
Institutionnellement définie comme une monarchie et qualifié parfois de régime de tribalisme dynastique, le régime actuel se fonde d'une part sur une alliance entre la dynastie des Al Saoud et le wahhabisme, une forme puritaine et rigoriste de l'islam, et d'autre part sur la protection des États-Unis en échange de l'approvisionnement en pétrole.
Toutefois, l'image figée que peut porter l'Occident sur l'Arabie Saoudite est bien loin de la réalité car face à ces défis, le Royaume est aujourd'hui en pleine mutation. La question qui se pose est alors de savoir quel sera l'avenir de ce régime et s'il peut encore survivre.
[...] Cette évolution démographique mettait en cause le modèle économique du pays. Conçu en effet pour une population réduite, le modèle social de redistribution de la rente pétrolière ne peut plus faire face aux besoins de l'ensemble de la population, dont a moins de 25 ans. Selon les chiffres officieux, le chômage des jeunes pourrait atteindre jusqu'à sur les 200.000 personnes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. S'ajoute à ces difficultés l'inefficacité globale du système de formation, peu axé sur les débouchés professionnels et dont le tiers des contenus, y compris dans l'enseignement professionnel, est consacré aux questions religieuses. [...]
[...] Celle-ci a réussi à frapper ces dernières années les Etats-Unis, la Jordanie, l'Egypte, mais aussi l'Algérie, le Maroc et l'Arabie Saoudite tout en attirant dans ses rangs en Irak de larges contingents issus de la jeunesse du royaume. Et, d'autre part, la présence constante de contestations contenues du pouvoir dans maintes provinces saoudiennes, dont celles de l'Est et du Sud. Celles-ci maintiennent intact le risque potentiel d'un soulèvement populaire qui pourrait avoir pour corollaire la perte par la famille royale de ses modalités d'exercice du pouvoir, et donc l'engagement vers un démembrement territorial potentiel. [...]
[...] Dans une formation sociale tribalisée et une communauté nationale faiblement intégrée comme l'Arabie saoudite, la mainmise du clan paternel sur le pouvoir, gage de la cohésion et de la stabilité du groupe dirigeant, se combine donc avec le principe de l'échange des femmes qui suspend la règle traditionnelle de l'endogamie pour faire des stratégies matrimoniales un instrument de gouvernement. S'agissant concrètement des institutions, la première institution du Royaume mise en place est le Conseil Des ministres qui détient à la fois le pouvoir exécutif et législatif. Il se compose généralement d'une vingtaine de ministres (31 a l'heure actuelle), le roi occupant le siège de premier ministre. Ce conseil se réunit tous les lundis au palais et ses membres sont nommés et révoqués par le roi qui le préside. [...]
[...] Autant dire que l'Arabie Saoudite n'a pas fini de faire parler de ses chantiers, qui sont loin de se réduire aux ambitieuses cités économiques dont elle a engagé la construction. La marche vers la démocratie doit donc être relativisée, la famille princière ayant seule la capacité d'identifier les élites et la redistribution des richesses ne s'effectuant pas de façon équitable. Bibliographie . Arabie Saoudite par Richard Ravel. Éditions Ubifrance (Paris, 2009) . Arabie Saoudite : Les piliers du régime et perspectives de changement par Daniel Gaxie. Editeur : Montchrestien (Paris, 2003) Bouchaid Ettaki, sans éditeur (1998) . [...]
[...] *L'éducation et les services de santé sont gratuits. b. L'armée Elle est considérée comme le symbole traditionnel de l'opposition laïque, responsable de la chute de monarchies dans la région avec la Turquie en 1923 ou encore en Irak en 1928. Dans le royaume,des officiers de l'armée de l'air feront deux tentatives afin d'imposer une vision dite républicaine en 1969 et 1977. Les autorités se feront fermes et réagiront rapidement afin de faire taire ces idéaux. Cette armée n'est pourtant pas négligeable et fait même partie des plus équipées au monde. [...]
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