En soixante ans, l'Italie, obscure « expression géographique » selon la formule de Metternich de 1815, devient le modèle de la victoire de la nationalité inscrite dans l'histoire et la civilisation par la constitution d'un Etat Nation en 1870. Avec celle de l'Allemagne, l'unité italienne est un exemple flagrant du triomphe des idéaux de la révolution et du désaveu de l'Europe de Vienne. Pourtant, cette unité a été longue et difficile et la foi de ses acteurs est souvent ambiguë, changeante… C'est pourquoi l'unité italienne revêt-elle différents aspects : elle est une poussée démocratique révolutionnaire ou un succès d'une politique pragmatique des modérés, ou encore le résultat d'intenses luttes d'influence entre dynasties. S'il faut trois guerres d'indépendance et beaucoup d'interventions extérieures, l'unité italienne consacre tout de même le triomphe de l'Etat nation, des idéaux révolutionnaires et la chute imparable de l'ordre viennois. Seulement pour unifier, il faut des chefs mais aussi une idéologie et des ennemis.
Sur quels enjeux se confrontent les acteurs de l'unité italienne de 1815 à 1870 ? Quels sont les dynamiques décisives à son accomplissement ?
Les enjeux de l'unité sont pluriels. Tout d'abord, le retard de l'Italie gène son affirmation nationale (I). L'idéologie unitaire se répand donc dans une élite intellectuelle d'influence française (II). Enfin, l'unité se scelle par une conjoncture politique favorable à l'intérieur comme à l'extérieur (III).
[...] Celles-ci se montrent étonnamment passives à l'heure des bouleversements politiques. Le pouvoir temporel du pape s'étend sur un tiers du territoire italien et la population lui sait gré de son despotisme teinté de paternalisme. La modernisation, amorcée par les Français touche le secteur de l'agriculture qui se développe et se perfectionne mais elle ne s'étend pas à l'industrie : l'Italie reste profondément rurale et paysanne. Ainsi, malgré l'existence indéniable d'une culture et d'une civilisation communes, la formation de l'identité italienne dans les populations paysannes est difficile et lente. [...]
[...] Le mouvement unitaire s'inscrit alors pleinement dans le courant romantique politisé qui traverse l'Europe du XIXème siècle : c'est au nom des libertés fondamentales et de l'épanouissement de l'identité nationale que la lutte pour l'indépendance se développe. Ainsi, en 1831, Mazzini, républicain réfugie à Marseille d'où il fonde la Jeune Italie une société secrète d'exilés et d'anciens carbonaris fomente des soulèvements qui échoueront tous. Son patriotisme est teinté de morale et de religion et s'inspire des idéaux démocrates. Aussi sa devise est-elle Dieu et le peuple En 1834, il fonde depuis la Suisse le mouvement Jeune Europe afin d'inscrire la lutte pour l'indépendance italienne dans une dynamique au moins européenne de fraternité entre les peuples. b. [...]
[...] Camille Benso, comte de Cavour est un libéral passionné d'économie politique. Il voyage à travers l'Europe industrielle et admire particulièrement la France et la Grande-Bretagne. Il montre une hostilité assez tranchée pour l'intervention de l'Eglise dans la politique. Il est rédacteur du journal Il Risorgimento dès 1847, participe à la rédaction de la constitution du Piémont, le Statuto de 1848, et est pour la guerre contre l'Autriche. Il est l'ennemi des aristocrates et des démocrates. Aussi se maintient-il dans un juste milieu qui lui permet d'emporter l'adhésion de l'opinion en 1848 afin de l'emporter dans le Piémont brisé par la guerre et instable suite à l'abdication du roi Charles Albert en mars 1849. [...]
[...] Contraints à une relative autarcie, les Etats italiens n'échangent peu ou pas. La bourgeoisie d'affaire milanaise ou toscane vante dès lors une solution nationale aux problèmes économiques : la division devient la cause des maux du pas et l'unité le seul moyen d'en venir à bout. Ceux réunis en grands congrès scientifiques à Turin en 1840 ou à Venise en 1845 revendiquent la fin des entraves douanières ou l'union monétaire. L'interdiction au sujet du Pape de se rendre à ces congrès ou encore le renforcement de la surveillance autrichienne révèlent le poids politique important de cette progression économique dans la formation de l'esprit national. [...]
[...] La France apparait être la seule alliée malgré des fragilités a. Aux origines du Risorgimento : un idéal romantique de révolution Il s'agit de lier la conquête de l'unité à une lutte contre le despotisme. Le Risorgimento, de l'italien risorgere (resurgir) se veut la renaissance d'une Italie libre et indépendante dans le souvenir mythifié du passé glorieux de l'Italie romaine. Il est un mouvement politique mais aussi un idéal romantique et artistique, littéraire et philosophique qui se colore d'une teinte libérale voire républicaine derrière Mazzini et les écrivains romantiques épousent la cause nationale. [...]
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