La nuit a longtemps été appréhendée comme un espace-temps dédié au repos social et relevant de la sphère privée. Largement ignorée des politiques publiques, la nuit constitue donc une parenthèse temporelle dans le droit, les services et les outils d'urbanisme qui occultent les espaces urbains dans leur dimension nocturne. Bien plus que “l'envers du jour”, la nuit est pourtant une temporalité singulière qui ne génère pas les mêmes pratiques qu'en journée.
L'intensification de la vie nocturne, liée à aux évolutions techniques, économiques et sociales ont conduit récemment les gouvernements locaux à s'investir dans la gestion de la ville la nuit. “Faire le jour” sur cette gestion invite donc à dépasser le simple recensement des acteurs multiples qui interviennent pour gérer la nuit. Il s'agit plutôt, dans cette note, de s'interroger sur la manière dont la puissance publique a progressivement entrepris de gérer la nuit, que certains assimilent à une « dernière frontière » à conquérir tout en décryptant les caractéristiques de la gestion urbaine nocturne et les instruments qu'elle requiert.
[...] Bien plus que “l'envers du la nuit s'inscrit pourtant comme une temporalité singulière qui ne génère ni les mêmes pratiques ni les mêmes parcours dans la ville qu'en journée. L'émergence du concept de temporalité depuis quelques années dans le champ des politiques publiques européennes et le changement simultané des structures socio- économiques conduisent de plus en plus les gouvernements urbains à prendre en compte cette spécificité pour se saisir de la question nocturne.“Faire le jour” sur la gestion de la ville nocturne invite donc à s'interroger sur les manières dont la puissance publique nationale ou locale a entrepris de réguler la nuit que certains assimilent à une frontière, voire à une dernière frontière à conquérir. [...]
[...] Le volet nuit du groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) sur le secteur Château Rouge-Goutte d'Or illustre cette volonté de travailler en commun sur cet espace-temps si particulier qu'est la nuit. Cet outil, déclinaison territoriale du contrat parisien de sécurité, permet d'impliquer de nombreux partenaires sur un projet commun relevant de la sécurité, mais aussi de la prévention et de la médiation. Municipalité, police, justice, associations et bailleurs ont ainsi défini ensemble les actions prioritaires pour gérer efficacement et de manière transversale les nuits de la Goutte d'Or Conclusion Pour gérer les conflits d'usage nocturnes comme pour développer l'attractivité de leur territoire, les gouvernements urbains ont été conduits à s'investir dans la gestion de la nuit en supplantant parfois d'autres acteurs. [...]
[...] Mais la nuit comme la ville ne sont pas des entités homogènes. Entre la ville qui s'amuse la ville qui travaille et la ville qui dort les interventions sont plurielles et les conflits d'usages nocturnes ne manquent pas. Notre propos n'est donc pas de livrer ici l'inventaire, difficilement exhaustif, des multiples acteurs (publics, privés, locaux, nationaux ) amenés à gérer les différentes facettes des nuits urbaines (culture, économie, transports, affaires sociales, sécurité et prévention Nous souhaitons plutôt souligner les grandes tendances qui font évoluer la gestion nocturne de la ville. [...]
[...] Ces nouveaux instruments de l'action publique locale nocturne témoignent aussi d'une nouvelle façon de gérer les problèmes transversaux et multiformes de la nuit La nuit objet polymorphe, appelle une gestion multi-level Vers une gouvernance urbaine de la nuit ? La prise en compte de la nuit fait émerger une réalité urbaine nocturne polymorphe qui interroge les modèles de coopération à travers lesquels l'action publique se construit. Entre la ville festive répartie en pôles, la ville marché (magasins nocturnes, épiceries), la ville qui dort et la ville des marges (prostitution, sans-abri), la gestion de la nuit suppose de renouveler les instruments de l'action publique. [...]
[...] Se faisant, la puissance publique prend de plus en plus le pas sur les modes de gestion historiques de la nuit. D'une gestion sociale à une gestion politique de la ville la nuit S'intéresser à la gestion de la ville la nuit invite à s'interroger sur les modes de régulation au sein de cet espace-temps particulier, c'est- à-dire sur les acteurs en charge du mode de coordination des diverses activités nocturnes, de l'allocation des ressources en lien avec ces activités, et de la structuration des conflits. [...]
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