« Ce qui advient avec la démocratie, c'est l'image de la société comme telle, société purement humaine, mais simultanément société sui generis, dont la nature propre requiert une connaissance objective. » Cette phrase de Claude Lefort fait apparaître la démocratie comme la construction d'une image de plus en plus juste de la société. Cette image en transformation s'oppose radicalement à la représentation figée des régimes totalitaires qui tentent de construire artificiellement un corps unique ; la démocratie se pose comme un processus qui se définit constamment en opposition au totalitarisme. Or, à l'heure où une bonne partie des régimes totalitaires a disparu et où d'autres reliquats de régimes hybrides sans aucune légitimité bafouent totalement les droits de l'homme, il semble paradoxalement que la démocratie ait du mal à se réinventer et surtout à redéfinir son projet.
Dans ce contexte, la pensée de Cornelius Castoriadis nous semble précieuse dans la mesure où elle interroge en profondeur le sens de la politique en relation à la constitution d'imaginaires sociaux. L'imaginaire d'une société démocratique ne peut pas se fixer une fois pour toutes puisqu'il invaliderait tout progrès, il doit être renouvelé et remodelé au sein de l'histoire. Très tôt engagé dans une action militante, puisqu'il a fui les anathèmes du totalitarisme, Castoriadis a entamé cette réflexion dès la fondation de la revue Socialisme ou Barbarie. Il n'a jamais voulu participer à l'élaboration d'une utopie ou d'un idéal social quelconque, mais a affirmé la nécessité d'une société qui s'auto-institue et qui soit consciente du sens qu'elle donne à ses institutions, garantes de sa stabilité. Cette auto-institution permanente de la société démocratique doit se faire sans qu'il y ait une hétéronomie entre la société instituante et la société instituée. Castoriadis redéfinit un espace politique à partir de l'imaginaire social : si nous voulons réinventer la société, il faut toucher ce qu'il y a de plus profond et de plus signifiant, à savoir le symbolique constitué au cœur de l'imaginaire social.
« l'imaginaire dont je parle n'est pas image de. Il est création incessante et essentiellement déterminée (social-historique et psychique) de figures/ formes/ images, à partir desquelles seulement il peut être question de « quelque chose ». » L'imaginaire social n'est donc pas une image globale et synthétique de la société, il n'est pas une détermination de la société à un moment de l'histoire, puisque cette détermination est impossible au niveau social. Le propre d'un imaginaire social, c'est qu'il est irreprésentable, donc ce qu'il nous faut analyser comme point de départ, ce n'est pas une série d'images, mais la puissance de création qu'est la démocratie. L'imaginaire est fondamentalement lié au sujet, puisqu'il en est le vecteur principal, que ce soit sur le plan individuel ou social. Cette puissance de création n'est pas analysable à partir de théories sociologiques qui, elles, étaient censées dire quelque chose sur les croyances et les mythes communs à une société, à savoir l'ensemble des représentations mentales qui structurent cette société. Or, ces théorisations ébauchées ne permettent pas totalement de prendre en considération ce que Castoriadis appelle le « social-historique ». Le social ne peut pas se comprendre en dehors de l'histoire tout comme l'histoire ne peut pas se comprendre en dehors du social. C'est grâce à l'appréhension du social-historique que nous pourrons saisir les significations imaginaires de la société.
[...] Plusieurs critiques sont apportées : A. Dépendance budgétaire Il critique d'abord le budget de la RTF : comme nous l'avons vu, la RTF reste très dépendante de l'Etat, je cite l'absence d'un règlement financier et comptable la paralyse [ ] le souci de la rentabilité lui est étranger Il emploie le mot paralysie pour nous montrer la gravité de la situation. B. Dépendance politique Il critique ensuite la dépendance vis-à-vis du pouvoir : comme nous l'avons vu, la RTF est entièrement contrôlée par l'Etat, ce qui pose un problème sur la forme, c'est-à-dire sur la gestion : les divergences compliquent la tâche du directeur général de la RTF : Robert Bordaz, qui est à l'époque le DG, a du mal à prendre des décisions alors que les Ministères ne s'accordent pas entre eux. [...]
[...] ( Cet ensemble de critiques nous montre à quel point il est important d'opérer des changements et de trouver des solutions le plus rapidement possible. En 1964, Alain Peyrefitte, Ministre de l'Information, dit La RTF, c'est le gouvernement dans la salle à manger de tous les Français ! Il faut donc en finir avec la RTF. III . et les solutions qui en découlent André Diligent nous parle dans son rapport des différentes solutions à envisager ; c'est un premier pas vers la création de l'ORTF qui se met en place. [...]
[...] Une pareille puissance dans un monopole sans contrôle n'est plus concevable. Le monopole de fait dont bénéficie la télévision entraîne la nécessité d'un statut démocratique de la RTF. Introduction Ce texte est un extrait du rapport fait au nom de la commission des affaires culturelles sur la RTF par André Diligent. Il date de juin 1962. Son auteur, André Diligent, était à l'époque député MRP (qui est le mouvement républicain populaire) et faisant parti des 54 membres de la commission des affaires culturelles. [...]
[...] En outre, les divergences de vues sur l'administration de la RTF qui opposent souvent le Ministère de l'Information et celui des Finances compliquent encore la tâche du directeur général de la RTF. La solution ne peut plus être que celle d'un service public à gestion autonome, condition essentielle à un minimum d'efficacité sur le plan industriel et commercial et au respect du pluralisme inhérent à tout régime démocratique. Dans une démocratie, un dialogue constant doit s'établir entre le pouvoir et les citoyens. [...]
[...] La situation de la RTF André Diligent rédige ce rapport dans le début de l'année 1962. La RTF existe alors depuis 13 ans et souffre pour lui, je cite le texte, d'une paralysie fonctionnelle depuis longues années Elle possède 5 chaînes de radio et 2 chaînes de TV. Durant ces 13 années, la RTF a connu 2 statuts juridiques : la société nationale puis l'établissement public. A. Une société nationale La RTF (Radiodiffusion télévision française) est créée le 9 février 1949 en remplacement de la RDF (Radiodiffusion française). [...]
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