"Abstentionnistes, premier parti de France". Voilà un dicton qui n'a jamais paru plus pertinent que ces 20 dernières années. Dans l'hexagone, tous les records d'abstention ont été battus au cours des 15 dernières années, que ce soit aux élections locales, nationales ou encore européennes. En guise de point d'orgue, le 21 avril 2002 voit un taux record de l'abstention au 1er tour, atteignant 27,5% du corps électoral, et ce pour l'élection traditionnellement la plus mobilisatrice, l'élection reine de la Ve République, la présidentielle.
La question de ceux qui ne votent pas est au cœur de la thématique de la crise de la démocratie représentative. Et à ceux qui s'abstiennent, il faut ajouter ceux qui votent blanc ou nul même si d'une certaine façon ils font l'action du vote. Il faut aussi compter les non-inscrits qui sont bien souvent ignorés, puisque les taux d'abstention se calculent sur la base des inscrits. Cela revient à considérer les non-inscrits comme hors du paysage politique. Ce recul de la participation aux urnes est le témoignage d'un malaise de la démocratie représentative française. On constate un certain affranchissement du devoir civique, la relation au vote perd de sa force. C'est une tendance lourde de sens, puisque le devoir civique est associé au contrat social est que donc, en se mettant hors-jeu, on se met en quelque sorte hors de la société.
Comment expliquer que chaque année, un peu plus de citoyens rejoignent le camp de ceux qui ne votent pas? Se poser la question de ceux qui ne votent pas implique de se focaliser sur les comportements de ces citoyens qui se mettent en retrait. S'agit-il d'une démission totale, ou partielle? S'agit d'un phénomène transitoire, lié à une conjoncture difficile? Par ailleurs, quelle est la signification de ce comportement? Tous les abstentionnistes sont-ils assimilables?
S'il existe une abstention structurelle, permanente qui parce qu'elle stagne n'explique pas les hausses record d'abstention de ces 20 dernières années, une forme d'abstention intermittente se développe chez une population des plus variée. Enfin, il est important de faire le point après les derniers rendez-vous électoraux de 2007. Peut-on parler d'un renouveau démocratique après l'apparente réconciliation des électeurs avec les urnes lors de la présidentielle?
[...] En juin 2004, ce sont 54,4% des électeurs européens qui n'ont pas fait le déplacement pour les élections européennes. En 1979, ils n'étaient que 37%. Bibliographie - Dominique Andolfatto, Quand les abstentionnistes s'expriment Revue Politique et Parlementaire, n°960, juillet-août 1992 François Héran, Voter toujours, parfois . ou jamais pp. 351- 367 in Bruno Cautrès et Nonna Mayer (dir.), Le nouveau désordre électoral. Les leçons du 21 avril 2002, Paris, Presses de Science Po - Jérôme Jaffré, Anne Muxel, S'abstenir : hors du jeu ou dans le jeu politique ? [...]
[...] - Beaucoup de nouveaux inscrits: Pour les scrutins présidentiel et législatif de 2007, plus de 42 millions de Français étaient inscrits sur les listes électorales de France métropolitaine, soit 3 millions de plus qu'au printemps 2002. - Participation active des nouveaux inscrits, surtout des jeunes. - Taux d'abstention très nettement à la baisse Seuls des inscrits n'ont pas participé au premier tour de ce scrutin, autant au second tour. Ces taux d'abstention sont parmi les plus faibles de la Ve République. Toutes les générations votent davantage au 1er tour des présidentielles de 2007 (source Insee) B. [...]
[...] Certains se trouvent alors désemparés, estimant qu'il n'existe plus de choix clair. Beaucoup sont des déçus de la droite et de la gauche à la fois. Ce phénomène n'est pas étranger à l'installation de la cohabitation qui a brouillé le paysage politique français et mis en danger le jeu de l'alternance. A la fin des cohabitations les électeurs ne pouvant se réfugier dans le rejet classique des sortants, se sont parfois réfugiés dans cette abstention d'errance, voire dans le vote aux extrêmes. [...]
[...] Certains citoyens continuent de voter, par sens du devoir civique, mais déclarent envisager de se ranger dans le camp des abstentionnistes. Rappelons ensuite qu'il y a des différences nettes entre les scrutins. L'électeur est plus enclin à participer s'il perçoit l'utilité de son vote. Certains échelons sont donc délaissés. Ainsi, les cantonales et les européennes sont nettement délaissées, les municipales et présidentielles suscitent plus d'intérêt. Il est important aussi que le choix soit clair, qu'il y ait un certain antagonisme au sein de l'offre politique. [...]
[...] Quels enseignements peut-on en tirer? Et bien, à l'inverse de ce que l'on avait pu envisager après les présidentielles, c'est la preuve que l'abstentionnisme intermittent est installé, et bien installé. Regarder ponctuellement un chiffre de l'abstention n'a aucun sens. Il est important de considérer les tendances sur un ensemble d'élections, sur un temps plus long. En effet, par une offre renouvelée, plus jeune, et surtout une campagne plus dynamique, la présidentielle de 2007 a suscité ponctuellement l'intérêt. Les électeurs ont, à l'inverse de 2002 perçu l'enjeu de cette élection. [...]
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