J'ai choisi de me limiter à la France. Pourquoi ? Car cela nous permettra de nous reposer sur les acceptions françaises des termes « droite » et « gauche », en évitant les contresens. Par exemple, en Allemagne on ne dira pas littéralement que l'on est de droite ou du moins c'est très peu utilisé, si ce n'est pour parler des radicaux de droite (Rechtsradikale), qui ne sont rien d'autres que l'extrême droite en France. Ensuite, il est particulièrement pertinent de se concentrer sur la France, parce que la distinction a pris son origine dans ce pays, durant une séance de l'assemblée constituante. Le débat portait alors sur la pertinence d'un veto royal. A cette occasion, on demanda à ceux qui étaient contre se mirent à gauche et les partisans d'un veto de durée limitée à droite.
Devant le désenchantement d'une large partie de la population pour la politique, il est utile de s'interroger sur la pertinence d'un clivage qui structure notre vie politique depuis plus de deux siècles. Au-delà de ça, quelle importance convient-il d'accorder à ce clivage qui semble de plus en plus artificiel aux Français ? Faut-il le dépasser ? Ou alors n'est-il pas plutôt un rempart à l'érosion de l'intérêt pour la politique ?
En effet, le soutien obtenu par divers populistes simplificateurs un peu partout en Europe ainsi que le recours constant à des thèmes de campagne polarisateurs (libéralisme, Kirchhof), semblent indiquer que la confrontation de deux positions opposées, est appréciée par l'électorat. Un sondage réalisé par la SOFRES en 1998 nous dit par exemple que 98 % des personnes interrogées acceptent de se situer sur l'échelle gauche-droite constituée de 7 nuances.
Ceci apparaît quelque peu paradoxal, lorsque l'on constate qu'en 1998, 6 électeurs sur 10 ont voté pour un autre candidat que celui qui était le plus proche de leur position sur l'échelle gauche-droite. En d'autres termes, ce n'est pas parce qu'un individu se dit de gauche qu'il votera à gauche, ce qui nous pousse à nous poser la question de la fonction exacte qu'occupe précisément ce clivage-là.
[...] L'ambiguïté se trouve exactement là, c'est-à-dire que gauche et droite se sont toujours défini par la relativité plutôt que par l'absolu. qui définit la droite est exactement le contraire de ce qui singularise la gauche et vice-versa R.R ou alors La droite et la gauche n'ont eu de cesse de se définir l'une contre l'autre. S'agit-il de coquilles vides pour autant ? Non, mais elles ne furent certainement pas assez affirmée alors que leur conflit ne pervertit pas la démocratie mais oppose simplement deux visions du monde Un clivage de valeurs structurantes Pour Slama par exemple, il y aurait des tempéraments de gauche et de droite. [...]
[...] Y il des valeurs de droite et des valeurs de gauche ? Est-il possible de définir une véritable anthropologie politique de l'homme de droite et de l'homme de gauche? Ou alors faut-il abandonner toute tentative de définition absolue et se référer à une définition plus relative de la droite et de la gauche, ce qui n'est pas sans avoir d'influence sur la nature de la distinction droite-gauche ? Les auteurs dont nous allons parler défendent précisément ces deux approches opposées, et retiennent plusieurs critères fondateurs de la gauche et de la droite De la difficulté d'une distinction absolue Pour aboutir à une typologie, il faudrait tout d'abord être en présence d'une droite et d'une gauche, or ce n'est pas le cas. [...]
[...] La prégnance du clivage gauche-droite en France J'ai choisi de me limiter à la France. Pourquoi ? Car cela nous permettra de nous reposer sur les acceptions françaises des termes droite et gauche en évitant les contresens. Par exemple, en Allemagne on ne dira pas littéralement que l'on est de droite ou du moins c'est très peu utilisé, si ce n'est pour parler des radicaux de droite (Rechtsradikale), qui ne sont rien d'autres que l'extrême droite en France. Ensuite, il est particulièrement pertinent de se concentrer sur la France, parce que la distinction a pris son origine dans ce pays, durant une séance de l'assemblée constituante. [...]
[...] Bibliographie Norberto Bobbio, Droite et gauche, Seuil, Paris D. Boy & N. Mayer, L'électeur a ses raisons, Presses de Sciences Po, Paris Philippe Braud, Sociologie Politique, LGDJ, Paris Philippe Braud, Le Jardin des Délices démocratiques, Paris Marcel Gauchet, La Droite et la Gauche in Pierre Nora, Les Lieux de mémoire Anthony Giddens, the Third Way René Rémond, Les droites en France, Aubier Alain-Gérard Slama, Les Chasseurs d'absolu, genèse de la gauche et de la droite, Grasset Enquête Sofres, des 23 et 24 janvier 2002 pour la Fondation Jean Jaurès et le Nouvel Observateur. [...]
[...] Gauche et droite se repositionne nécessairement sur des enjeux contemporains. La gauche a par exemple rapidement défendu les revendications d'une frange de la société pour de nouveaux droits (sexuels entre autres). L'adaptation aux nouveaux problèmes est donc une des pré-conditions de la prégnance d'un clivage gauche-droite. Ainsi on pourrait dire que de nouvelles lignes de partage se sont créées entre par exemple, une priorité accordée à la compétitivité de l'économie alors qu'une autre partie de la classe politique réclame une augmentation du niveau de vie pour les salariés. [...]
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