« Comment a pu naître une notion aussi étrange et contestable que le prétendu « droit d'ingérence », quand la notion de souveraineté est au cœur du système des Nations unies, destinée à protéger les États d'interventions extérieures et, ainsi, à sauvegarder la paix ? » Cette question reste toujours d'actualités en ce début d'année 2008, tout particulièrement avec la crise du Darfour mais aussi, indirectement avec les questions que pose le Tibet ou la Tchétchénie. Pour bien comprendre les enjeux d'une telle interrogation, la notion de souveraineté doit être pleinement comprise d'un point de vue international mais aussi interne. C'est sur ce dernier point que Gérard Mairet va travailler dans son ouvrage intitulé « Le principe de souveraineté : histoire et fondement du pouvoir moderne » publié en 1997. Auteur contemporain qui vit donc la crise de l'Etat-nation, il est maître de conférences à l'université de Paris VIII où il enseigne la philosophie politique. Ses recherches s'ordonnent autour de quatre grands axes fondamentaux traitant tous d'un objet particulier qui est la Res-publica (la chose publique), et d'un seul champ historique : l'époque moderne . Dans l'ouvrage étudié ici, Gérard Mairet traite du principe de souveraineté et tente de le définir à parti de ses multiples aspects. En effet, ce concept se présente de façon protéiforme, abstraite, ce qui amène l'auteur à l'étudier sous ses divers angles qui vont de son origine historique, à sa place dans le monde actuel et à son devenir dans ce dernier, en passant par ses fondements métaphysiques, juridiques et éthiques, c'est-à-dire ses fondements généraux. Mairet développe sa pensée autour de ce concept de souveraineté pour démontrer en quoi le principe que porte ce dernier fonde t-il la rupture de la modernité en politique. Pour répondre à cette problématique de façon synthétique, un plan linéaire constituera la structure de ce devoir, plan qui s'articulera autour de deux grandes parties. La première sera consacrée à l'histoire de la conceptualisation du principe de souveraineté, conceptualisation allant selon l'auteur de Machiavel à Éric Weil qui est aux yeux de Mairet le dernier philosophe de l'État. Cette partie mettra en avant les liens qui existent entre les différents auteurs modernes, « un fil d'Arian » qui permettra de comprendre l'émergence et l'évolution du principe souveraineté. La deuxième partie cherchera à mettre en exergue les fondements généraux de ce principe, fondements métaphysiques, juridiques et éthiques.
[...] Le troisième auteur prolongeant la modernité, Hobbes, vit une grande rupture historique avec des découvertes scientifiques (Galilée), métaphysiques (Descartes), géographiques . Ce contexte va lui donner la volonté de créer une nouvelle science politique fondée sur trois axes essentiels. Le premier se penche sur la définition de la loi comme fondement humain (il suit ici l'idée de Bodin) ayant pour but principal l'instauration de la paix civile. Le deuxième met en avant le fameux contrat social hobbesien, contrat délibérément établi par les hommes qui souhaitent échapper à l'état de nature empreint de violence (Hobbes par ce mythe fondateur légitime ainsi le Léviathan, c'est-à-dire l'État). [...]
[...] La difficulté cependant est de trouver le meilleur des meilleurs parmi la communauté. C'est là qu'intervient, explique Gérard Mairet en se référant à Eric Weil, les partis politiques dont le rôle est bien de mettre en avant le meilleur dans meilleurs. Cet individu n'est autre que le démagogue qui incarne l'essence rationnelle et réincarne la souveraineté dont il est cependant, à titre personnel, totalement dépouillé puisque le nouveau régime, la démocratie plébiscite, se fonde sur le seul charisme selon Gérard Mairet. [...]
[...] Ceux qui aspirent à la domination totale doivent liquider toute spontanéité, telle que ne manquera pas de la faire surgir la simple existence de l'individualité; ils doivent les traquer toutes deux jusque dans leurs formes les plus intimes, si apolitiques et inoffensives qu'elles puissent paraître Arendt, Op. cit., p.272. Faire advenir l'individu libre au sein d'une communauté raisonnable. Puisque la morale raisonnable ne peut surgir de l'individu singulier, c'est à la communauté des hommes de faire advenir la morale faisant advenir l'humanité Mairet, ibid., p.180. In Gérard Mairet, Le principe de souveraineté Histoires et fondements du pouvoir moderne, Editions Gallimard, Paris p 185. Ibid, p 185. [...]
[...] Il s'agit davantage d'une ouverture à des questions plus actuelles, c'est pourquoi l'étude de cette partie fera l'objet de la conclusion de ce devoir. L'étude de cette seconde partie sera donc linéaire et, dans un premier temps, il sera nécessaire d'étudier les fondements juridiques qui découlent d'une application plus ou moins directe des fondements métaphysiques avant d'aborder les fondements éthiques axés autour des problématiques de la liberté et de la démagogie liées à l'exercice de la souveraineté Les fondements juridiques : l'application effective des fondements métaphysiques L'étude des fondements métaphysiques trouve sa justification dans la définition même de la politique, dans son acceptation la plus large à savoir l'activité humaine dont l'objet propre est de constituer et de maintenir ensemble les individus d'une communauté humaine historiquement déterminée Apparaît alors avec cette définition l'être commun que Gérard Mairet présente comme l'un des seuls éléments qui ont survécu à la rupture opérée par les modernes. [...]
[...] Une fois approchée cette notion, Gérard Mairet aborde le problème essentiel, déjà soulevé par Eric Weil[30], que l'Etat moderne doit résoudre : concilier l'impératif de justice avec celui d'efficacité, les deux dimensions de l'Etat démocratique. L'efficacité se trouve dans le juste dosage de rationalité et de rapidité. Dès lors, l'apparition des fonctionnaires résulte du désir d'efficacité, et l'apparition de la figure du démagogue découle du désir de rationalité que fonde l'évolution vers le constitutionnalisme (à l'origine de la volonté d'unifier en un seul individu la direction de la politique). [...]
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