Concept de nation, Ernest Renan, volonté Républicaine, identités nationales, Trente Glorieuses
On peut faire remonter l'idée de nation bien plus loin qu'au XVIIIe siècle ; utilisée dans les discours royaux pour mobiliser les populations contre un ennemi commun, une première définition en a été donnée par l'Académie Française en 1694. Elle désignait alors l'ensemble des habitants d'un même pays, vivant selon les mêmes lois et utilisant un même langage. Plus généralement, la nation avant le tournant de 1789 était vue sous l'angle de l'appartenance ethnique. Aussi les Juifs étaient-ils vus comme une nation à part entière et l'Université de Paris au XVe siècle divisée en quatre nation : la France, la Picardie, la Normandie et la Germanie.
[...] Le contexte de la mondialisation a en effet remis en cause l'État- Nation à la française, posant la question de son efficacité et de sa pertinence sur la scène internationale. Quelle légitimité a-t-il lorsque les compétences étatiques sont amenées à être redistribuées à d'autres niveaux comme c'est le cas avec l'Europe ? Ce débat qui a fait suite à la fin des Trente Glorieuses peut être aujourd'hui relativisé dans un contexte de crise qui remet en cause l'Union européenne et a pour conséquence un réveil des nations dans les différents pays. Que dire alors du concept français de la nation ? [...]
[...] Outre l'origine française du concept que l'on discutera, on peut également voir la nation comme recouvrant des conceptions plurielles parmi lesquelles il faut replacer la vision française. On peut faire remonter l'idée de nation bien plus loin qu'au XVIIIe siècle ; utilisée dans les discours royaux pour mobiliser les populations contre un ennemi commun, une première définition en a été donnée par l'Académie française en 1694. Elle désignait alors l'ensemble des habitants d'un même pays, vivant selon les mêmes lois et utilisant un même langage. [...]
[...] Serait-il amené à refaire surface ? Il est vrai que l'on note en France aussi un retour à un certain nationalisme et à une tentative de redéfinition de la nation, comme l'a montré le débat initié sous la présidence de Nicolas Sarkozy autour de l'identité nationale. Mais ce débat a été plus marqué par une définition négative de cette identité, résultant en une énumération de ce qui ne fait pas l'identité française plus que ce qui la forme, oubliant l'aspect contractuel de la nation française. [...]
[...] Autant d'éléments objectifs que Renan reprend dans son analyse, mais auxquels il ajoute la nécessité d'un principe spirituel et affectif. On peut donc soutenir qu'il existe une base européenne au concept de nation, qui se serait différencié par la suite du faire du contexte historique. Il ne faut pas en effet négliger le fait que la France s'est constituée en tant qu'État avant d'être une nation puisque l'effort de la IIIe République a été de former une unité notamment via l'École Républicaine et l'effacement des particularismes régionaux. [...]
[...] Ces deux visions vont se cristalliser autour de la question de l'Alsace-Moselle lors du conflit franco-prussien de 1870 et de deux guerres mondiales. Pour les Français, il suffit que les populations de ces régions aient le désir d'être françaises pour être intégrées au pays, tandis que pour la Prusse, ces populations font objectivement partie de la nation allemande de par leur langue, leurs coutumes etc. Dans cette opposition conceptuelle, on peut considérer que la création en 1918 de la Société des Nations qui consacre le droit des peuples à disposer d'eux même consacre du même coup la vision française puisque ce droit repose sur une volonté d'adhésion à une nation. [...]
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