Fonction instaurée par la pratique sous la IIIe République, puis constitutionnellement dans la IVe, le Président du Conseil devenu Premier ministre dans la Constitution de 1958 est un personnage de premier plan dans la vie politique et institutionnelle de la France. Cependant les chiffres parlent d'eux-mêmes : une cinquantaine de Présidents du Conseil sous la IIIe République, 17 pour la Quatrième (12 ans)) et 18 Premiers ministres depuis 1958 (certains à la tête de plusieurs gouvernements différents). Il semblerait de prime abord que le chef du Gouvernement ne soit pas fait pour durer. Pour autant, on observe que certains Premiers ministres ont su se maintenir un certain temps au pouvoir (Pompidou, Barre, Jospin).
De ce constat émanent plusieurs questions : le rôle du Premier ministre permet-il à celui-ci de rester longtemps au pouvoir, c'est-à-dire au moins autant que le Président qui le supervise ? Est-il un élément qui doit durer pour fonctionner ? De quelles manières le contexte politique influe-t-il sur la durée du mandat des Premiers ministres ?
Afin de savoir si le Premier ministre est fait ou non pour durer, nous analyserons d'abord ses prérogatives qui font de lui une pièce très importante dans l'architecture institutionnelle française, pour ensuite voir que dans la pratique le Premier ministre est dépendant de la situation politique de la France.
[...] Cependant, on observe que le Premier ministre n'est pas toujours fait pour durer dans certains cas de figure. II- Mais la personnalité qui l'incarne voit sa fonction dépendre du contexte politique Une personnalité dépendante du Président en temps normal - En temps normal (hors cohabitation), le Premier ministre dépend du Président qu'il le nomme, les journalistes parlent de fusible pour le qualifier. La durée de son mandat dépend beaucoup de sa popularité. Quand un Premier ministre est trop impopulaire, le Président en change afin d'éviter de devenir impopulaire à son tour. [...]
[...] La question est aujourd'hui fortement d'actualité, puisque Dominique de Villepin, moins d'un an après sa nomination à Matignon semble sur la sellette du fait de l'affaire Clearstream. Il est intéressant de se demander si la brièveté du mandant primoministérialiste est inéluctable ou si un agencement différent des institutions favoriserait la continuité. Bibliographie - ARDANT, Philippe, Le Premier Ministre en France, Paris, Montchrestien - CHAGNOLLAUD, Dominique, QUERMONNE, Jean-Louis, La Vème République Le pouvoir exécutif et l'administration, Paris, Flammarion - DUHAMEL, Olivier, Droit constitutionnel 1. Le pouvoir politique en France, Paris, Seuil - MASSOT, Jean, Chef de l'Etat et chef du Gouvernement. [...]
[...] Le Premier ministre en tant qu'institution s'inscrit dans la durée Un rôle clé affirmé depuis la IIIe République - Dyarchie de l'exécutif en France. Le Président du Conseil, chef du Gouvernement, est apparu sous la IIIe République et s'est vu constitutionnalisé sous la IVe. Il a occupé un rôle très important, puisque plus que le Président, il avait la réalité du pouvoir. - Dans la Ve République, le chef du Gouvernement est le Premier ministre. Il a un rôle décisif puisqu'il est le lien entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif : il est nommé par le Président mais est responsable devant le Parlement. [...]
[...] Un personnage central aux nombreuses prérogatives - Sous la Ve République, le Premier ministre dispose de nombreuses prérogatives définies notamment au titre III (Le Gouvernement) de la Constitution. - Art : Il dirige l'action du Gouvernement, est responsable de la Défense nationale, assure de l'exécution des lois. Il est le principal détenteur du pouvoir de réglementation. - Il partage l'initiative des lois avec les parlementaires (Art. 39). - Le Gouvernement disposant de l'Administration (Art.20), le Premier ministre est le directeur de l'administration). - C'est lui qui choisit les ministres nommés par le Président. - Il partage avec le Président le pouvoir de nomination. [...]
[...] Le Premier ministre est un élément essentiel de l'exécutif, la politique d'un gouvernement doit s'inscrire dans la continuité. Mais les différents exemples montrent que dans la pratique le Premier ministre n'est pas fait pour durer, il est souvent le bouc émissaire des dirigeants politiques en difficulté aux yeux des citoyens. Quand crise il y comme au lendemain du referendum du 29 mai 2005, c'est le Premier ministre qui est contraint de démissionner pour signifier au peuple qu'il a été compris. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture