« La Turquie est un pays proche de l'Europe, un pays important, qui a une véritable élite, mais ce n'est pas un pays européen » Cette phrase prononcée par Valéry Giscard d'Estaing symbolise à elle seule le paradoxe de la position politique turque quand à l'éventualité d'une adhésion à l'Union Européenne. En effet, depuis 1959, la Turquie n'a de cesse de frapper à la porte de l'Europe mais les réponses sont généralement de ce genre : « oui, mais... ». Quel est donc ce « oui » et quel est donc ce « mais » qui rythment depuis près d'un demi-siècle les négociations entre les deux antagonistes ? D'un point de vue historique, les observateurs remontent aux années de la révolution kémaliste, pour caractériser l'orientation véritable de la Turquie moderne pour l'Occident et l'Europe en particulier. Les relations entre la Turquie et l'Europe se sont construites principalement après la seconde guerre mondiale, suite à l'adhésion de cette première à l'Alliance Atlantique en 1952. La Turquie signe en 1963, lors des accords d'Ankara, un accord d'association avec la CEE, avec comme perspective une éventuelle adhésion. En 1987, le 14 avril, après que la Communauté économique européenne s'est élargie à six nouveaux membres, la Turquie déposa officiellement sa candidature. Pour des raisons conjoncturelles, et un non respect des droits de l'homme et des minorités, la CEE rend un avis négatif le 18 décembre 1989. Après un renforcement des liens économiques caractérisé par la signature d'une union douanière en 1995, les leaders de l'UE tombent d'accord pour débuter les discutions pour une éventuelle adhésion de la Turquie à partir du 3 octobre 2005.
[...] Pour finir notre argumentation, attachons- nous à mettre en valeur le problème de l'identité européenne. Cette dernière n'est-elle pas finalement la vraie problématique des rapports entre la Turquie et l'UE ? Le problème de l'identité européenne en toile de fond Finalement, qu'est-ce que nous apprend le dossier turc ? Premièrement que la volonté et le désir d'intégrer l'UE, symbolisés par des réformes politiques et des progrès démocratiques, ne sont pas des facteurs suffisants pour satisfaire les exigences européennes. Deuxièmement, derrière ce débat engagé, se cache une crise de l'identité européenne. [...]
[...] Il suffit pour cela de voir le débat sur la colonisation, la guerre d'Algérie . Par conséquent, beaucoup pensent à travers cette analyse que la Turquie n'est pas différente des autres démocraties européennes, elle a tout simplement peut-être besoin de plus de temps pour regarder son histoire objectivement. Une opinion publique européenne réticente Nous avons vu que la non reconnaissance du génocide arménien était un facteur qui expliquait en partie la difficile ascension de la Turquie vers l'élite européenne. Malgré les réformes, cette dernière n'apparaît pas légitime auprès de l'opinion publique européenne. [...]
[...] La nécessité pour la Turquie d'intégrer les quatre-vingt mille pages de l'acquis communautaire dans sa législation nationale et de conclure positivement les trente-cinq chapitres de la négociation est une tâche de grande ampleur, qui demandera des efforts et des sacrifices. La principale difficulté consistera pour la Turquie à tenir ses engagements et le rythme des pourparlers jusqu'à l'éventuel verdict, sans que l'enthousiasme perceptible au sein de toutes les catégories sociales retombe. Malheureusement pour elle, la Turquie se heurte à une opposition de l'opinion européenne. Selon A.Fontaine la Turquie souffre d'un déficit d'images qui se traduit par un déficit d'affection. On notera cependant que le développement récent du tourisme en Turquie semble avoir une influence positive sur l'opinion. [...]
[...] Les réformes institutionnelles de la Turquie comme réponse au désir d'intégration à l'Union Européenne Des révisions constitutionnelles . Nous avons vu précédemment dans notre introduction que le désir de la Turquie de s'inscrire durablement dans le sillage européen moderne et démocratique, a été explicité par Kemal au lendemain de la première guerre mondiale. Dès lors, s'en suit une vague réformatrice ayant pour objectif à terme l'adhésion à l'UE. L'ouverture des pourparlers, le 3 octobre 2005 constitue la reconnaissance des efforts poursuivis sans relâche par la Turquie, notamment au cours de ces dernières années. [...]
[...] Elle est également confondue avec les anciens pays musulmans colonisés. Les politiques européens et nationaux qui refusent l'entrée de la Turquie dans l'UE basent leur argumentation sur différents critères. Par exemple, pour François Bayrou et Philippe de Villiers, la Turquie n'est pas européenne, ni par la géographie, ni par l'histoire D'autres, comme Valéry Giscard d'Estaing ou Willy Claes, soulignent l'incompatibilité de la Turquie avec la culture européenne. La peur d'une invasion islamique, alimentée par des partis d'extrême droite, fragilise aussi une partie de la population européenne. [...]
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