Réflexions sur le pouvoir et la personnalité de Ramzan Kadyrov

Résumé du document

Parler de la Tchétchénie aujourd'hui ne serait être possible sans évoquer l'homme fort de cet Etat : Ramzan Kadyrov, le président omnipotent tchétchène. Présenté comme étant tour à tour un tyran ou un sauveur, Kadyrov est l'incontournable personnage de ce petit Etat du Caucase russe.

Sa personnalité complexe et son exercice du pouvoir sont largement commentés par les observateurs tchétchènes et internationaux : on voit en Kadyrov un homme qui tient d'une main de fer son pays exerçant un pouvoir sanglant entretenant un climat de peur constant, pourtant ce même homme bénéficie dans son propre pays d'une certaine popularité. De ces deux facettes nous pouvons légitimement nous interroger sur la problématique Kadyrov et essayer de répondre à cette question : Ramzan Kadyrov est-il un monstre ou un sauveur ?

Extraits

[...] Il est difficile de connaître la provenance exacte des fonds, Ramzan Kadyrov lui-même fait état de dons envoyés par les hommes d'affaires de Moscou. Pourtant, les enquêtes de terrain montrent que les réseaux d'intérêts moscovites et kadyroviens coïncident peu. Il faut donc plutôt croire à la version de commentateurs russes, observateurs depuis longtemps des événements de Tchétchénie, qui font valoir une origine essentiellement criminelle : corruption et détournements des subventions fédérales, racket auprès de la population, enlèvements et rançons. Les revenus de Ramzan Kadyrov lui permettent d'assurer une part substantielle des travaux de reconstruction en Tchétchénie et, surtout, d'organiser une solidarité de large ampleur au sein de la république. [...]

[...] La Russie envisage les relations avec la Tchétchénie que sous l'angle de la soumission. Après cette installation et son adoubement par Poutine, Kadyrov met en oeuvre dès 2007 toute une politique de reconstruction et de redressement du pays, politique entachée de gloires, mais aussi d'échecs et c'est à travers l'exercice du pouvoir que les deux facettes du président vont se révéler. II. Un leader voué au bien-être de son peuple : la construction d'une république idéale sous couvert de tendances mégalomanes La population réclame un homme fort capable de redresser le pays, cet homme c'est Ramzan Kadyrov. [...]

[...] Mais se débarrasser de Kadyrov ne sera pas aussi simple que prévu étant donné la force qu'il a acquise de ces cinq années d'exercice du pouvoir, du soutien et de son positionnement en tant qu'homme de la situation, les ressources financières apparemment illimitées qu'il a en sa possession et l'armée privée à sa disposition. [...]

[...] Un pouvoir teinté de violence. Influence du Clan Kadyrov. Ce même clan se retrouve aujourd'hui, Kadyrov a su s'entourer de fidèles dans l'exercice de son pouvoir, aussi bien au niveau armée que politique. Ainsi avant même de devenir président, Ramzan Kadyrov faisait place nette, son ombre planant sur plusieurs assassinats. A la tête des milices prorusses, les kadyrovtsy, anciens membres des forces de sécurité de Kadyrov lorsque ce dernier était un chef rebelle et soutenu par la Russie, il mène des exactions (enlèvements, tortures) au sein des séparatistes tchétchènes, des opposants politiques, et de la population tchétchène. [...]

[...] Kadyrov serait personnellement impliqué dans des actes de torture. La suppression de l'opposition : enlèvements, tortures, assassinats. Les opposants comme les simples suspects sont enlevés, torturés et/ou tués. De nombreuses victimes ont été recensées par l'ONG russe Memorial, qui recense 2027 enlèvements en 2009. Parmi les dernières victimes supposées du président, l'ancien chef militaire tchétchène et rival du président tchétchène pro-russe Ramzan Kadyrov Soulim Iamadaïev, tué fin mars 2009 à Dubaï dont Adam Delimkhanov est le principal suspect. Mais il faut compter aussi les militants de défense des droits de l'Homme : Zarema Sadoulaeva assassinée en compagnie de son mari, dirigeante d'une ONG russe Sauvons la génération qui se consacre notamment à aider les jeunes vivant en Tchétchénie à s'insérer dans la société pour éviter qu'ils ne se tournent vers des groupes armés dans cette république en proie à une rébellion. [...]