Construction de l'état nation en Suisse, Anne-Marie Thiesse, Carl Hilty, Oliver Zimmer, Antoine Chollet, Hanspeter Kriesi, Europe, conceptions de la nation, état fédéral, nationalisme civique
Le phénomène d'État-nation semble aujourd'hui naturel au point qu'il est difficile d'imaginer un monde où les notions d'étrangers et de nationaux n'existeraient pas. Pourtant, dans la plupart des cas, la notion d'État est antérieure à la nation. Le nationalisme apparaît en Europe au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Il fit l'objet de nombreuses oppositions au sein d'états refusant un État central.
Le cas de la Suisse nous fournit un bon exemple. De vives tensions opposent les conservateurs catholiques défendant la confédération d'États en place aux libéraux protestants voulant quant à eux mettre en place un État fédéral. Les tensions sont à leurs apogées lorsqu'éclate en 1847 une guerre civile appelée guerre du Sonderbund en référence à l'alliance des cantons conservateurs de Fribourg, du Valais, d'Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne et Zoug. Au terme d'un court conflit, les libéraux progressistes emmenés par le général Guillaume-Henri Dufour l'emportent et élaborèrent en février 1848 une constitution fédérale d'inspiration radicale que les vaincus refusèrent. Il fallut attendre 1874 et le passage d'une démocratie représentative à une démocratie semi-directe pour que les tensions internes baissent.
[...] Hilty évoque pourtant une nation de plus de 500 ans d'existence. Cette partie de la phrase semble contradictoire avec le début de son affirmation. III. L'aspect contradictoire de son affirmation notamment à travers son rapport à l'histoire Dans la première partie, Hilty rejetait la thèse objectiviste se fondant entre autres sur une langue ou une histoire commune. Dans la fin de sa phrase, l'auteur essentialise la nation. Il fait référence à une histoire de plus d'un demi-siècle faisant remonter la création de la Confédération suisse au Moyen-Âge. [...]
[...] Cependant, comme relève Véronique Mottier, si la nation se base sur un régime fédéraliste conférant un rôle central à ces institutions politiques, comment expliquer que les femmes ont été exclues de son appareil politique jusqu'en 1971 ? Comment comprendre les politiques eugéniques de l'État envers les femmes dans le but de rejeter les « catégories » inférieures » de la population » (Mottier : 258) ? Ce civisme national ne concernait donc qu'une petite moitié de la population suisse. Le processus de nationalisation ne serait donc pas terminé. [...]
[...] Une fois replacée dans son contexte, l'affirmation de Hilty peut donc être mieux comprise. Il est pour lui question de réaffirmer la nécessité d'un État fédéral en mettant l'accent sur une volonté d'unité nationale et en mettant volontairement de côté les divergences auxquelles la Suisse est confrontée, afin que l'origine qu'il donne à la nation helvétique coïncide avec son discours. « C'est le nationalisme qui crée les nations et non pas le contraire ». « Il faut convenir que le nationalisme utilise la prolifération des cultures et des richesses culturelles préexistantes que l'histoire lui laisse en héritage, même si son utilisation est très sélective et qu'il procède très souvent à leur transformation radicale. [...]
[...] Le cas de la Suisse nous fournit un bon exemple. De vives tensions opposent les conservateurs catholiques défendant la confédération d'États en place aux libéraux protestants voulant quant à eux mettre en place un État fédéral. Les tensions sont à leurs apogées lorsqu'éclate en 1847 une guerre civile appelée guerre du Sonderbund en référence à l'alliance des cantons conservateurs de Fribourg, du Valais, d'Uri, Schwyz, Unterwald, Lucerne et Zoug. Au terme d'un court conflit, les libéraux progressistes emmenés par le général Guillaume-Henri Dufour l'emportent et élaborèrent en février 1848 une constitution fédérale d'inspiration radicale que les vaincus refusèrent. [...]
[...] Ces éléments d'appartenances nationales permettent de tracer des frontières claires entre ceux appartenant à la communauté nationale et les étrangers. Oliver Zimmer contredit Hilty et met quant à lui en avant la nature et le paysage suisse comme élément d'unification nationale. Selon lui les Alpes ont servi de symbole unificateur. La « naturalisation de la nation » est un processus contingent mis en avant à des fins idéologiques afin de combler un manque de dénominateur commun historique, religieux, ainsi qu'en termes de langue. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture