A l'heure où une meilleure gestion de l'Etat est prônée de toutes parts, la « nécessité de réformer » est brandie en France comme un étendard de bataille ou un épouvantail, selon que l'on se trouve du côté des gagnants ou des perdants d'une réforme. Ainsi, pour certains, réformer, c'est améliorer, tandis que pour d'autres c'est faire régresser.
Cette ambiguïté du terme n'est pas nouvelle. La « Réforme » de Luther le montre, elle qui fut tantôt adoptée, tantôt rejetée voire persécutée. De même, être « réformé » dans le cadre de l'ancien service militaire constituait selon les personnes un drame ou une bénédiction. Fondamentalement, « réformer » consiste à changer la forme globale des choses, l'agencement des éléments dans des domaines fondamentaux de la société, que sont par exemple comme on vient de le voir les cadres de l'Etat ou la religion. Réformer consiste dès lors à modifier par un acte de gouvernement ce qu'on estime être un dysfonctionnement, une « déformation ».
Cependant, la vision qu'on a de la réforme peut être biaisée, et ceci ne saurait épargner nos gouvernants, quand ce ne sont pas les idéologies qui leur donnent une image déconnectée de la réalité. Aussi convient-il de s'intéresser au sens de l'action de réformer pour déterminer si, véritablement, « gouverner c'est réformer ».
[...] Le succès de ce train de mesures s'explique également toutefois par le fort investissement personnel de l'ancien maire de Marseille. Réformer, c'est en effet surtout s'engager. La décision de réformer ne se prend pas à la légère et requiert des gouvernants comme des agents concernés un investissement, pour permettre la transition la plus indolore possible. Il ne s'agit pas pour les concepteurs de la réforme et les sommets de l'Etat d'une tâche aisée, car il ne s'agit parfois ni plus ni moins que de chambouler un pan de la société. [...]
[...] La capacité à réformer est ainsi un signe de bonne gouvernance, notamment pour les institutions internationales. On peut penser au cas du FMI, dont le soutien financier aux Etats africains va de pair avec la volonté de ces derniers de réformer les structures de leurs économies. Réformer dans le bon sens, c'est ainsi envoyer un signal positif aux instances internationales ou supranationales (pensons ainsi aux divers engagements de réformes de la France à l'égard de l'UE) comme à d'éventuels investisseurs. [...]
[...] Cela pose la question de savoir si l'on peut vraiment réformer, et comment le faire. L'immobilisme supposé de l'administration ne doit pas, en réalité, faire douter des capacités d'un Etat comme la France à se réformer. Cela s'explique notamment par le fait que les impérieuses nécessités de l'économie mondialisée dictent aux Etats leurs réformes. Il est ainsi caractéristique de voir que le rapport Attali sur la libération de la croissance lie entre elles des propositions de réformes qui peuvent sembler hétéroclites telles qu'une plus grande compétitivité à l'exportation, l'autonomie des universités ou encore la fin de rentes et privilèges inacceptables selon l'expression de la commission. [...]
[...] Ces arguments gestionnaires dans l'exemple de la SNCF ne sauraient cacher la mauvaise presse qu'a toujours eue toutefois l'action de réformer. Dans le cas de la France par exemple, la mise en avant des principes égalitaires a amené à la volonté de remise en cause de situations de privilèges ou de monopoles divers, souvent héritages de l'histoire. Mais nombre de personnes pouvaient dès lors légitimement se sentir visées. Mais au-delà même de ces cas particuliers, l'action même de réformer peut paraître suspecte. Nous l'avons dit, il s'agit d'un acte de gouvernement. [...]
[...] Cette ambiguïté du terme n'est pas nouvelle. La Réforme de Luther le montre, elle qui fut tantôt adoptée, tantôt rejetée, voire persécutée. De même, être réformé dans le cadre de l'ancien service militaire constituait selon les personnes un drame ou une bénédiction. Fondamentalement, réformer consiste à changer la forme globale des choses, l'agencement des éléments dans des domaines fondamentaux de la société, que sont par exemple comme on vient de le voir les cadres de l'Etat ou la religion. Réformer consiste dès lors à modifier par un acte de gouvernement ce qu'on estime être un dysfonctionnement, une déformation Cependant, la vision qu'on a de la réforme peut être biaisée, et ceci ne saurait épargner nos gouvernants, quand ce ne sont pas les idéologies qui leur donnent une image déconnectée de la réalité. [...]
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