Politique contemporaine, esthétisation, Hannah Arendt, John Rawls, culture
Selon la philosophe allemande Hannah Arendt, la culture et son côté esthétique se rapprochent beaucoup de la politique. Dans les deux cas, l'on a besoin d'une scène sur laquelle monter pour faire une performance, et le partager avec d'autres personnes, avec son public. Cependant, comme le constate très justement et finement John Rawls, l'on assiste aujourd'hui dans la politique à « un spectacle de fort mauvais goût ». Il est donc clair que l'idée d'associer la politique avec l'esthétique ne va pas de soi, et que des efforts pour établir un parallèle logique entre les deux notions sont forcément quelque chose de controversé.
[...] En ce sens, la culture, beaucoup plus permanente que la simple existence humaine, passagère, permettrait de donner du sens de l'existence en commun à une communauté donnée, ainsi qu'une certaine stabilité. Lorsque le jugement ne peut plus se faire dans le domaine du politique, il passe à celui de la culture. Il faut cependant nuancer ici l'enthousiasme d'Arendt, pour ne pas tomber dans le piège de la tendance à l'universalisation de la norme occidentale et européocentriste, en jugeant que les cultures qui ne s'adaptent pas à la vision occidentale comme inférieures, pas aussi humaines que la nôtre (Rorty, 1994). [...]
[...] Celle-ci explique que, dans nos sociétés, les espaces publics où se donnent de vrais débats d'idées sont en voie de disparition. En effet, elle explique que la politique a cessé d'être une activité publique à la recherche de la liberté, pour devenir une activité dont le but principal est de gérer les besoins humains. Dans une telle logique, la politique n'est plus un espace de discussion, et elle passe à s'insérer dans une logique productiviste. C'est dans ce contexte qu'un rapprochement avec la culture se pose comme une option possible. [...]
[...] A partir de cet exemple, l'on peut donc bien comprendre que le discours, la mise en scène, pour plus esthétique qu'elle soit, ne peut jamais substituer l'action sur le terrain. Au-delà de ces limitations pratiques, certains philosophes pragmatiques, à l'instar de Rawls, considèrent même qu'il n'y a plus beaucoup de sens à avoir recours à la culture et au côté esthétique pour nous interroger qui nous sommes en réalité, quelle est l'essence de l'humanité. En effet, ils considèrent que, depuis Kant, l'homme a prouvé, à de nombreuses reprises, qu'il est un animal particulièrement méchant. [...]
[...] En effet, l'arène politique, esthétisée, centrée sur le spectacle et les messages scandaleuses à transmettre aux électeurs, est devenue un clair exemple de comment une obsession excessive avec le côté esthétique peut avoir un très mauvais impact sur l'action politique, qui se perd dans l'horizon. Il s'agit d'une des critiques les plus fortes à l'esthétisation de la politique : plus l'on se concentre sur la beauté des discours, moins l'on agit réellement. Un autre exemple pratique peut être celui des gouvernements populistes dans de nombreux pays de l'Amérique latine. Pour ne donner qu'un seul exemple, l'on peut citer le gouvernement actuel du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador. [...]
[...] Quel bilan tirer de la tendance de la politique contemporaine vers l'esthétisation et le spectacle ? Qu'est-ce qui ne va pas avec l'esthétisation de la politique ? Introduction Selon la philosophe allemande Hannah Arendt, la culture et son côté esthétique se rapproche beaucoup de la politique. Dans les deux cas, l'on a besoin d'une scène sur laquelle monter pour faire une performance, et le partager avec d'autres personnes, avec son public. Cependant, comme le constate très justement et finement John Rawls, l'on assiste aujourd'hui dans la politique à « un spectacle de fort mauvais goût ». [...]
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