Expositions coloniales, IIIe République, colonies françaises, culture coloniale, Grande Guerre, Empire colonial, Exposition universelle de 1867, population indigène, zoos humains, racisme, Comité national des expositions coloniales, marché autarcique, Agence des colonies, CAF Comité de l'Afrique Française, CUC Comité d'Union Coloniale, population d'outre-mer, entre-deux-guerres, identité nationale, idéologie patriotique, Exposition internationale coloniale de Paris de 1931, doctrine impériale
Dans un discours parlementaire prononcé le 28 juillet 1885, Jules Ferry déclare à propos des colonies françaises : « Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » Cette déclaration est intéressante en ce sens qu'elle permet de comprendre la dynamique coloniale qui anime la France sous la Troisième République. En effet, cette dernière s'inscrit dans un continuum post-révolutionnaire basé entre autres sur un acte colonial considéré comme créateur d'une nouvelle société, grande, unifiée, civilisée, mue par la science et le progrès. La nation française, issue de la Révolution de 1789 et ayant hérité de ses valeurs universalistes (liberté-égalité-fraternité), pense apporter la liberté et non l'oppression, le développement et non l'exploitation, aux peuples qu'elle « libère ». Dès lors, la difficulté des élites républicaines est de légitimer la colonisation aux yeux de l'opinion publique, en faisant valoir un processus d'acculturation républicaine de la société française.
[...] En quoi les multiples mises en scène des colonies françaises sous la Troisième République constituent-ils un moyen politique majeur de fixer dans la société française l'idée d'une culture coloniale ? Dans un discours parlementaire prononcé le 28 juillet 1885, Jules Ferry déclare à propos des colonies françaises : « Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. [...]
[...] Dès les années 1920, cette affirmation va atteindre son apogée et parfaire la conscience populaire d'un Empire colonial républicain. L'apogée des expositions coloniales, reflet de l'intégration de l'idée d'un Empire colonial En 1919 est créée une Agence des colonies chargée d'institutionnaliser les grandes expositions coloniales. Deux dates s'imposent alors dans cet entre-deux-guerres qualifié à juste titre d'apogée colonial : l'exposition coloniale de Marseille en 1922, et l'exposition internationale coloniale de Vincennes en 1931. Dès l'exposition coloniale de Marseille en 1922, on peut noter un changement dans la considération portée aux indigènes. [...]
[...] Cette dynamique, à l'initiative de l'État républicain, va alors transformer progressivement les mentalités et amener les Français à penser la France non pas comme une métropole autour de laquelle gravitent des territoires lointains et isolés, mais bien plutôt comme un Empire participant du même but de construction nationale et républicaine. En cela, les multiples formes que prend la mise en scène des colonies françaises pendant cette période (« zoos humains », puis expositions coloniales) constituent un instrument politique et un pilier majeur de ce processus, puisqu'elles permettent une imprégnation lente, mais sûre et inaperçue du fait colonial dans la population française. [...]
[...] ] les ingénieux Français ont installé des colonies sauvages qu'ils tentent de civiliser. Il s'agit de pièces authentiques qui, soyez-en certains, vivent, travaillent et s'amusent exactement comme elles le font avec leur famille dans leur propre pays. » Elles sont des lieux d'étude, de recherche. C'est en partie parce qu'elles sont renforcées par un discours scientifique que les exhibitions coloniales sont légitimées. C'est par ce passage d'un racisme scientifique à un racisme colonial, provoqué en partie par ces exhibitions, que si peu de contestations du colonialisme sont proclamées au tournant du XXe siècle. [...]
[...] Toutefois, petit à petit va émerger, sous l'action du milieu politique, la vogue des exhibitions qualifiées d'« exotiques », qui vont commencer à propager l'idée coloniale dans la société. Les premières formes explicites et officielles de ces exhibitions se mettent en place lors de l'Exposition universelle de 1867, qui propose aux visiteurs des « figurations d'indigènes » au milieu de nombreux pavillons coloniaux. Les populations « exotiques » sont présentées mêlées, dans des enclos, avec des animaux exotiques (autruches, chameaux, singes . ) ou mises en scène dans des rites guerriers imaginaires. [...]
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