« La race, un concept faux, une vraie opinion. Le racisme, une théorie fausse, une pratique qui tue. Le succès d'un mot ». Par cette affirmation, Jacques Tarnero résume l'état des notions de race et de racisme, un état inquiétant.
En effet, tandis que la notion de race est scientifiquement récusée, le racisme continue de remporter un succès planétaire en ce début de millénaire : en février 2006, selon un sondage IFOP, un tiers des Français se déclaraient racistes, partisans de ce qu'Albert Memmi, philosophe et écrivain, définit comme "la valorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime afin de justifier ses privilèges ou son agression". Il semblerait donc que les conceptions de classifications et de hiérarchisation de l'Humanité soient restées solidement ancrées dans les mémoires collectives, assurant ainsi la survie du racisme. La situation actuelle du monde – attitudes et discours racistes, conflits interethniques, génocides – montre bien la nécessité pour chacun de mener une réflexion pertinente sur la question de la race, des races, et du racisme.
Comment ces notions et les discriminations qui s'y rattachent ont-elles évolué au cours de l'Histoire, et quels sont aujourd'hui les enjeux de ces concepts dans la société? Ces questions trouveront réponses en retraçant l'histoire de la notion de race et de races et des glissements de cette notion biologique vers la sphère publique.
[...] Races et racisme La race, un concept faux, une vraie opinion. Le racisme, une théorie fausse, une pratique qui tue. Le succès d'un mot. Par cette affirmation, Jacques Tarnero résume l'état des notions de race et de racisme, un état inquiétant. En effet, tandis que la notion de race est scientifiquement récusée, le racisme continue de remporter un succès planétaire en ce début de millénaire : en février 2006, selon un sondage IFOP, un tiers des Français se déclaraient racistes, partisans de ce qu'Albert Memmi, philosophe et écrivain, définit comme "la valorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime afin de justifier ses privilèges ou son agression". [...]
[...] Races et racisme au cours de l'histoire A. Races et discrimination jusqu'au XIXe siècle Les premières différenciations de groupes humains basées remontent à l'Antiquité, mais le terme de race n'apparaît en français qu'à la fin du XVe siècle³. Le terme désigne alors une lignée. La notion de race comme subdivision de l'espèce humaine en groupes caractérisés notamment par des traits physiques n'apparaît qu'au XVIIIe siècle. Au XIXe siècle, la classification et la hiérarchisation des races se précisent avec l'apport de Gobineau qui répand dans la sphère publique la théorie de l'inégalité des races humaines. [...]
[...] Article 2 de la Constitution de la Vème République de Voir: Colette Guillaumin, L'idéologie raciste. Genèse et langage actuel, Paris et La Haye, Mouton Tout au long de l'évolution de l'Humanité, la notion de race a accompagné l'imaginaire collectif des hommes, peut-être parce que les mécanismes négatifs utilisés par un groupe discriminateur lui permettent de fonder sa propre légitimité identitaire; en séparant le soi et le non- soi par un processus de rejet, la notion de race et les processus racistes forgent des identités. [...]
[...] II) Races et racisme dans la sphère publique aujourd'hui A. Race et racisme dans la sphère juridique Dans le droit français, deux textes de loi fournissent des armes contre le racisme: il s'agit de la loi du 1er juillet 1972 et de la loi Gayssot du 13 juillet 1990. On peut se demander si la race est ou non une catégorie juridique. En effet, si la race a été l'objet direct et explicite d'une législation uniquement sous le régime de Vichy, elle s'est dans d'autres cas constituée en référent implicite des catégories du droit positif, comme dans la législation coloniale (Code Noir) ou encore aujourd'hui, car la prohibition des discriminations raciales entérine l'idée de l'existence de races leur conférant ainsi une objectivité ambiguë. [...]
[...] Ce qui importe n'est pas l'existence de la race mais ce que cette notion produit en pratique. Toutefois, la race symbolique est en rapport avec les signifiants biologiques, fictifs ou artificiels: la marque biologique, physique de la race est importante socialement, car elle permet de radicaliser les différences en les présentant comme irréversibles et inhérentes. Cette acception de la race comme signifiant social permet de mieux comprendre la possibilité d'un racisme sans races: il est tout à fait possible de proclamer des thèses racistes tout en parlant d'ethnies, ce n'est pas tant le terme qui importe, mais plutôt l'usage qui en est fait. [...]
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