De nombreux signes semblent aujourd'hui accréditer un affaiblissement de la participation politique : les effectifs des partis politiques décroissent et vieillissent tandis que leurs éventuels succès électoraux sont entachés des scores des populistes et de l'abstention. Les partis sont généralement différenciés des syndicats, des groupes de pression ou d'autres mouvements par leur vocation à gouverner pour mettre en œuvre directement leur projet. Une autre différence est qu'un parti politique représente un projet global de société. Au contraire, les mouvements politiques sont destinés à résoudre une problématique ciblée. Ils exercent donc une fonction d'influence et d'expertise auprès des partis politiques. Dans la réalité les partis les plus minoritaires, n'ont aucune vocation à gouverner à court ou moyen terme. Ce sont donc avant tout des mouvements d'opinion qui se déclarent comme parti pour pouvoir diffuser plus largement leurs idées. Dans les démocraties modernes, les partis politiques ont un rôle politique très important. Le principe est de permettre à des gens partageant des objectifs similaires de s'allier pour promouvoir un programme politique commun. Si la dépolitisation des années 1960 était généralement expliquée par l'émergence d'une société de consommation dans laquelle les valeurs matérielles supplanteraient les valeurs citoyennes, aujourd'hui on a tendance à l'expliquer par la montée de l'individualisme, la persistance d'aspirations consuméristes et l'influence des médias. Toutefois, il ne faut pas établir de lien de causalité trop rapidement : coïncidence et causalité ne sont pas la même chose car il ne faut pas oublier que les mutations récentes des organisations partisanes c'est-à-dire des partis politiques ont également un lien avec cette véritable crise de nos démocraties. De fait, ceux-ci sont sans cesse accusés de diviser l'espace politique et citoyen, de se quereller inutilement, et surtout d'être totalement détachés des réalités de ceux qu'ils sont censés représenter et de leurs revendications. Les partis, subissant les effets négatifs de la « politique politicienne », vivent donc une véritable crise de légitimité.
Dès lors, si les partis ne parviennent plus à promouvoir le suffrage ou à proposer des projets de vie concrets répondant aux attentes citoyennes, une question s'impose à nous : à quoi servent les partis politiques et dans quelle mesure continuent-ils à influencer le processus démocratique ?
Aussi pour répondre à cette problématique, nous décrirons le chemin démocratique qu'ils poursuivent depuis leur création afin de prouver qu'ils contiennent intrinsèquement les causes de leur crise actuelle. Puis, nous montrerons quels dysfonctionnements cette crise engendre sur le jeu démocratique avant d'analyser les tentatives de réponses à ces troubles mises en place par les partis politiques.
[...] En dehors des partis de l'exercice, qui répondent aux exigences précédemment décrites, il existe des partis hors des pôles (Maurice Duverger) mis à l'écart de l'exercice du pouvoir soit parce que ces formations politiques refusent de s'ouvrir à des organisations démocratiques (partis extrémistes de droite), soit parce qu'il s'agit d'organisations révolutionnaires d'extrême gauche incapables de proposer un projet gouvernance étatique viable, soir parce que ces partis prétendent incarner des projets nouveaux aussi éloignés de la droite que de la gauche à l'instar des écologistes (Grüne, Verts) qui ne parviennent ainsi pas à se placer sur l'échiquier politique. Dans une optique plus affirmée, les partis contestataires ne prétendent pas avoir pour objectif la réalisation d'un programme politique par l'exercice du pouvoir. Le rôle essentiel de ces partis est donc un d'exercer une influence maximale sur le système politique dont ils sont les acteurs et que celui-ci ne peut exclure sans compromettre le pluralisme politique et les valeurs démocratiques qui constituent l'essence même de sa légitimité. [...]
[...] Parce qu'ils sont censés représenter différents groupes constitutifs de la société, les partis politiques ont comme rôle premier l'incarnation et l'organisation du pluralisme politique. Déjà au 19e siècle, cette idée de diversité dans l'art aux confrontations des opinions politiques est apparue comme élément essentiel de la construction puis de la préservation d'un modèle dans lequel les valeurs démocratiques de liberté et d'égalité prévalent. De fait, le libéralisme politique, perçu comme un principe vertueux, posait comme conditions d'existence le respect et la mise en concurrence des diverses opinions politiques. [...]
[...] Parce qu'ils sont les intermédiaires principaux entre la société politique et la société civile, les partis politiques constituent la seule organisation, ouverte à tous, capable de fournir à ceux qui souhaitent entrer sur la scène politique la crédibilité et la légitimité apparente requises. Si d'illustres personnages comme le général de Gaulle ou Mitterrand ont pu jouer du pouvoir sans pour autant dévouer leur personne et leur carrière aux partis qui les ont soutenu, désormais, une carrière politique ne s'envisage pas sans un soutien partisan massif. [...]
[...] La crise démocratique est donc majeure puisque ces logiques d'appareil, qui entraîne un certain clientélisme des militants mais également une soumission à la hiérarchie du parti dans le but de d'accéder à des responsabilités politiques, engendrent un crise de confiance dans nos dirigeants mais également un détournement d'intérêt pour la chose publique Cette crise de participation et du militantisme partisan pousse les forces politiques à s'adapter aux évolutions de la société et à reconsidérer leur rôle en tant qu'intermédiaire entre société civile et société politique. B. Des partis dont l'existence est néanmoins indispensable notamment pour refonder le système sur des bases plus participatives et citoyennes. Les individus, devenus autonomes et ayant acquis une conscience politique, refusent donc cette politique politicienne C'est pourquoi ils développent de plus en plus ses propres moyens d'action sur la société, lorsqu'ils ne se détournent pas de la politique. [...]
[...] L'autonomisation des partis passe avant tout par une indépendance financière vis-à-vis des autres institutions. Tout au long du XIXe siècle et en corrélation avec la construction de nos systèmes démocratiques actuels, la forte division sociale des sociétés mais également la présence d'importantes d'inégalités économiques entre les différents groupes sociaux ont fait que pendant près d'un siècle la société politique n'a été composée quasi exclusivement que de notables, seuls capables de se distinguer auprès de l'électorat grâce au financement de campagnes coûteuses. [...]
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