Dans Les Essais, Montaigne fait de sa personne la matière de son livre. Cette entreprise littéraire à travers laquelle il met son âme à nu apparaît de prime abord comme un projet individuel. L'identité apparaît d'abord, à l'aune du projet de Montaigne, comme la quête de l'identité individuelle laquelle conduit à rechercher les éléments caractéristiques qui font de chaque individu, un être singulier. Or, l'individu n'est homme que dans la cité. L'homme est un « animal politique », pleinement humain parmi les siens. Dès lors, la question de l'identité peut également se poser dans une dimension collective. C'est la Révolution qui va donner sa dimension pleine et entière à la recherche d'une identité collective. Aux identités particulières de l'Ancien régime qui s'organisent autour de la famille, des corporations de métiers ou des congrégations religieuses émerge l'idée d'une identité collective qui transcenderait toutes ces identités particulières. Cette identité collective condition nécessaire à la refondation du politique est alors pensée à partir de l'idée de nation, dans le cadre d'une conception volontariste développée par Renan : est membre de la nation française, et par conséquent porteur de l'identité française, tous ceux qui partagent les valeurs communes héritées des Lumières (progrès, raison, égalité, liberté).
Cette idée d'un peuple uni dans une identité collective serait aujourd'hui remise en cause notamment par le phénomène de la mondialisation qui uniformiserait les cultures et les idées et opèrerait ainsi une dilution des identités nationales dans une commune identité universelle. L'irruption de la question de l'identité nationale dans le débat des élections présidentielles de 2007 et la création contestée d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale montrent que la question de l'identité française est toujours vivante et suscite aujourd'hui plus d'interrogations que de certitudes, de crispations plus que de volontés de dialogue.
Penser l'identité française constitue-t-il une réflexion dépassée au regard du phénomène de mondialisation qui tend à relativiser les particularismes identitaires? Dès lors, l'identité française en crise, faute d'être repensée, est-elle vouée à être reléguée comme un élément d'identité secondaire ?
[...] La nouvelle identité française placée sous le signe de l'homogénéité est le préalable indispensable à la refondation du politique. L'acte fondateur de cette marche vers la construction d'une identité collective est la motion de l'Abbé Sieyès du 17 juin 1789 au cours de laquelle les Etats généraux prennent le nom d'Assemblée Nationale. La Nation est née. On passe ainsi d'une société divisée de façon fonctionnelle selon 3 Etats (Tiers Etat, Clergé, Noblesse) à une société unifiée autour d'une identité collective alors réductible à la Nation. [...]
[...] Avec l'école, l'armée contribue également à la diffusion de l'identité française. Les conscrits font l'objet d'une formation homogène et le message véhiculé par l'armée s'harmonise parfaitement avec le discours que les conscrits ont entendu naguère sur les bancs de l'école. L'identité française, une identité affirmée par sa vocation universelle L'identité française a toujours été fortement imprégnée des idées des Lumières (progrès, raison, liberté, égalité). Elle est conçue selon une conception ouverte, développée par Renan lequel considère la Nation comme un plébiscite de tous les jours Selon cette conception, quiconque partage les valeurs communes qui forgent l'identité française est membre de la Nation et de ce fait porteur de cette identité. [...]
[...] Réflexion sur l'identité française au XXIe siècle Dans Les Essais, Montaigne fait de sa personne la matière de son livre. Cette entreprise littéraire à travers laquelle il met son âme à nue apparaît de prime abord comme un projet individuel. Or, elle se révèle être une peinture plus universelle qu'individuelle, une peinture de l'humanité avant que d'être celle d'un homme. Ainsi, Montaigne convient-il lui-même de la portée universelle de son autoportrait : Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition L'identité apparaît ainsi d'abord, à l'aune du projet de Montaigne, comme la quête de l'identité individuelle laquelle conduit à rechercher les éléments caractéristiques qui font de chaque individu, un être singulier. [...]
[...] Parmi eux, on trouve tout à la fois des monuments (Panthéon, Tour Eiffel), des institutions (Académie française, Parlement, Le Louvre), mais aussi des œuvres littéraires (À la recherche du temps perdu), ou encore des notions plus abstraites (le barreau, le lignage S'éloigner des éléments abstraits d'identité française hérités des Lumières pour se rapprocher d'une identité française plus matérielle, et par la même plus facilement saisie par les individus est une piste offerte dans la voie de refondation de l'identité française. Bien qu'attrayante, cette solution porte en elle des limites celle d'une part de proposer une identité fragmentée et d'autre part une identité éminemment subjective. Bibliographie indicative L'identité française. Colloque de la Commission Analyses et ripostes : Espace 89, aux éditions Tierce Entrer dans le XXe siècle : essai sur l'avenir de l'identité française. Rapport du Groupe Horizon 2000 à Emmanuel Le Roy Ladurie, secrétaire d'État auprès du ministre chargé du plan, éditions la Découverte : la documentation française, 1990. [...]
[...] Dès lors, l'identité française en crise, faute d'être repensée, est-elle vouée à être reléguée comme un élément d'identité secondaire ? La réflexion autour de l'identité française demeure aujourd'hui plus que jamais, dans un contexte de mondialisation, une réflexion contemporaine, car l'identité française s'est toujours pensée dans un cadre universel, comme une identité ouverte Cependant, en crise, l'identité française doit, pour demeurer un élément structurant de l'identité des individus, être réinvestie en redonnant un sens concret aux valeurs communes qui la constitue (II). [...]
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