Il existe un paradoxe dans l'analyse des mouvements sociaux : le plus classique est celui qui oppose objectivisme (prégnance de l'extérieur : structures) et subjectivisme (prégnance de l'intérieur : volonté de l'individu).
Les deux analyses : « Structure des opportunités politiques » et "Les cadres de l'expérience" ont en commun de tenter de répondre à deux questions centrales dans l'étude des mouvements sociaux : les relations entre mouvements sociaux et champ politique, et les conditions de l'engagement contestataire individuel.
La notion de structure des opportunités politiques désigne « l'ensemble d'éléments de l'environnement et du contexte politique qui exercent une influence positive ou négative sur l'engagement dans une protestation collective ».
Effectivement des éléments de l'environnement contraignent ou favorisent l'activité politique : Charles Tilly a démontré que les variations d'intensité des grèves françaises dépendaient plus des crises politiques que de la conjoncture économique. Il intègre alors la notion d'opportunité : c'est-à-dire qu'il fait le lien entre le degré de vulnérabilité des gouvernants et le degré de contestation des groupes en voie de mobilisation (plus les gouvernants sont vulnérables, plus la capacité des contestataires à atteindre leurs objectifs s'accroît, et inversement).
[...] Quoi qu'il en soit, les deux auteurs assurent que la structure des opportunités politiques est par elle-même trop large pour nous aider à comprendre quelles conditions ou circonstances ouvrent plus ou moins d'espace d'action d'un mouvement De la même façon les deux auteurs s'interrogent sur la pertinence même du terme de structure qui désigne généralement quelque chose de stable, de durable, alors que les opportunités doivent être appréhendées dans un cadre d'analyse qui rende compte de leur dynamique. Du coup, ils concluent sur la représentation figée de la réalité sociale qu'induit le concept même de structure des opportunités. [...]
[...] Font-ils partie d'un stock cognitif commun à tous les individus appartenant à une société donnée et partageant une culture commune ? S'agit-il de création ex nihilo stratégiquement orientée par les acteurs des mouvements sociaux ? Ou encore est-ce seulement une rationalisation opérée par le sociologue dans le but de fournir une typologie ? Pour finir, on peut dire que les tentatives d'articuler la structure des opportunités politiques (structures institutionnelles nationales) avec les cadres de l'expérience contestataire (Discours, cognitions et représentations des acteurs) n'ont pas réussi à dépasser l'opposition subjectivisme/objectivisme. [...]
[...] Le coût de l'action collective ayant alors baissé (moins risqué pour plus de résultats), de nouveaux acteurs sont incités à entrer dans la contestation. Ces nouveaux acteurs souvent inexpérimentés sont généralement plus virulents. Enfin la fin du cycle se caractérise par une démobilisation générale (causes multiples : satisfaction des revendications, répression forte, contre-mouvements), qui se traduit par un retour à la fermeture des opportunités politiques. Une conception objectiviste et déséquilibrée Plusieurs critiques ont été émises à l'égard du concept de structure des opportunités politiques. [...]
[...] Hormis cette analyse interne à l'espace des mouvements sociaux, on peut aussi appréhender les rapports de cet espace avec les autres sphères du monde social. On peut dire à ce titre que l'engagement dans l'action protestataire possède des caractéristiques propres qui le distinguent d'autres formes de participation, et notamment de la compétition partisane. On peut donc réfuter la thèse de l'hétéronomie de l'action contestataire à l'égard du champ politique. Ainsi l'engagement dans un mouvement social ne peut être envisagé comme une forme dérivée de participation, mais en présente une modalité particulière L'activisme qui se déploie dans cet espace se réalise selon des références et des principes propres, différents et indépendants de ceux qui régissent le militantisme partisan et plus généralement le champ politique. [...]
[...] Sur la question des sources, les auteurs (qui se basent surtout sur les comptes rendus de la presse) restent tributaires de la hiérarchisation de l'information par le journaliste qui choisit les évènements protestataires à paraître en fonction de leur pertinence médiatique. Aussi critique quant à la vision déséquilibrée des rapports entre mouvements sociaux et secteur politique qu'induit la notion de structure des opportunités. Les mouvements sociaux dépendraient de l'état du champ politique plus ou moins favorable à la contestation. Mais ne s'interrogent pas sur la dépendance du champ politique vis-à-vis de l'activité contestataire. [...]
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