Alors que le régime présidentiel ordinaire organise une séparation stricte des pouvoirs, le présidentialisme consiste à tout faire reposer entre les mains d'un Président qui domine les institutions. Ce présidentialisme devient autoritaire dès lors que des pratiques anti-démocratiques, et parfois proches de la dictature sont utilisées. On observe cette forme de régime politique dans les États des Amériques qui, en tentant d'imiter le modèle des États-Unis, ont dérivé vers l'autoritarisme. Plus proche de nous, la Russie s'est tournée vers le présidentialisme autoritaire dès l'élection de Boris Eltsine en 1991, dans une volonté de reconstruire un État fort après la chute de l'Union Soviétique.
[...] Mais la Constitution est surtout présidentialiste dans ses termes. L'essentiel du pouvoir est concentré entre les mains du Président. Il est élu au suffrage universel pour 4 ans, dans la limite de 2 mandats successifs (article 81). Par les articles 111 et 112, il choisit son gouvernement, avec l'accord de la Douma (Parlement). Si elle s'oppose trois fois à la proposition de chef de gouvernement, le Président peut la dissoudre et imposer celui-ci par décret (il peut ainsi proposer trois fois de suite le même nom). [...]
[...] Conclusion : Le régime politique russe n'est donc qu'une démocratie de façade, car depuis le second mandat d'Eltsine, on assiste à une dérive autoritaire par le contrôle de la société civile et de l'administration d'un Président rendu puissant par une Constitution qui ne permet pas de sauvegarder la séparation des pouvoirs. Et si depuis 2008 et l'élection de Medvedev, le régime a pris un aspect primo-ministériel, ce n'est qu'un moyen pour Poutine, nouveau chef du gouvernement, de patienter en se réservant plus de pouvoirs et en conservant une ultime apparence démocratique par la conservation de l'article 81. Mais ce refus de l'alternance et de la succession n'est qu'une marque supplémentaire du caractère autoritaire du régime. [...]
[...] Il s'est tout d'abord assuré la majorité parlementaire en créant une coalition de partis, Russie Unie, qu'il a imposée par l'appui de l'administration, la corruption, le chantage et des fraudes électorales. La Douma est ainsi devenue un centre du lobbying. Dépossédée de son pouvoir législatif, sujette aux menaces de dissolution, elle rejette systématiquement les initiatives de l'opposition et n'est plus qu'une Chambre d'enregistrement des décisions de l'exécutif. Le pouvoir judiciaire est également dépendant du Président. Les juges sont nommés par le Haut Collège de qualification des juges, dont les membres sont choisis par le Président. [...]
[...] Afin de renforcer ce contrôle, les élections sont malhonnêtes : pressions et fraudes sont désormais avérées (on obtient plus de de participation dans certaines régions). De tels cadeaux électoraux permirent la réélection d'Eltsine en 1996 et une victoire franche de Poutine en 2000. De même, la campagne des candidats rivaux est entravée. C'est précisément l'un des rôles de l'important contrôle des médias par l'exécutif en Russie. La télévision, principale source d'informations, diffuse une propagande officielle, en particulier lors des campagnes électorales. [...]
[...] Premier président russe élu au suffrage universel le 12 juin 1991, Boris Eltsine doit se plier à la Constitution de 1978. Celle-ci n'est remplacée qu'en 1993. Le 21 septembre 1993, Eltsine suspend par décret la Constitution et dissout les conseils élus et le Soviet Suprême (Parlement), actes anticonstitutionnels. Le Parlement, de manière tout aussi contraire aux textes, destitue le Président et le remplace par l'ancien vice-président Routskoï qui occupe le Parlement. Devant ce blocage, Eltsine lance l'assaut du Parlement les 3 et 4 octobre. L'armée ouvre le feu et les dissidents sont arrêtés. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture