Il s'agit d'envisager la manière dont une philosophie de l'eau peut émerger en questionnant la relation entre l'eau comme moyen de subsistance et l'eau comme élément imaginaire alimentant la mythologie et la culture humaine. En mettant en relation la théorie de l'auto-organisation et la théorie de l'institution, nous montrerons comment la politique de l'eau permet de penser en profondeur la nature des institutions politiques. Le régime démocratique en tant que régime indéterminé quant à la destination de la société humaine, est paradoxalement le seul à pouvoir prendre en charge cette question en évitant le développement de conflits et d'appropriations privées de cette ressource.
« La création se nourrit du désordre, du chaos. L'aléatoire fait partie intégrante de l'organisation. Le désordre est au cœur de ce qui définit l'ordre ». Ces propos de Jean-Pierre Dupuy permettent de comprendre l'enracinement du paradigme de l'auto-organisation postulant fondamentalement que les êtres sont porteurs d'une forme de créativité influençant le sens du développement des sociétés. La question de l'eau, en tant que question fondamentale pour l'espèce humaine, contraint les sociétés à instituer de nouvelles formes d'organisation pour gérer son abondance ou sa pénurie. Dans le même temps, l'eau nourrit les rêves et demeure souvent un élément moteur de l'évolution des cultures.
[...] Les institutions sont en perpétuel mouvement et elles sont souvent déficientes. Tocqueville compare les avantages et inconvénients des institutions démocratiques et aristocratiques. L'aristocratie est infiniment plus habile dans la science du législateur que ne saurait l'être la démocratie. Maîtresse d'elle-même, elle n'est point sujette à des entraînements passagers ; elle a de longs desseins qu'elle sait mûrir jusqu'à ce que l'occasion favorable se présente. L'aristocratie procède savamment ; elle connaît l'art de faire converger en même temps, vers un même point, la force collective de toutes ses lois. [...]
[...] Les Carrefours du Labyrinthe VI, Paris, Seuil, p Cornélius CASTORIADIS L'institution imaginaire de la société, Paris, éditions du Seuil, p Cornélius CASTORIADIS La culture dans une société démocratique Les Carrefours du Labyrinthe III, Paris, Seuil, p Jean-Paul SARTRE Critique de la raison dialectique, Paris, Gallimard, 921p. Cornélius CASTORIADIS La société bureaucratique II, Paris, éditions Christian Bourgeois. Claude LEFORT Qu'est-ce que la bureaucratie ? paru dans la revue Arguments, nº dans Éléments d'une critique de la bureaucratie, éditions Gallimard, coll. TEL, Paris p.297. Eugène ENRIQUEZ De la horde à l'État, essai de psychanalyse du lien social, Paris, Gallimard, p Jean-Pierre DUPUY Pour un catastrophisme éclairé : quand l'impossible est certain, Paris, Seuil. [...]
[...] La démocratie est un régime contingent dont les origines remontent à la société athénienne du Ve siècle av J. C. La démocratie a posé des germes dans l'histoire des sociétés au sens où sa signification possède une certaine valeur en ce sens qu'elle maintient le principe de remise en question des normes existantes. C'est grâce à cette possibilité que les sociétés humaines peuvent prolonger le principe d'un vivre ensemble. On retrouve la même analyse que Tocqueville sur la manière dont le fait démocratique s'exprime. [...]
[...] L'eau devient à la fois promesse de fertilité, mais surtout un défi lancé à l'homme et aux sociétés qui s'y installèrent. La terre inhospitalière de l'Ouest marque la difficulté à fonder une société durable à certains endroits du territoire. La description minutieuse de la vallée du Mississippi témoigne de cette observation et de la manière dont la nature est le réceptacle et l'horizon du développement social des Américains. Le Mississippi se trouve dans la phrase suivante assimilé à une puissance divine. [...]
[...] La politique de l'eau peut-elle être au cœur des décisions démocratiques ? L'eau est en réalité associée métaphoriquement à la régénération des institutions démocratiques qu'il s'agit d'analyser après avoir défini l'eau comme élément conditionnant le développement social. En dernier lieu, la politique de l'eau fait surgir l'hypothèse de la diminution de cette ressource et pose le problème de la gestion de la rareté et de la sélection de la forme politique la plus appropriée pour faire face à cette situation nouvelle. [...]
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