Au Canada, et d'avantage encore au Québec, la question linguistique est au cœur de la vie politique depuis des décennies. Synonymes d'indépendance culturelle pour les Québécois et enjeux déterminants de l'unité du pays pour Ottawa, les politiques linguistiques relatives à la langue française jouent un rôle décisif dans l'élaboration d'une vision nationale. Depuis le XIXè siècle, le français, fortement influencé par l'anglais, fait l'objet d'une préoccupation croissante au sein de l'élite québécoise. Des associations consacrées à la promotion du bon parler français et à la défense des valeurs canadiennes-françaises sont créées, mais restent impuissantes à freiner la dégradation de la langue. En décembre 1960, Jean-Marc Léger, journaliste, éditorialiste et haut fonctionnaire québécois estime « qu'il nous reste peut-être dix ou quinze ans si nous voulons faire un effort sérieux pour restaurer la langue française et, conséquemment, la sauver, sinon elle deviendra une sorte de patois dont nous aurons honte [...], une petite langue familiale et à saveur folklorique qui ne servira plus vraiment comme véhicule de pensée chez nous » . Ces propos traduisent bien l'inquiétude qui anime alors la société québécoise francophone quant à l'avenir de sa langue maternelle mais aussi quant à la propre survivance de sa culture. On peut alors se demander dans quelles mesures la langue française au Québec participe-t-elle à la construction d'un projet national pour la province ?
[...] Bourhis Revue d'aménagement linguistique, hors série : l'aménagement linguistique au Québec ans d'application de la Charte de la langue française. Publication de l'office québécois de la langue française. Laurin, Camille Charte de la langue française La revue canadienne de sociologie et d'anthropologie Laurin, Camille Une presque Amérique au visage français Accueil et liaisons francophones, Bulletin mensuel d'information, septembre- octobre 1978, numéro 13. Léger, Jean-Marc La langue au cœur de notre destin Action Nationale, (juin 2002) Trudeau, Pierre-Elliott, mars 1961, Cité Libre, XII Woehrling, José Convergences et divergences entre fédéralisme et protection des droits et libertés : l'exemple des Etats-Unis et du Canada Revue de droit de McGill 21 Sites Internet Gouvernement du Canada, Bureau du conseil privé : http://www.pco-bcp.gc.ca/ Gouvernement du Québec : http://www.gouv.qc.ca/ Office Québécois de la Langue Française : http://www.oqlf.gouv.qc.ca/ Télévision de Radio-Canada, Emission Premier Plan diffusée le 12 décembre 1960 : http://archives.radio-canada.ca/IDC-0-17-1300- 7517/politique_economie/loi_101/ Camille Laurin, Charte de la langue française La revue canadienne de sociologie et d'anthropologie (1978). [...]
[...] Les Québécois se sont réellement appropriés le français et reconnaissent le particularisme de leur société dans l'adaptation qu'ils ont faite de cette langue. La maîtrise du français par l'ensemble des citoyens constituera toujours un idéal à atteindre. Si le débat autour de la qualité de la langue demeure toujours vif au Québec, c'est bien que le public continue à accorder beaucoup d'importance à cette question. Les Québécois sont fiers de leur langue et tiennent à son statut. Mais on peut se demander s'ils sont encore disposés à s'investir pour la défendre et la promouvoir, comme ils l'ont fait au cours des années 1960 et 1970. [...]
[...] Les médias accumulent les fautes de grammaire et de syntaxe, les anglicismes, les erreurs de niveaux de langue et les maladresses de style. Les téléromans populaires dont la langue est par nature familière, ne se soucient guère des fautes en tout genre et la plupart des publicités sont rédigées dans une langue peu soignée et racoleuse[62]. La qualité de la langue se définit par rapport à une norme[63]. C'est cette norme du français international que l'Office de la Langue Française tente de définir et de promouvoir. [...]
[...] D'autres décisions judiciaires se réfèrent à la Charte des droits et des libertés introduite dans la constitution rapatriée de 1982. L'article 23 énonce que tout citoyen canadien instruit en français ou en anglais ou dont les enfants ont commencé à être instruit dans l'une des deux langues a droit à l'enseignement dans cette langue dans toutes les provinces[39]. Cet article rend inconstitutionnelles les clauses de la loi 101 relatives à l'enseignement anglophone. En 1984, les deux protagonistes du duel des années 1970 ont disparu de la scène politique : Trudeau en juillet 1984, Lévesque en septembre 1985. [...]
[...] Leur avenir démographique repose en conséquent sur l'anglicisation et la francisation de l'immigration internationale canadienne, celle-ci étant désormais très largement allophone (c'est-à-dire d'une autre langue maternelle que l'anglais ou le français)[20]. La population francophone prend alors conscience de la nouvelle donne démographique et de l'ampleur du défi qui en découle. La tâche jugée irréalisable dans le cadre canadien, les francophones se tournent alors vers le gouvernement provincial, ce qui a puissamment contribué à l'émergence d'un mouvement souverainiste au Québec. De canadien- français le nationalisme en devient proprement québécois Face à toutes ces menaces, la défense du français devait se redéfinir et s'affirmer avec plus de force que dans le passé. [...]
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