En matière de théorie des relations internationales, l'approche des questions internationales n'est pas limitée aux approches classiques idéalistes ou rationalistes-réalistes. Le constructivisme introduit la dimension sociale – ou sociologique, pourrait-on dire –, c'est-à-dire le rôle de la dynamique interne des entités intervenantes dans la définition des identités, des intérêts, des objets de référence, et donc dans l'évolution des relations dans le monde. Le courant veut ainsi introduire une voie nouvelle de compréhension, en s'opposant aux approches classiques, notamment en ne postulant plus nécessairement le rôle unique de l'Etat dans le système des acteurs, mais en lui retenant simplement un rôle central, à côté des institutions internationales, des ONG et des individus, qui ont aussi leur rôle. Nous nous intéresserons ici plus particulièrement aux conséquences qu'une telle approche a quant à la définition de la notion d'intérêt national.
[...] Alors que chez les réalistes l'intérêt national d'un Etat s'impose à lui, de par la configuration des rapports de puissance, alors que chez les libéraux il est la résultante des préférences sociétales, chez les constructivistes, les intérêts nationaux sont constitués d'une part par les contextes sociaux en évolution, d'autre part par les idées partagées entre les Etats au sujet d'eux-même, des autres et de leurs relations, et forment alors une culture internationale, un système de signification partagées. Limites de l'approche constructiviste Les constructivistes sont loin d'être d'accord sur la question de savoir quels sont les processus ou mécanismes vraiment significatifs. [...]
[...] En quoi le constructivisme bouleverse-til la notion d'intérêt national ? Jean-Baptiste Buffet En quoi le constructivisme bouleverse-t-il la notion d'intérêt national ? En matière de théorie des relations internationales, l'approche des questions internationales n'est pas limitée aux approches classiques idéaliste ou rationaliste-réaliste. Le constructivisme introduit la dimension sociale ou sociologique, pourrait-on dire c'est-à-dire le rôle de la dynamique interne des entités intervenantes dans la définition des identités, des intérêts, des objets de référence, et donc dans l'évolution des relations dans le monde. [...]
[...] Le constructivisme ne prétend nullement se présenter comme une nouvelle théorie générale, mais se positionne d'avantage comme une middle ground theory entre les approches rationalistes et les analyses intersubjectives, cette approche étant caractérisée par le choix d'instruments méthodologiques inspirés par la sociologie. Le constructivisme, c'est d'abord, selon Nicholas Onuf une façon d'étudier les relations sociales. L'opposition aux approches classiques Néanmoins, le constructivisme est de plus en plus considéré comme le troisième paradigme des théories des relations internationales, et dénote indubitablement une contestation des postulats strictement matérialistes ou individualistes. Dès son premier article, publié en 1987, Alexander Wendt s'attaqua au néo-réalisme de Waltz, en soulignant son matérialisme et son individualisme réducteurs. [...]
[...] Tout un tissu préexistant de sens socialement construit forme le contexte de chaque interaction particulière. Aussi la plupart des constructivistes pratiquent-ils des méthodes interprétatives qui prennent en compte le contexte historique plutôt que la voie plus métathéorique de Wendt. Robert Cox notamment soutient qu'il n'est pas suffisant de présenter les faits sociaux et les normes (l'anarchie, la realpolitik, etc.) comme le fruit de constructions sociales. S'arrêter à ce constat revient à faire avorter l'analyse politique avant même qu'elle ne commence. [...]
[...] Rejetant la simple juxtaposition normes/intérêts, les constructivistes examinent les rapports qui les lient. Selon eux, les arrangements intersubjectifs constituent (et non simplement contraignent) les intérêts. Influencé comme l'ensemble de la communauté académique par la réduction des tensions observables à la fin de la guerre froide, Wendt s'interrogea, dans son 2è grand article, sur la nécessité de renforcer la coopération internationale, et sur les relations établies entre intérêts et identités. Il considère que les Etats peuvent définir leurs intérêts de manière convergente, ce qui revient à considérer que les structures internationales ne sont pas naturellement belligènes et qu'elles peuvent au contraire favoriser la concertation. [...]
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