La campagne présidentielle actuelle le confirme : la politique est aujourd'hui affaire de communication… La multiplication des spots, interventions au journal télévisé, voire dans des émissions de variétés (hors campagne) ont remplacé meetings et manifestations laissant place au règne de l'expert en communication comme l'énonce Bernard Manin. Ainsi médiatisé, l'homme politique se retrouve seul face à l'électorat et devient plus que jamais la pierre angulaire de la compétition électorale et, par conséquent, du pouvoir politique.
À l'homme du parti semble succéder le parti d'un homme…
L'exemple le plus éloquent en est Forza Italia !, le parti de Silvio Berlusconi. 1994 l'avait vu triompher sur la base d'une organisation partisane quasi-virtuelle tant elle était récente et non enracinée. Dans cette victoire, avait été vue celle du quatrième pouvoir allié à l'avènement d'un nouveau leadership, déplaçant le politique hors de la sphère partisane. Devait-on pour autant conclure à une révolution du système et à l'avènement d'une nouvelle organisation politique, fondée non plus, sur une structure stable et rationnelle mais sur un leader et son charisme médiatique ? L'homme politique s'était-il émancipé de la forme partisane ?
Certes non. Silvio Berlusconi est, une fois de plus, là pour en témoigner… Le triomphe politique de 1994 fut bref. Le désaveu rapide du Cavaliere, en 1996, fit montre des lacunes d'un tel modèle, et lui-même en a déduit les insuffisances. Aussi, entre 1996 et 2001, Silvio Berlusconi a-t-il réorienté les objectifs de son entreprise politique dans le sens d'une construction partisane accrue, certes entièrement fondée sur sa personne, mais dans une perspective plus rationnelle, plus concrète, par une implantation locale plus approfondie. Et ce, jusqu'à la victoire historique de 2001 où Forza Italia ! devint le premier parti italien...
La conclusion s'impose d'elle-même : le passage par la "case parti" se révèle la condition sine qua non à toute accession au pouvoir. Si ces dernières décennies ont vu la nature du politique muter, toutes ces transformations sont advenues dans le cadre partisan, celui-ci évoluant à leur rythme. Pourquoi ce recours systématique à la forme partisane ?
Tous les éléments d'un système politique sont en interaction, rétroagissant les uns sur les autres. L'histoire témoigne du lien qui jusqu'ici a uni parti et démocratie, nés à la faveur l'un de l'autre.
Tout régime se fonde sur des principes organisateurs garants de son essence. La démocratie n'y échappe pas. Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, le système démocratique détermine un régime politique dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui l'exerce, idéalement, lui-même, ou, ce qui est le cas actuellement, par la voie de représentants désignés au terme d'élections libres mettant en compétition des candidats et des partis. Ainsi, ce mode de gouvernement se fonde-t-il sur une dualité de principes connexes, à savoir représentation et participation. La représentation appelant le recours à l'élection et la participation à la mobilisation de masse, ces deux éléments fondent la domination des partis politiques comme “ clef de voûte ” du système démocratique. En effet, les partis politiques, organisations stables mobilisant des soutiens en vue d'une participation directe à l'exercice du pouvoir politique (Philippe Braud) sont structurés et systémisés, de manière à déterminer l'ensemble du régime politique par le mécanisme de la représentation exigeant leur existence et de la participation appelant leur intervention.
Ces deux axes, que sont la représentation et la participation, permettent de mesurer ce en quoi les partis politiques sont nécessaires à la démocratie.
[...] En quoi les partis politiques sont-ils nécessaires à la démocratie ? La campagne présidentielle actuelle le confirme : la politique est aujourd'hui affaire de communication La multiplication des spots, interventions au journal télévisé, voire dans des émissions de variétés (hors campagne) ont remplacé meetings et manifestations laissant place au règne de l'expert en communication comme l'énonce Bernard Manin. Ainsi médiatisé, l'homme politique se retrouve seul face à l'électorat et devient plus que jamais la pierre angulaire de la compétition électorale et, par conséquent, du pouvoir politique. [...]
[...] - Ostrogorski, Moiseï Iakovlevitch - 1993 Des partis pour quoi faire ? : La représentation politique en Europe centrale et orientale / sous la dir. de Antoine Roger - 2003 Le désengagement militant / sous la direction de Olivier Fillieule. [...]
[...] Celui-ci agit plus ou moins raisonnablement mais surtout consciemment et sur la base de motivations réelles. Les partis politiques, en tant qu'acteurs principaux de cette culture par le jeu de la fonction de socialisation politique, garantissent un certain esprit démocratique dans le fonctionnement du système. La capacité de mobilisation des partis Sur la base de cette socialisation et de cette culture de la participation, les partis politiques mobilisent ensuite l'électorat afin de garantir une certaine participation à l'élection et tenter de le gagner à sa cause. [...]
[...] Cette fonction correspond à un processus continu, à travers lequel une culture politique se transmet, se maintient, se modifie. Elle a donc un effet conservateur, stabilisateur. Dans cette perspective, les partis politiques détenteurs d'un quasi- monopole de cette socialisation politique, plus ou moins directe, sont les acteurs d'une effectivité de la démocratie comme de sa pérennité. Tout d'abord, le vote doit relever d'une certaine culture de la participation électorale: toute liberté passant préalablement par la connaissance, il apparaît nécessaire d'assurer une éducation du citoyen. Le rôle des partis politiques est alors non négligeable dans les régimes démocratiques. [...]
[...] Les partis politiques sont donc, par le jeu de l'élection, des instruments de régulation et d'adaptation du système, gardiens de sa nature démocratique. Encadrement et médiation du pouvoir politique Au terme de toutes les opérations électorales, les partis politiques accèdent au pouvoir: ils assurent à ce niveau un rôle majeur dans la structuration et la conservation de la démocratie par un effet de légitimation et de régulation. D'une part, le pouvoir politique reste le fait d'une délégation: le peuple demeure le souverain en titre et les partis n'exercent le pouvoir que par mandat. [...]
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