Projet, participation, développement
Aujourd'hui, nombreux sont les responsables, les chercheurs et les acteurs à parler du développement. Il est impossible de nier que la problématique de développement s'est amplifiée et préoccupe le monde entier. Par ailleurs, chacun perçoit ce mot selon sa conception et sa perception des choses. En réalité, il a fait l'objet d'une succession de définitions et sa signification continue à évoluer. Cela a nécessité bien évidemment une évolution au niveau des approches et stratégies de développement.
Actuellement, on ne cesse de parler de parler dans les hautes sphères du développement de partenariat et de relations égalitaires entre les pays du Nord et ceux du Sud. A un niveau plus restreint, les ONG de développement ont pris ces concepts à leur compte et en ont fait leurs leitmotivs. Ainsi, tous les projets de développement qui sont exécutés dans les pays du Sud depuis quelques années sont saupoudrés de ces concepts.
A un niveau plus technique, la mode a dépassé celle des programmes parachutés de l'extérieur, selon une logique verticale et dont les bénéficiaires des pays en développement ne participaient presque jamais ni à la conception ni à l'évaluation. Maintenant, l'heure est aux concepts comme celui de développement participatif, intégré… avec comme versant méthodologique, la gestion du cycle de projet. Ainsi, dans les manuels à l'intention des acteurs du développement, les différentes étapes de ce cycle sont définies, avec comme principes de base, la consultation et l'implication des acteurs bénéficiaires durant tout le processus du projet.
Les principaux acteurs des projets de développement, en l‘occurrence, les ONG du Nord et celles du Sud, ont également évolué dans leurs relations qui sont désormais établies sous le signe du partenariat.
Cependant, on ne peut s'empêcher de se poser des questions qui, sans remettre en cause ces nouvelles orientations, doivent pousser quand même, à réfléchir.
Quelle légitimité cette nouvelle approche de la gestion du cycle de projet peut-elle avoir sur le terrain vu que le principe qui en est à l'origine c'est-à-dire le partenariat est biaisé dès le départ ? En effet, indépendamment de la sincérité des engagements de chaque partenaire et de la qualité de leurs relations, le partenariat est délicat et complexe parce que fondé sur une inégalité de fait : ce sont les ONG du Nord qui détiennent les ressources et les moyens. Or, nous concevons que seuls sont partenaires pouvant traiter sur une basse égalitaires ceux qui ont des moyens et une taille compatibles.
Est-ce que la relation financière qui constitue le socle du partenariat entre ONG du Nord et celles du Sud n'oriente pas tout le rapport de partenariat, et partant, la prise des décisions en ce qui concerne l'exécution des projets (de la conception à l'évaluation) ?
[...] Enfin, parce que la plupart des projets de développement semblent occulter le fait que la participation ne se décrète pas sur un simple coup de baguette magique. Elle nécessite une bonne explication des enjeux du projet et l'existence dune certaine culture de la démocratie et de la concertation au niveau des zones où ils interviennent. Ainsi, ce concept souvent convoqué ne semble être qu'un alibi qui permet de faire passer les projets tant il est polysémique et qu'il dépend d'un certain nombre de conditions qui sont loin d'être réunis dans la plupart des cas. [...]
[...] : Regards sur la culture développementaliste : représentations et effets non intentionnelles Direction scientifique GRET, Document de travail, Rebolons Quand les ONG du Nord pratiquent l'amour libre avec les ONG du Sud ANNEXE 1 : Schéma du cycle de projet de développement Sources : www.mae.etat.lu ANNEXES 2 : Schéma du cadre logique Sources : www.unesco.org/csi ANNEXES 3 : Les différents types de participation. Une étude menée par le Groupe URD (Urgence, Réhabilitation, Développement) en MAI 2002 a permis de dégager cinq formes de partenariat[16] La participation formelle Ce qui caractérise la participation formelle, c'est le faible degré de responsabilité qui est octroyée aux populations bénéficiaires. Leur unique fonction est d'émettre une opinion à propos d'un projet par le moyen d'un vote ou par une simple signature. [...]
[...] Quelle légitimité cette nouvelle approche de la gestion du cycle de projet peut-elle avoir sur le terrain vu que le principe qui en est à l'origine c'est-à-dire le partenariat est biaisé dès le départ ? En effet, indépendamment de la sincérité des engagements de chaque partenaire et de la qualité de leurs relations, le partenariat est délicat et complexe parce que fondé sur une inégalité de fait : ce sont les ONG du Nord qui détiennent les ressources et les moyens. [...]
[...] L'application de la méthode du cycle de projet est l'exemple même de cette suprématie du développeur parce qu'imposé mécaniquement aux bénéficiaires des projets[14]. En fin de compte, nous nous trouvons le plus souvent devant un modèle de partenariat hiérarchique qui va se traduire à tous les niveaux et qui constitue un obstacle à l'émergence de capacités endogènes propres. Ainsi si les capacités des populations locales ne sont pas révélées, il n'y aura jamais de discussion franche et ouverte sur les visions de changement durable. La méthode du cycle de projet ne serait-elle donc qu'une lubie[15] ? [...]
[...] Souvent, la participation des populations est requise pour tenter de légitimer un projet de développement. Mais, dans la réalité, elle est très problématique pour plusieurs raisons. Elle implique, à l'issue du projet, une appropriation complète par les populations de celui-ci. Or, ce n'est pas toujours le cas. D'abord, parce qu'il y a différents niveaux de participation[9] (selon la nature du projet) qui n'aboutissent pas toujours à cette appropriation. Ensuite, parce que dans bien des cas, différents intérêts sont représentés dans les processus de participation et de consultation. [...]
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