Le travail : un mot dont le sens a été l'objet de conflits depuis des millénaires, de même que les rapports entretenus par les humains à ce dernier. Cependant, au-delà de tous les interprétations que l'on a pu lui donner, le travail est aujourd'hui est une valeur communément reconnue par l'humanité. Si dans un passé lointain, certains philosophes tels Aristote le considéraient comme « asservissant » pour la courte vie humaine, cette opinion est, de nos jours, globalement plus nuancée : nous admettons tous que le travail, à savoir l'effort nécessaire à la réalisation d'une tâche précise, est source de richesses (...)
[...] Il est même possible d'affirmer que la pression a pu s'accentuer, étant donné qu'une nouvelle contrainte de qualité s'est ajoutée. Approfondissons l'idée d'une pression au travail qui s'exacerbe : si le travailleur protestait contre son supérieur à l'époque du fordisme, il engageait seulement sa responsabilité individuelle, tandis qu'à l'heure actuelle, la pression étant exercée par l'aval, s'il proteste contre un client exigeant, il engagera la responsabilité collective de l'entreprise, ce qui le dissuade d'autant plus de revendiquer certains droits : l'exemple précédent concernant les fast-food fonctionne également ici. [...]
[...] La pression est une chose, l'intensification du travail en est une autre, bien que la frontière entre les deux soit mince. Le toyotisme l'a modifiée quelque peu : contrairement au travail à la chaîne d'autrefois où il n'y avait aucun répit, le travail intensif arrive désormais par intervalles dû au principe du flux-tendu. Une soudaine augmentation de la demande peut contraindre les employés à avoir un rythme de travail intensifié de manière considérable, ce qui ne diffère pas tant du tayloro-fordisme. [...]
[...] En échange de l'achat, l'internaute attend une livraison et un professionnalisme optimals. Si la forme a donc changé (l'intensification du travail s'exerce différemment), le fond est le même : les employés restent, comme autrefois, soumis à des cadences de travail considérables. Outre ces formes de continuité dans l'organisation du travail, d'autres comme les changements organisationnels n'ont par ailleurs peu ou pas modifié les structures hiérarchiques sur le lieu de travail. La surveillance et les objectifs fixés par les supérieurs restent omniprésents : le proportion de cadres qui pensaient avoir un rythme de travail imposé par la hiérarchie est resté le même de 1994 à 2003, tandis que pour les ouvriers non qualifiés, le taux n'a baissé que de 3%. [...]
[...] Survenus depuis une trentaine d'années, ces profonds changements dans l'organisation du travail ont de nombreuses origines : l'une d'entre elle est l'incroyable essor du progrès technique. En effet, le toyotisme n'aurait pu être possible sans les innovations issues du système tayloro-fordiste : en ce sens, il hérite de certains progrès qui ont été réalisés à la fin des trente glorieuses. L'avènement des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) dans les années 1980 a été l'un des facteurs essentiels de la démocratisation du toyotisme : des innovations comme l'ordinateur ont énormément contribué au succès de cette organisation du travail. [...]
[...] Par ailleurs, outre l'accentuation de la division du travail, il est nécessaire de souligner les conditions de travail présentes dans ces parties du monde : des kilomètres carrés d'immenses lignes de fabrication où hommes et femmes travaillent à la chaîne pour fabriquer claviers, appareils photos, ordinateurs, télévisions . destinés à la consommation occidentale. Le parallèle avec les conditions de travail à l'époque fordiste des années 30 n'est pas impossible : il est même flagrant de points communs et constitue une continuité des règles tayloriennes : le savoir-faire reste la propriété de l'entreprise (société mère) et non des travailleurs (pays-ateliers). Ainsi, force est de constater que la division du tâches régit encore et de manière importante l'organisation du travail dans nos sociétés. [...]
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