La question de l'Etat et de son gouvernement peut être traitée sous un angle universaliste, conformément aux théories du Contrat qui jugent inéluctable l'apparition d'une forme de souveraineté basée sur le consentement des individus qui veulent échapper à la « guerre de tous contre tous » (Hobbes). La reprise adoptera cette approche, même s'il convient de préciser que les anthropologues ont pu observer des sociétés démunies d'Etat.
Philippe Braud définit un « Etat » comme un « ensemble territorial juridiquement organisé, envisagé comme sujet de Droit international », et explicite cette définition en citant les Etats membres de l'ONU. Il précise que de cette entité émane « le pouvoir mobilisateur de la coercition légitime au sein de la société globale ». La notion d'Etat est indissociable de celle de « gouvernement », puisque ce dernier correspond, selon Philippe Braud, aux acteurs et institutions assurant un rôle décisionnaire et gestionnaire au sein de l'Etat. Bien qu'indissociables, les deux notions doivent être clairement distinguées. En effet, les différentes approches philosophiques associent plus étroitement le seul concept d'Etat à l'objectif d'unité du corps social, qui est la raison même de l'existence du premier. On est dès lors conduit à penser qu'une différence entre Etat et gouvernement doit être mise en lumière à partir de l'impératif de rassemblement.
Quelle distinction pertinente établir entre Etat et gouvernement au regard de l'objectif de rassemblement assigné à l'Etat par la théorie philosophique ?
La théorie philosophique présente le gouvernement comme un instrument au service de l'impératif d'unité assumé par l'Etat (I). Les moyens mis en œuvre pour répondre à cet impératif d'unité justifient que l'exercice du pouvoir de l'Etat par le gouvernement soit inféodé à l'idéal porté par l'Etat (II). Cette distinction entre Etat et gouvernement fondée sur la suprématie du premier sur le second semble viable quand on la confronte à la réalité empirique (III).
[...] C'est pourquoi les philosophes estiment souvent que l'action du gouvernement doit être fédératrice. Elle doit tout d'abord unir par l'usage d'une Raison universelle. C'est pourquoi, chez Platon, la Cité est placée sous la gouvernance suprême d'un philosophe-Roi Le philosophe, chez Platon, est celui qui connaît, ou du moins qui tente de connaître. Cette connaissance est issue de la démarche rationnelle du philosophe qui se libère des préjugés et opinions issus de l'expérience sensible, en vue d'accéder à la réminiscence d'une vérité idéelle. [...]
[...] Or, Amartya Sen montre fort bien qu'en démocratie les gouvernements, qui dépendent des citoyens, sont incités à prendre les bonnes mesures d'urgence en cas de catastrophe économique, et à mettre en place les mesures de prévention qui correspondent à l'intérêt général. Ainsi, le prix Nobel d'Economie montre qu'il n'y a pas de famines dans les pays démocratiques La démocratie œuvre donc en faveur des citoyens et permet ainsi un apaisement, une unité du corps social. La pertinence d'une distinction entre Etat et gouvernement fondée sur la suprématie de l'idéal rassembleur du premier est donc confirmée. Une telle distinction entre Etat et gouvernement montre aussi sa pertinence à travers sa capacité à trancher certains débats actuels. [...]
[...] Quelle distinction pertinente établir entre Etat et gouvernement au regard de l'objectif de rassemblement assigné à l'Etat par la théorie philosophique ? La théorie philosophique présente le gouvernement comme un instrument au service de l'impératif d'unité assumé par l'Etat Les moyens mis en œuvre pour répondre à cet impératif d'unité justifient que l'exercice du pouvoir de l'Etat par le gouvernement soit inféodé à l'idéal porté par l'Etat (II). Cette distinction entre Etat et gouvernement fondée sur la suprématie du premier sur le second semble viable quand on la confronte à la réalité empirique (III). [...]
[...] Sur quoi fonder la distinction entre Etat et gouvernement ? Introduction La question de l'Etat et de son gouvernement peut être traitée sous un angle universaliste, conformément aux théories du Contrat qui jugent inéluctable l'apparition d'une forme de souveraineté basée sur le consentement des individus qui veulent échapper à la guerre de tous contre tous (Hobbes). La reprise adoptera cette approche, même s'il convient de préciser que les anthropologues ont pu observer des sociétés démunies d'Etat. Philippe Braud définit un Etat comme un ensemble territorial juridiquement organisé, envisagé comme sujet de Droit international et explicite cette définition en citant les Etats membres de l'ONU. [...]
[...] Affirmer de la sorte que l'Etat doit se fonder sur l'intérêt général pour unir distingue clairement l'Etat du gouvernement en donnant un ascendant au premier. Le gouvernement fait usage du pouvoir d'Etat uniquement en vue de faire respecter l'intérêt général, conformément à une exigence de rassemblement et non aux intérêts personnels des gouvernants, comme le montrent Aristote, Rousseau et Hegel. En effet, sans cette primauté de l'Etat sur le gouvernement, la singularité des gouvernants annihilerait l'universalité de l'Etat, et le conduirait à la dégénérescence. [...]
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