Rente, pétrole, rente pétrolière, hydrocarbures, développement, économie, politique, protestation, révolution arabe
Les Révolutions démocratiques qui s'opèrent, les unes après les autres, dans le monde arabe, et qui fait écho jusqu'en Chine, couvrent une grande partie de notre actualité. Après que la Tunisie et l'Egypte se soient embrasées, et alors que la Lybie risque à tout moment de basculer dans le chaos, l'Algérie est le théâtre de ses premières étincelles que les dirigeants au pouvoir tentent encore de contenir tant bien que mal. Cependant, ces mouvements sociaux ne visent pas seulement à démanteler des régimes autoritaires en place depuis trop longtemps, mais il semble y avoir une véritable recherche, une réelle volonté de développer des pays que l'absence de libertés et la corruption, entre autres, ont retardés dans de trop nombreux domaines.
Cette protestation virulente, symbole d'une saturation latente depuis des décennies, puise sa source dans des motifs économiques et sociaux essentiellement. C'est en effet parce que le système en place ne propose aucun avenir viable, qu'il ne cesse d'accroitre les inégalités sociales et abandonne sa population à elle-même, que cette dernière aspire à des changements radicaux.
Dans cette lignée, le cas de l'Algérie apparait intéressant pour la compréhension des différents aspects que peuvent revêtir le désir d'un développement réussi. En effet, d'un destin porteur d'espoir pour un continent tout entier lors de l'accession à l'indépendance en 1962, un scepticisme, que l'on croyait jusqu'alors irréversible, s'est lentement installé, emportant dans son sillage les vestiges d'une euphorie dépassée.
Par « développement », l'ensemble des dictionnaires classiques s'accordent pour donner, à ce nom masculin, une dimension positive se rattachant à l'amélioration qualitative et durable de l'entité développée, à savoir, en l'espèce, la société. D'un point de vu plus scientifique, il conviendra d'étayer cette définition par la prise en compte de critères plus précis comme l'industrialisation, l'accumulation de capital ou le changement des structures sociales, notions qui seront, tout au long de notre étude, largement explicitées.
Ainsi, comment l'Algérie, remplie d'espoirs et d'ambitions dès son indépendance, est elle devenue un pays riche peuplé, paradoxalement, par une majorité d'habitants pauvres ? Ou, plus précisément, en quoi la stratégie de développement mise en oeuvre, autour de cette fameuse rente pétrolière, montre-t-elle aujourd'hui ses limites ?
[...] Cette période accouchera cependant d'une nouvelle loi de libéralisation du secteur des hydrocarbures nous le verrons. Cet enchainement de faits, qui démarre véritablement avec ce désir exacerbé de souveraineté en 1971, contribuent à faire de l'Algérie ce qu'elle est aujourd'hui. La prédominance du secteur pétrolier sur toutes les autres activités économiques, bien que le secteur du gaz soit en constant essor, marque clairement la politique du pays. L'austérité ou la souplesse des politiques publiques sont clairement dictées par la hausse ou la chute des cours pétroliers. [...]
[...] Par exemple, dès l'indépendance, le pouvoir algérien a négligé l'agriculture pour l'industrie lourde, obligeant le pays à s'endetter pour « l'importation de produits alimentaires », comme l'huile ou le sucre, mais également pour une grande partie des biens de consommation. Comme l'expliquent Mihoub Mzouaghi et Fatiha Talahite dans leur ouvrage, une balance commerciale extérieure en déficit ou en forte baisse entraine une augmentation des dépenses publiques, que les foyers ressentent, de fait, sur leurs propres demandes. S'en suit un « effet domino », avec des « tensions monétaires » que les consommateurs et les investisseurs supportent pour, in fine, accroitre un malaise social lattent par des politiques publiques drastiques. [...]
[...] Ainsi, depuis 2000, la croissance a certes repris en Algérie, montrant, paradoxalement, que la désindustrialisation ne faiblit pas. Pour un exemple numérique, « sur 5,2 points de croissance en 2005, les hydrocarbures ont généré 2,2 points, soit plus de 43% » Cependant, la libéralisation des hydrocarbures, qui pourrait apparaitre comme la solution à ce développement qui ne décolle pas, ne va pas entrainer les résultats escomptés. IV – Une difficile ouverture sur le monde aux effets limités Cette réticence à la privatisation ne condamne pas l'Algérie pour autant à fermer ses frontières. [...]
[...] Dans cette continuité, pour transformer une économie de rente en économie productive et réussir son développement, la stratégie des « industries industrialisantes » a alors été mise en place par le pouvoir algérien. Elle consiste à investir dans l'industrie dite lourde, c'est à dire dans des activités qui vont engendrer d'autres activités et créer tout un réseau autour d'elles. Ce sera le cas par exemple de la chimie, de la sidérurgie ou, comme c'est le cas en l'espèce, du pétrole. [...]
[...] En effet, la loi sur les hydrocarbures qui intervient en 2005 va permettre de faciliter et de multiplier les relations avec l'extérieur, l'objectif poursuivit étant « de désengager l'État et de recentrer la Sonatrach sur les activités commerciales ». Cependant, dans sa tradition antilibérale, un amendement va être très vite apporté : la Sonatrach devra être, lors de chaque contrat signé avec une firme étrangère, présente à 51%. L'ouverture du secteur des hydrocarbures contraste cependant avec le reste de la société qui ne jouit pas d'un climat véritablement propice aux initiatives privées comme fer de lance du développement, plongeant l'Algérie dans un malaise social, entretenu par ce chômage qui ne faiblit pas Le développement ci-dessus, ainsi que les mouvements de contestation qui se déroulent aujourd'hui, démontrent que le développement de l'Algérie est loin d'être abouti. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture