Élevé dans la foi protestante, François Guizot (1787-1874) est professeur d'histoire à la Sorbonne dès 1812 et journaliste. De 1822 à 1828, il compose ses grands ouvrages historiques : "Histoire de la révolution d'Angleterre", "Histoire de la civilisation en Europe", et "Histoire de la civilisation en France".
Guizot, penseur libéral de la monarchie de Juillet, homme politique national, a été longtemps négligé, pris entre deux temps forts conceptuels que sont le rousseauisme et le socialisme. L'historien Pierre Rosanvallon parle en 1985 de "Moment Guizot" tant on peut considérer qu'il a marqué de son empreinte la politique française du XIXe siècle.
[...] Ce rapport à l'histoire est à la base du Moment Guizot : un moment de questionnement qui suit l'ensemble de la réflexion française de l'époque, en cherchant à apporter des réponses nouvelles par les leçons de l'Histoire. Guizot, persuadé que la société pour croire en elle-même a besoin de ne pas être née d'hier s'est lui-même beaucoup impliqué dans des recherches historiques qui donnent naissance à trois grands livres, l'Histoire de la Civilisation en Europe, l'Histoire de la Civilisation en France, et l'Histoire de la révolution d'Angleterre. [...]
[...] Paris : Seuil. de BROGLIE, G. (1990). Guizot. Paris : Perrin. CHEVALLIER, J.-J. (1972). Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à nos jours. Paris : Dalloz. [...]
[...] Les Doctrinaires, groupe de pensée mené par Guizot et Royer-Collard, s'enracinent dans ce contexte. Guizot dans ses Mémoires, écrit que La philosophie s'était vantée qu'elle réglerait la politique et que les institutions, les lois, les pouvoirs publics ne seraient que les créations et les serviteurs de la raison savante. Orgueil insensé. [ ] Les doctrinaires entreprirent de fonder un gouvernement sur des bases rationnelles et pourtant toutes autres que les théories au nom desquelles on avait détruit l'ancienne société Cette longue citation dessine bien le cadre dans lequel les doctrinaires ont pensé leur gouvernement représentatif, et plus encore montre en quoi ils s'inscrivent dans un moment particulier de la culture libérale du XIXe siècle. [...]
[...] - Remise en cause du libéralisme et du gouvernement par la raison Dès sa nomination de ministre de l'instruction publique sous le premier gouvernement Soult, Guizot engage une politique rationnelle marquée le plus symboliquement par la reconstitution de l'Académie des Sciences Morales et politiques en 1832 : Les Sciences morales et politiques influent directement parmi nous sur le sort de la société, elles modifient rapidement et les lois et les mœurs. On peut dire que, depuis un demi- siècle, elles ont joué un rôle dans notre histoire. C'est qu'elles ont acquis pour la première fois ce qui leur avait toujours manqué, un caractère vraiment scientifique (28 octobre 1832- discours de Guizot). Derrière ce but libéral se cache une motivation moins honorable : en rassemblant ceux qui élaborent la pensée sociale de l'époque dans une académie royale, Guizot les solidarise d'avec le pouvoir. [...]
[...] En janvier 1849, Guizot publie De la démocratie en France et réaffirme ses principes sans les modifier d'une ligne. De 1858 à 1867 il publie ses sept volumes de ses Mémoires pour servir à l'histoire de mon temps, caractérisation paroxystique de cet entretien de la mémoire guizotienne. Guizot n'a pas de réel disciple après la chute de la monarchie, et c'est pour cette raison qu'on ne peut parler d'héritage, car ses théories n'ont jamais été réappliquées, mais plutôt de réinscription. [...]
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