Qui milite? Comment?

Résumé du document

Les périodes d'élections que nous traversons sont propices à une réflexion sur l'action collective. Le militant apparaît comme une figure charnière des campagnes électorales : il donne du poids aux réunions partisanes, organise le collage d'affiches, la distribution de tracts…Néanmoins, si le phénomène collectif existe depuis plusieurs siècles, ce n'est qu'en 1951 que les militants apparaissent dans une étude de science politique, Les Partis politiques de Maurice Duverger. Il y distingue les électeurs, les sympathisants, les adhérents et les dirigeants. Militer, c'est agir pour ou contre une cause et tenter de rallier autrui à ses convictions. Dès lors, nous pouvons nous demander qui milite et comment : qu'est-ce qui pousse un individu à user de son temps et de sa personne pour défendre une idée ? Par quel biais la revendication est-elle exprimée ? Afin d'y répondre, nous nous arrêterons d'une part sur la mobilisation du groupe par la fédération des intérêts (I), avant de nous intéresser, d'autre part, à la délimitation nécessaire des moyens d'action (II).

Extraits

[...] Qui milite ? Comment ? Introduction Les périodes d'élections que nous traversons sont propices à une réflexion sur l'action collective. Le militant apparaît comme une figure charnière des campagnes électorales : il donne du poids aux réunions partisanes, organise le collage d'affiches, la distribution de tracts Néanmoins, si le phénomène collectif existe depuis plusieurs siècles, ce n'est qu'en 1951 que les militants apparaissent dans une étude de science politique, Les Partis politiques de Maurice Duverger. Il y distingue les électeurs, les sympathisants, les adhérents et les dirigeants. [...]

[...] Certaines mobilisations semblent donc difficiles. Dès lors, les individus s'appuient sur un répertoire d'actions collectives connu, dont ils sont capables de mesurer les contraintes, les avantages et les retombées. En outre, un même moyen d'action peut être interprété différemment selon le groupe qui l'emploie. Ainsi, la grève de la faim paraît être le seul recours des sans-papiers, mettant en avant la dimension physique du conflit, tandis que lorsque ce moyen de pression est utilisé par des individus disposant d'un capital politique, social, économique et symbolique (maires, préfets, députés, sénateurs c'est avant tout la dimension morale qui est mise en valeur. [...]

[...] Le groupe militant doit être appréhendé davantage comme un réseau relationnel, un ensemble de rapports sociaux. Il résulte de la recomposition des intérêts originels, des situations, des expériences de chacun, dans leur diversité. Cela peut nous amener à nous demander comment l'on passe de l'intérêt d'un groupe à la formation de véritables groupes d'intérêt. - La France conteste, de 1600 à nos jours, C. Tilly - Les Partis politiques, M. Offerlé - Les logiques de l'action collective, M. Olson - Le cens caché, D. [...]

[...] Entre 1650 et 1850 prévaut le modèle communal patronné. L'action collective s'exprime à travers des formes aussi variées que les sabotages, cortèges, charivaris, ou le recours à une figure emblématique du village (prêtre, notable). La période 1850-1980 emprunte en revanche la voie des revendications durables, comme les grèves, manifestations, pétitions, création de syndicats, occupation de bâtiments publics, médiatisation des conflits Aujourd'hui, les groupes s'inscrivent de plus en plus dans une démarche de rationalisation des mouvements, notamment par une recours croissant aux expertises politiques, scientifique, sociologiques, ou à l'organisation de colloques. [...]

[...] C'est ce calcul rationnel dont se prévaut M. Olson dans son analyse économiste du free rider ou passager clandestin Selon lui, l'individu agit de façon pragmatique en évaluant ce que va lui coûter et ce que peut lui rapporter la mobilisation. Ainsi, aux questions Qui milite ? Comment ? Olson apporte une réponse théorique fondée sur le calcul des avantages retirés du militantisme. Cette approche a été critiquée pour son aspect caricatural des conduites humaines, précisément parce que les formes de mobilisation n'engagent pas que la Raison. [...]