Comme l'ont montré les très vifs débats entre pouvoirs publics, collectif d'historien ou autres experts et associations militantes, engendrés par l'adoption de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, la question coloniale, en France comme ailleurs, est loin d'être tranchée, tant elle produit encore aujourd'hui d'effets sociaux et sociétaux, chez les colonisés comme chez les colonisateurs.
Les buts de l'approche postcolonialiste en sciences sociales, dont l'identification de l'orientalisme et les subaltern studies sont des courants majeurs, consistent en un dépassement ou en une déconstruction du système colonial et des effets qu'il produit encore aujourd'hui (dont les plus évidents sont le racisme et l'impérialisme occidental). Cette entreprise passe notamment par ce qu'Edward Said (académicien d'origine palestinienne et auteur de Orientalism, 1978) nomme la déconstruction de la prose colonial, c'est-à-dire l'éradication des préjugés, des symboles et des représentations qui ont accompagné et constitué l'entreprise coloniale et qui persistent aujourd'hui, ou bien encore ce qu'Achille Mbembe (universitaire d'origine camerounaise et figure éminente du courant post-colonialiste) appelle la « décolonisation des structures psychiques du pouvoir ». Le courant post-colonialiste entend également donner de la place à la voix des dominés ou subalternes, trop souvent étouffée par les idéologies dominantes. L'espoir qui sous-tend cette démarche, selon Achille Mbembe dans un entretien avec la revue Esprit, serait l'avènement d'une communauté fraternel universel, dans un monde débarrassé des pesantes conséquences de l'héritage colonial.
[...] L'orientalisme comme pratique discursive avec pour horizon idéologico-politique la justification et la légitimation de certains rapports de domination (aussi bien au niveau international que national) semble donc toujours d'actualité. Edward Said a également attiré l'attention sur l'attitude de certains chercheurs qui font peu de cas des points de vue et des représentations des sujets qu'ils étudient, leur préférant des sources, à leurs yeux, plus légitimes intellectuellement, ouvrant ainsi la voie au courant des subaltern studies. L'une des principales critiques du travail de Said vient du fait qu'il ne soit pas toujours parvenu à rendre compte de la diversité des opinions et des points de vue qui ont coexisté en Europe parmi les chercheurs qui se sont intéressés à l'orient. [...]
[...] Cette entreprise passe notamment par ce qu'Edward Said (académicien d'origine palestinienne et auteur de Orientalism, 1978) nomme la déconstruction de la prose coloniale, c'est-à-dire l'éradication des préjugés, des symboles et des représentations qui ont accompagné et constitué l'entreprise coloniale et qui persistent aujourd'hui, ou bien encore ce qu'Achille Mbembe (universitaire d'origine camerounaise et figure éminente du courant post- colonialiste) appelle la décolonisation des structures psychiques du pouvoir Le courant post-colonialiste entend également donner de la place à la voix des dominés ou subalternes, trop souvent étouffée par les idéologies dominantes. L'espoir qui sous-tend cette démarche, selon Achille Mbembe dans un entretien avec la revue Esprit, serait l'avènement d'une communauté fraternel universel, dans un monde débarrassé des pesantes conséquences de l'héritage colonial. Je vais donc vous présenter ces deux approches post-modernistes (influencés notamment par les travaux de Foucault et de Derrida) que sont la critique de l'orientalisme et les subaltern studies, leurs apports conceptuels dans le champ des théories post-coloniales et leurs limites. [...]
[...] Les membres du Subaltern Studies Group rejette cette vision et se sont consacrés dans les six volumes concernant l'histoire de l'Inde à souligner le rôle des subalternes, des masses, comme acteurs des changements socio-politiques, notamment à travers la description d'émeutes ou de manifestations, ainsi que des discours et des pratiques rhétoriques qui entourent et déterminent ces événements. La démarche des subaltern studies est donc celle d'une histoire par le bas également caractérisé par l'effort qui y est fait de replacer tous les événements dans leur contexte local. [...]
[...] L'orient formait ainsi dans la symbolique occidentale un autre homogène et opposé, ainsi au caractère irrationnel, arriéré et sauvage de l'orient correspondait par opposition la rationalité, la modernité et la civilité occidentale. Ces représentations largement diffusées en Europe ont donc conditionné le phénomène d'expansion européenne, non seulement parce qu'elles véhiculaient la thèse d'une supériorité de la culture occidentale en Europe, mais également parce que ces représentations ont été intériorisées par les élites arabes ou orientales. Cette vision aurait notamment servi, selon Said, la constitution d'une identité européenne plus homogène. [...]
[...] Apports et limites Le concept d'orientalisme tel que développé par Edward Said a eu un très grand retentissement dans le champ des études post-coloniales, et dans les sciences sociales plus généralement. Son ouvrage majeur, Orientalism, a fait l'objet de nombreux commentaires et de nombreuses critiques. Et trente années après sa parution il se révèle, sous bien des aspects, encore pertinent. Ses recherches ont tout d'abord permis de mettre en lumière l'ethnocentrisme qui avait jusqu'ici caractérisé les travaux occidentaux sur le monde oriental, et comment ces préjugés devaient être considéré dans leurs interdépendances avec les processus de colonisation, de conquête impérialiste et d'ancrage du racisme dans nos sociétés occidentales. [...]
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