Depuis les années 1980, on parle beaucoup de la montée du libéralisme, et ce dans les pays développés comme en développement : Reagan, Thatcher, Programmes d'Ajustement Structurel, « recul du pouvoir du politique sur l'économique »,…
C'est la doctrine libérale qui est à l'origine de la privatisation généralisée des entreprises publiques. Mais la « privatisation des Etats » va plus loin que cela : concessions de services publiques à des entreprises privées, exploitation privée de ressources rares (forêt, minerais,…),… Elle concerne même - en partie du moins – les fonctions régaliennes de l'Etat. Par exemple, le monopole étatique de la violence légitime (M. Weber) est contesté par le développement du mercenariat et des compagnies privées de sécurité.
Le phénomène de privatisation des Etats correspondant à une montée en puissance de la rhétorique libérale, il traduit une rupture par rapport aux normes et aux références des années précédentes, même si cette rupture se fait de manière différenciée selon les pays : il subsiste, au-delà de la rupture, une continuité avec les différentes « trajectoires historiques ».
Objectifs de l'ouvrage et thèse
« Au-delà des apparences et des lieu communs sur la suprématie de l'économique et sur la supériorité des contraintes et des opportunités économiques et financières, nous avons cherché à comprendre :
- d'une part, l'évolution des formes et natures de l'Etat et de ses capacités régulatrices,
- d'autre part, les modifications des relations entre économique et politique, entre public et privé, entre licite et illicite. »
« Notre hypothèse principale est que, loin de devenir impuissant dans le champ économique, l'Etat s'adapte aux contraintes externes, mais aussi internes. Cette adaptation se traduit par une privatisation des Etats, privatisation qui est moins une perte de contrôle que l'option d'un gouvernement indirect utilisant de plus en plus des intermédiaires privés. »
A contre-pied des idées reçues sur la globalisation et sur une supposée uniformisation en cours, « tous les exemples présentés ici soulignent au contraire que, face à des phénomènes mondiaux (internationalisation, montée des contraintes, des logiques économiques et financières, etc.), les Etats et les sociétés réagissent de façon différente, en fonction de leur trajectoire propre. »
[...] ( La situation en 1999 était celle d'un système instable et mixte mêlant socialisme et capitalisme. Chapitre trois : asal bapak senang Le gouvernement pastoral comme matrice et alibi de la privatisation de l'Etat en Indonésie Par Romain BERTRAND Depuis la fin du XIXe, un double processus est à l'œuvre en Indonésie : l'intrusion de l'Etat dans les espaces privés d'une part (imposition d'un modèle hiérarchique de la cellule familiale, régulation des naissances, écoles et collèges transformés en lieu d'endoctrinement ) et l'accaparement privé des prérogatives régaliennes de l'Etat d'autre part. [...]
[...] Alors que cette longue phase de privatisations cachées s'achève, il apparaît que l'émergence d'un petit secteur privé relativement indépendant du pouvoir politique a servi de trompe-l'œil pour masquer d'autres logiques, plus puissantes, de recomposition sociale. L'essentiel des privatisations s'est en effet développé au sein de l'administration et des entreprises d'Etat Ces processus de privatisation ont favorisé l'appropriation illégale de ressources économiques par les élites dirigeantes du pays. Hypothèse : Nous poserons l'hypothèse que l'Etat chinois ne fait pas que se défaire sous nos yeux. Il continue à se construire à travers les pratiques quotidiennes des acteurs. [...]
[...] Cette position, mêlée à la rhétorique de la nation comme une grande famille, mène à une conception totalitaire de l'Etat où le public et le privé sont indifférenciés, mais justifie également une société inégale et l'absence de protection juridique des castes inférieures. ( L'héritage de la gouvernementalité coloniale moderne, en Indonésie, se situe donc à un double niveau. En premier lieu, ce mode de gouvernementalité a favorisé l'abolition des frontières entre espace public et espace privé au nom d'une conception pastorale du pouvoir. En second lieu, il a systématisé l'énonciation des relations de pouvoir dans les termes de la parenté. [...]
[...] Dans le cas néerlandais, cette congruence entre colonialisme et Mission a atteint son paroxysme lorsqu'une coalition chrétienne de gouvernement est parvenue au pouvoir dans les toutes premières années du XXe. Les Pays-Bas se sont alors mis en quête de l' amour et de la gratitude des Indonésiens, et ont alloué des fonds importants à l'amélioration des conditions de vie des indigènes ainsi qu'à leur christianisation. C'est à ce moment que s'est généralisé l'usage du vocabulaire de la parenté pour désigner les relations entre colonisateurs et colonisés. Les analogies parent/colonisateur et enfant/colonisé se sont alors généralisées dans les discours des Néerlandais. Ce paternalisme était mâtiné d'autoritarisme. [...]
[...] Celle-ci ne peut souffrir des changements de régime incessants. La réussite économique du pays étant liée à la reconnaissance internationale de son régime politique, et donc à la stabilité de celui-ci, les dirigeants d'Etats faibles s'appuient sur les relations extérieures pour cimenter leur régime. Ils modifient en conséquence leur utilisation de la souveraineté étatique pour en faire une ressource personnelle sur la scène politique interne, via la constitution de réseaux de soutien internationaux. La privatisation postérieure à la Guerre Froide et la survie des Etats Après l'accession à l'indépendance, les dirigeants africains ont commencé à accumuler des ressources provenant des marchés à la fois officiels et parallèles. [...]
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