Le chiisme, plus ancienne scission de l'orthodoxie sunnite, est aujourd'hui la plus importante minorité religieuse des courants de l'Islam. On estime en effet leur nombre à entre 10 et 15% de la population musulmane totale, soit à peu près 200 millions d'individus principalement répartis dans trois pays où ils représentent le groupe religieux majoritaire : l'Iran, l'Azerbaïdjan, l'Irak et Bahreïn.
La nature profondément politique du chiisme remonte aux racines de la division de l'Oumma au XIIe siècle. C'est en effet une querelle sur la succession de Mahomet qui met en place le principal antagonisme religieux du monde islamique : à la mort du Prophète, ses plus proches fidèles, se réunissent pour enterrer la dépouille avant de se diriger vers La Mecque pour élever par élection populaire Abu-Bakr, un des plus fidèles lieutenants du défunt, au rang de calife, soit successeur spirituel de Mahomet.
Il s'agit de se demander dans ce travail comment le la religion chiite a su, au travers de son long statut de potentialité politique, construire un paradigme étatique qui paraît arriver trop tard pour fédérer les sociétés perses et arabes aujourd'hui.
[...] Ainsi, le chiisme est-il une intrinsèquement une religion d'Etat qui n'a que récemment réussi à produire son projet théologico-politique. Mais la construction de ce paradigme s'est heurtée aux apories des conceptions religieuses (millénarisme et théologie politique) qui le rendent de plus en plus visiblement instable. Ce mouvement, semblable aux régimes quasiment laïcisés de l'ouest du Moyen-Orient, ne semble toutefois pas se passer aussi rapidement en Iran qu'au Maghreb ou au Proche-Orient : la question théologico-politique est posée depuis trop longtemps par le chiisme pour que les mollahs concluent à l'échec après seulement 30 ans d'expérimentation pratique. [...]
[...] Le pouvoir islamique (et particulièrement dans le chiisme) est extrêmement centralisé autour de la figure de l'amir, du chef, dont le rôle est de guider la communauté. Il est conseillé en cela par un corps de philosophes-théologiens membres d'un clergé institutionnel dont les plus hauts membres sont les ayatollahs. De plus, il peut faire appel à une forme limitée de consultation populaire, la shura, dont les Etats à majorité musulmane actuelle empruntent parfois le titre pour désigner leur parlement (au Pakistan notamment). [...]
[...] Il décrit ainsi aussi bien les impératifs quotidiens de la vie du fidèle que les organisations sociales, religieuses et politiques de l'Etat islamique. Ainsi, le Coran décrit la cité idéale de façon globalisante comme un lieu où les musulmans seraient capables d'être bons, l'Etat n'étant ainsi considéré que comme un outil de la moralité sociale. C'est ce que l'islamologue Olivier Roy nomme l'aporie originelle du système politique islamique : l'Etat n'existe que pour permettre l'accomplissement moral de la société de même que la société doit exister pour garantir la moralité du souverain. [...]
[...] La question politico-théologique dans le chiisme Le chiisme, plus ancienne scission de l'orthodoxie sunnite, est aujourd'hui la plus importante minorité religieuse des courants de l'Islam. On estime en effet leur nombre entre 10 et 15% de la population musulmane totale, soit à peu près 200 millions d'individus principalement répartis dans 3 pays où ils représentent le groupe religieux majoritaire : l'Iran, l'Azerbaïdjan, l'Irak et Bahreïn. La nature profondément politique du chiisme remonte aux racines de la division de l'Oumma au XIIème siècle. [...]
[...] Mais la plus remarquable structure politique chiite crée avant les temps modernes est certainement l'Empire fatimide dont les souverains sont issus de la tradition théologique ismaélienne (qui se sont séparés des futurs duodécimains au 10ème imam). Cette branche du chiisme est extrêmement différente du duodécimanisme, par plusieurs aspects : elle est bien plus introspective, mystique et accorde une importance limitée au Madhi. Il y a donc eu un véritable Etat ismaélien chiite aux frontières de l'Iran et de la Syrie autour du IXème siècle qui a essaimé sur le pourtour méditerranéen. [...]
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