D'après un proverbe japonais, « Il est impossible de se tenir debout en ce monde sans jamais se courber ». C'est précisément ce qui est arrivé au Japon et qui a par la suite contribué à son évolution vers un Etat moderne. Le Japon, actuellement deuxième puissance économique mondiale, était loin de se douter durant la première partie du XIXe siècle que son économie se mondialiserait un jour. En effet, le Japon était marqué par un profond isolationnisme caractérisé par l'ère Edo qui débute vers 1600 et se termine vers 1868, date à laquelle l'ère Meiji – signifiant ère des lumières – débute.
Depuis 1616, soit plus de deux siècles, le Japon était gouverné par une famille, les Tokugawa qui exerçaient la fonction de shogun, dirigeant de facto du Japon et dictateur militaire tandis que l'empereur héréditaire gardait une fonction symbolique en tant que dirigeant de jure et gardien des traditions. Les Tokugawa étaient caractérisés par leur forte politique isolationniste et leur système ancré dans la féodalité.
Durant cette période, le Japon est fermé sur lui-même : seules la Chine et la Hollande avaient le privilège d'entretenir des relations commerciales. Les autres européens risquaient la peine de mort s'ils mettaient le pied sur le sol japonais. Au niveau interne, le système féodal japonais se présentait selon une forte hiérarchie au sommet de laquelle se trouvait la classe guerrière appelée bushi comprenant les shoguns, les samouraïs et leurs entourages. Parmi cette classe, les daimyos étaient les grands seigneurs possédant le plus de terre, les plus nobles après le shogun. Les samouraïs, eux, étaient les bushi possédant le moins de terre, et étaient fortement liés à leur seigneur. S'il arrivait malheur à leur maître, ces derniers devaient se faire seppuku, faussement appelé hara-kiri. Puis venaient ensuite les paysans, les artisans, les marchands, les individus pratiquant une activité liée à la mort, et enfin, les criminel et les mendiants.
Cependant, dès 1853, la situation du Japon se bouleversa suite au débarquement sur le sol japonais d'une expédition américaine placée sous le commandement du Commodore Matthew Perry, qui pressa le Japon d'ouvrir ses portes au commerce mondial en le menaçant de bombarder Edo (ancien Tokyo). L'issue des négociations menées confirme la véracité de notre proverbe japonais puisque le Japon est contraint de s'incliner et s'ouvre pour la première fois au monde occidental en permettant l'accès aux ports de Shimoda et d'Hakodate. En 1954, les japonais et les américains signent le traité de Kanagawa qui permet aux navires de commerce américains d'entrer dans les ports nippons. Les anglais signent à leur tour un traité et marquent ainsi les premiers signes d'ouverture du Japon qui en finira bientôt avec la féodalité pour devenir un Etat moderne. Puis enfin, en 1858, différents traités sont signés avec les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Russie, la Grande-Bretagne et la France. Le commerce avec l'Occident met alors fin à l'isolement du Japon.
Néanmoins, ces traités ne se seront pas signés sans que le sang n'ait coulé. En 1860, un groupe d'activistes assassinent Li Naosuke, ministre et principal signataire du traité de 1958 avec les Etats-Unis. Notre étude débutera alors à cette date clé où commence la rébellion nippone en réaction contre l'Occident, et se terminera au début des années 1990, lorsque le Japon débutera sa politique impérialiste.
Suite aux pressions étrangères, le Japon sera marqué par une déchirure interne menant à de nombreux conflits. Cependant, ces conflits marqueront le début d'une nouvelle ère, l'ère Meiji, qui donnera naissance à l'Etat moderne japonais. Ainsi, en se basant sur la célèbre formule de Charles Tilly « L'Etat fait la guerre et la guerre fait l'Etat » , dans quelles mesures les conflits nippons résultant des pressions étrangères constituent-ils la clé de voûte de l'évolution du Japon isolationniste et féodal en Etat moderne ?
Pour répondre à cela, il sera tout d'abord nécessaire d'étudier que la fin de l'ère Edo est marquée par une déchirure interne, et que la guerre constitue une source de changement (I), pour ensuite analyser l'ère Meiji et la naissance de l'Etat moderne japonais (II).
[...] Il signe avec un américain un contrat pour la construction d'un chemin de fer [ . ] Choshu et Satsuma déplorant complètement cette politique, prévoient une conspiration contre Kyoto. Cependant, le shogun fut contraint d'opérer des préparatifs militaires face à cette menace. Le domaine de Tosa se joignit lui aussi à la coalition de Choshu et Satsuma en recommandant de priver le shogun de sa puissance politique sans employer la force, mais Satsuma refusa. Satsuma et Choshu se mirent finalement d'accord avec le noble de cour Iwakura Tomomi pour que le jour où des moyens armés seraient mis en place à Kyoto, la cour puisse faire le nécessaire pour le rétablissement du régime monarchique. [...]
[...] Puis avec l'appui de l'État apparaît alors une nouvelle classe d'élite dominante et indépendante de l'État. Le cas du Japon confirme les théories de Norbert Elias et Pierre Chaunu, selon lesquelles, dans un premier temps, les États modernes en formation connaissent la prééminence du processus de monopolisation intérieur de la guerre et affrontent dans un second temps l'extérieur. Autrement dit, ceux-ci considèrent que la guerre interétatique apparaît comme un progrès par rapport à la violence interindividuelle. B. Les prétentions impérialistes d'un Japon nouvellement constitutionnel Étant donné que, depuis l'écrasement de la rébellion menée par Saïgo Takamori en 1877, le nouveau régime politique a connu la stabilité politique, et que de surcroît les réformes de Matsukata, avaient permis d'assurer une solide assise économique, il apparut logique de rompre avec les institutions provisoires qui régissaient le pays depuis 1968. [...]
[...] De plus, il est à noter que le troisième concept clé de Norbert Elias dans la construction de l'État est le processus de civilisation qui provient pour lui des hommes de cour. C'est finalement l'articulation entre les trois concepts unités de survie, double lien et processus de civilisation qui permet à Elias de penser l'État Le Japon étant passé par ces trois concepts mettant en articulation des facteurs internes à la situation japonaise et externe par rapport à la menace étrangère, il est ainsi bon de penser que l'émergence d'un État moderne est sur la bonne voie. [...]
[...] Peu à peu, les marchands ne comptaient plus sur le shogun, mais sur les chefs de leurs fiefs d'origine pour assurer leur protection. Les daimyo commençaient ainsi à prendre de plus en plus part aux affaires de la nation. Suite au mariage du shogun avec une jeune soeur de l'empereur en 1862, les activistes étendirent leurs actions terroristes au reste du pays et assaillirent les étrangers eux-mêmes. Ce terrorisme poussa la cour à durcir ses consignes et l'empereur Komei fit mander au shogun d'expulser les étrangers. [...]
[...] Différenciation et dédifférenciation, qui démontrent la mise en place d'un État moderne. Selon celui-ci, le troisième processus de différenciation se traduit par la diversification des institutions politiques et administratives, ce qui explique la mise en place des deux chambres, autrement dit la Diète dans le gouvernement japonais. La Constitution de Meiji constitue quant à elle un pas vers le quatrième processus caractérisé par une juridiciarisation de plus en plus étroite des rapports entre gouvernants et gouvernés, symbolisée selon l'auteur par les grands textes tel que le Bill of right pour les anglaises. [...]
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