C'est très tôt que la presse s'est imposée comme un nouveau pouvoir remettant en cause le modèle arrêté par Montesquieu. La presse désigne l'ensemble des publications imprimées ou des activités journalistiques, leurs institutions, leur mode d'organisation et leur mode de fonctionnement, les liens d'influence réciproques qui se nouent avec les autres institutions et la société en général (Balle). C'est dès 1787 que Burke parle d'un « quatrième pouvoir ». Ainsi, dans De la démocratie en Amérique (1833), Alexis de Tocqueville retrace une nouvelle classification du pouvoir : le pouvoir central (exécutif, législatif et judiciaire), le pouvoir local (les pouvoirs fédérés), le pouvoir associatif (les lobbies) et enfin la presse écrite. La presse semble être le contre-pouvoir par excellence dans la mesure où « il n'a d'autre pouvoir que celui d'arrêter les pouvoirs » (Gauchet). Le pouvoir vient du verbe "pouvoir" qui signifie "avoir la capacité" ou "avoir la possibilité" de faire
Au sens général, le pouvoir désigne la faculté d'agir propre à l'être humain et, en un sens dérivé, l'aptitude d'un acteur donné à entreprendre des actions efficaces. Au sens interactionniste, capacité de A d'obtenir de B qu'il fasse une action Y à laquelle il ne serait pas résolu (Dahl). Au sens institutionnaliste, il désigne les gouvernants.
Aujourd'hui, les moyens de communication de masse ont pris dans notre société et chez les individus une place de plus en plus importante, à tel point que Baudrillard parle d'une « société de consommation ». Mc Quail a montré que l'influence des médias a connu trois cycles: dans les années quarante, on s'inquiète de son pouvoir, puis sous l'influence des études de Lazarsfeld dans les années soixante, on remet en cause ce pouvoir qui est analysé comme n'ayant pas d'effets majeurs sur le comportement des individus. Aujourd'hui, on se repose la question, les médias ayant acquis une légitimité certaine et surtout permettent de toucher massivement les individus. Cela ouvre donc un questionnement sur le rôle de la presse aujourd'hui: la presse est-elle vraiment le contre-pouvoir qu'elle prétend être? Si elle a une influence sur la politique et sur la société qu'il ne faut pas négliger, il apparaît qu'elle ait plutôt une action indirecte, limitant ainsi son influence sur le comportement des individus, d'autant qu'elle apparaît de plus en plus sous contrôle, perdant ainsi ce qui faisait sa force et sa légitimité : son autonomie. La presse a un pouvoir certain sur la société dans le cadre d'un régime représentatif où elle permet d'informer les individus et de forger l'opinion publique (I/). Cependant, son influence est à relativiser dans la mesure où elle n'est pas perçue par tous de la même manière et qu'elle semble aujourd'hui domestiquée (II/).
[...] Une presse domestiquée : l'autonomie qui faisait sa légitimité est remise en cause 1. L'influence du politique En faisant référence au livre de Paul Nizan, Serge Halimi dans Les nouveaux chiens de garde écrit sur les relations entre les journalistes et les hommes politiques et comment cela influence les lignes éditoriales des grands médias français. Un petit groupe de journalistes omniprésents - et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence - impose sa définition de l'information- marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. [...]
[...] Dans ces conditions, on ne peut pas vraiment parler de 4ème pouvoir La presse et les médias en général ont une influence certaine sur les individus en cela seul qu'ils ont le monopole de l'information auprès de la population et donc les seuls relais politiques auprès du peuple. La presse et la politique sont intrinsèquement liées. Cependant, il faut relativiser cette influence car elle semble plutôt indirecte par le bais de leaders d'opinion et surtout qu'elle est relative selon les critères sociaux et l'environnement des individus. [...]
[...] Il ne faut pas seulement que les informations soient perçues par les individus, mais également que le public y prête attention. Un exemple flagrant est celui mis en avant par C. Swanson : après un discours du président Truman, les thèmes dont les gens se souvenaient n'avaient que peu de rapport avec les thèmes sur lesquels avaient insisté les journaux à la suite du discours. De la même manière, Stouffer révèle que même lors des moments forts d'une campagne présidentielle, un quart environ de l'électorat ne connaissait aucun des candidats à la vice- présidence. [...]
[...] La presse a le pouvoir de forger le jugement public dans le cadre d'un régime représentatif. Il faut qu'elle soit autonome du pouvoir politique, mais en même temps liée à celui-ci pour pouvoir jouer le rôle de contre-poids contre n'importe quel des pouvoirs. La presse permet en quelque sorte au peuple de d'assurer sa représentation dans le cadre du jeu politique. Mais cela joue également dans l'autre sens : le politique peut utiliser la presse pour diffuser son programme ou encore justifier certaines mesures prises. [...]
[...] La presse représente donc bien un pouvoir, elle permet de relayer l'opinion publique qui est un des acteurs majeurs du jeu démocratique dans le cadre d'une démocratie représentative, le tout renforcé par l'usage des sondages d'opinion permettant au pouvoir exécutif de mesurer l'opinion et donc de le prendre en compte dans la politique menée. B. La presse possède un pouvoir d'influence sur le comportement des individus 1. Une lecture de l'information déterminée par la presse Si le pouvoir de la presse est a relativisé, il semble clair qu'elle ait une influence sur les individus. Tout d'abord, les médias ont une capacité à jouer sur le registre du sensible. [...]
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