La démocratie semble s'être développée en symbiose avec la modernisation de nos sociétés, et aujourd'hui la plupart des pays développés sont des démocraties.
Or la science se construit sur la controverse, qui est, comme la dit le sociologue des sciences Latour, un « débat ayant en partie pour objet des connaissances scientifiques ou techniques qui ne sont pas encore assurées. »
Cette polémique implique des scientifiques, mais aussi nombre d'autres acteurs qui possèdent des intérêts sur ces questions, des observateurs de la communauté scientifique, en faisant ainsi un débat démocratique ?
Car la démocratie se définit avant tout comme un régime politique dans lequel la souveraineté vient du peuple.
Pourtant aujourd'hui les citoyens semblent de plus en plus remettre en question les scientifiques et les expertises elles-mêmes.
[...] Dans ce cas-là, la controverse ne sert plus la démocratie, ou plutôt il n'y a plus de vraie controverse, donc plus de vraie démocratie. On en arrive à une dictature de l'opinion ou il n'est même pas concevable d'être de l'opinion opposée puisque c'est mal Donner le pouvoir au citoyen incompétent c'est la porte ouverte également à la manipulation, par les sentiments, mais aussi par les croyances, qui vont les guider à défaut d'arguments plus rationnels. Telles ou telles décisions vont en fait servir des idéologies, telle est le cas par exemple du cas des groupes créationnistes qui ont réussi à interdire dans certaines écoles aux États-Unis, l'enseignement de la théorie de l'évolution des espèces. [...]
[...] Finalement, la controverse n'est peut-être pas support de la démocratie en tant que telle, ou ce n'est pas en tout cas son but premier, son objectif. Cependant, la controverse se doit d'être support de la démocratie, car elle sous-entend des enjeux considérables pour les populations. Dans une démocratie, il apparait donc normal et légitime que les citoyens s'appuient sur ces controverses pour faire valoir leur pouvoir, faire vivre la démocratie, en participant au débat. Si le citoyen est incompétent, la solution n'est pas de l'exclure des controverses, mais bien de remédier à son incompétence, en favorisant le plus possible la vulgarisation des connaissances, la transparence des activités scientifiques, pour une participation rationnelle et réfléchie qui redonnerait son rôle premier au peuple. [...]
[...] La controverse scientifique ou l'apport au débat démocratique Le débat comme condition de la démocratie et de la science. La démocratie tout d'abord suppose le débat, la controverse permanente, pour son bon accomplissement. En effet une de ses bases est l'existence du pluralisme, avec les différents partis politiques qui luttent les uns contre les autres pour obtenir légitimement le pouvoir. Cette lutte suppose l'affrontement de différentes opinions, c'est-à-dire un débat, ou encore une dispute. La démocratie protège donc la liberté d'opinion et la liberté d'expression. [...]
[...] Si la démocratie permet la controverse, cela est aussi réciproque et la controverse va permettre la démocratie. En effet, nous l'avons vu, ces deux principes sont en fait indissociables. La controverse scientifique va donc nourrir et revivifier le débat démocratique, en y apportant de nouveaux éléments, et de nouveaux enjeux. C'est ainsi que les controverses scientifiques en démocratie sont extrêmement politisées. Les partis politiques qui s'opposent les uns contre les autres vont se ranger pour tel ou tel partit dans une controverse, pour mieux se démarquer les uns des autres. [...]
[...] Les politiques s'insèrent donc bien dans les controverses scientifiques, et prennent appui dessus. En témoignent par exemple le programme de l'UMP sur le développement durable, ou tout simplement l'existence même de partis écologiques dans plusieurs pays, avec en France, Europe Écologie les Verts par exemple. Les controverses scientifiques représentent ainsi un enjeu politique considérable, et l'État lui-même va donc financer la recherche sur des sujets qui l'intéressent tout particulièrement, favorisant ainsi les controverses. De plus, comme les arguments donnés dans les controverses servent à appuyer le débat démocratique entre les partis politiques, les résultats des controverses vont servir de base à plusieurs législations très importantes. [...]
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