En quoi assiste-t-on à une recomposition du clivage politique en France ?

Thèmes abordés

Clivage, Marine le Pen, Macron, souverainisme, UE Union Européenne, partis politiques populistes, écologie, cause politique, enjeux environnementaux, enjeux sociétaux, féminisme, mondialisation, idéologie, identité politique

Résumé du document

En science politique, un clivage est communément défini comme une opposition entre des positionnements idéologiques relativement stables et durables représentés par des organisations politiques et des électorats. Les différents positionnements politiques ont comme marqueurs les partis politiques qui révèlent et organisent les clivages.
Les clivages sont au coeur de l'analyse en science politique dont Lipset et Rokkan en sont des références théoriques.
Les catégories « gauche » et « droite », qui puisent leurs origines dans la Révolution française, permettent aux électeurs et aux élus de se repérer dans l'ensemble des acteurs et institutions politiques en identifiant des opinions politiques à la partie droite ou gauche du clivage, ce qui en fait une identité politique.

Extraits

[...] Le populisme Le populisme a instauré un autre clivage politique qui touche autant la France que les pays occidentaux en polarisant les organisations politiques et les électorats. Le populisme est souvent défendu et porté par des partis contestataires et hors système, avant de rentrer dans le jeu politique comme le RN, qui s'oppose aux partis dits du système et aux élites politiques en se faisant des défenseurs du peuple. Le nouveau clivage n'est plus gauche-droite mais peuple-élite, cette dernière ayant trahi ce peuple selon les populistes. [...]

[...] Ainsi, même si la gauche est plutôt progressiste par essence et la droite conservatrice par essence, chacune des deux forces politiques sont traversées en leur sein par un clivage sur les questions sociétales faisant de certaines forces de gauche des conservateurs et des forces de droite des progressistes. Exemple de forces de gauche plutôt conservatrice sur des questions sociétales : PCF et LO contrairement à LFI et NPA. Exemple de forces de droite plutôt conservatrice sur des questions sociétales : LR, Reconquête face à Renaissance et, en moindre mesure, le RN. [...]

[...] C'est la « France de l'ombre » face à la France qui réussit (La France sous nos yeux, Fourquet). Christophe Guilly dans son livre Les dépossédés évoque cette même idée : « Je cherchais, depuis longtemps, un terme pour parler de cette majorité ordinaire, un terme qui se distingue de la vision traditionnelle des mouvements sociaux, héritée du XIX[e] siècle. Nous ne sommes pas face à un mouvement social qui manifeste pour de nouveaux droits, mais face à une réaction à l'implosion de ce que l'on appelait la classe moyenne occidentale [HYPERLINK: https://www.lefigaro.fr/vox/societe/christophe-guilluy-une-majorite-de-la-population-se-sent-depossedee-de-tout-ce-qui-la-constituait-20221018]. [...]

[...] Les dernières élections présidentielles ont mis en exergue la crise des partis traditionnels avec un score cumulé de seulement pour LR et le PS. Le clivage des extrême gauche et droite Assisterions-nous à un clivage extrême gauche/extrême droite qui remplacerait progressivement le clivage gauche-droite ? On peut d'abord penser à la Loi du sinistrisme d'Albert Thibaudet qui montre que les partis politiques traditionnels de droite et de gauche sont constamment bousculés par les nouveaux acteurs politiques, souvent émergents à gauche, qui sont plus radicaux/extrêmes, ce qui pousse les partis traditionnels de gauche vers la droite. [...]

[...] Ces nouvelles organisations politiques ont fait de l'écologie une cause politique : c'est l'écologie politique. L'écologie comme cause politique se veut au-delà des clivages gauche-droite et même en dehors de la logique même du clivage gauche-droite, car lutter contre le réchauffement climatique, contre la pollution, contre la destruction de l'environnement se veut être un combat politique neutre idéologiquement donc ni de droite, ni de gauche. Klaus Von Beyme, politologue allemand, a montré que l'écologie est un facteur de clivage, car même si les constats sur l'environnement sont partagés par quasiment l'ensemble du personnel politique et des citoyens, les mesures à prendre et les réponses a apporté sont divergentes ce qui crée des clivages. [...]