Comment s'exerce le pouvoir charismatique, entendu dans le sens de domination et d'influence sur autrui dans les organisations sectaires ?
Dans le savant et le politique, Max Weber définit trois types de dominations possibles, dont la domination charismatique. Celle-ci est définie comme étant : « l'autorité fondée sur la grâce personnelle et extraordinaire d'un individu […] elle se caractérise par le dévouement tout personnel des sujets à la cause d'un homme et par leur confiance en sa seule personne en tant qu'elle se singularise par des qualités prodigieuses, car l'héroïsme ou d'autres particularités exemplaires qui font le chef. » . Cette définition peut être aisément appliquée aux types de pouvoir, de contrôle et d'influence qui s'exercent dans une organisation sectaire par le leader spirituel. Etymologiquement, « secte » vient du latin sequi, ce qui veut dire « suivre », c'est-à-dire, qu'il désigne le groupe qui suit le prophète. Ce n'est pas anodin, si c'est le terme qui est utilisé pour désigner les premiers chrétiens.
[...] En effet, la secte reproduit un espace social quasi hermétique au monde réel ; les valeurs et actions communes que partage la société sont rejetées. L'aliénation du groupe émerge de ce rejet de la société, qui est accusée d'être source de tous les maux, et de l'espoir d'un bonheur spirituel pour les endoctriner, promis par le gourou. L'ascendance psychologique sur le groupe est puissante, puisqu'elle génère de la fascination, et surtout un abandon de soi et du libre arbitre (prise de décisions, réflexion, remise en question). [...]
[...] En effet, la loi française ne fournissant aucun élément pour lutter contre les sectes, l'idée a été de créer un délit, celui de manipulation mentale La direction des individus est une pratique qui se développe à l'intérieur d'institutions religieuses. [ ] On pourrait dire que dans le monde contemporain, l'organisation des partis politiques serait intéressante à étudier, dans la mesure où elle comporte toute une part d'institutions [religieuses], de pratiques de direction, en plus de la structure proprement politique de l'organisation. Michel Foucault, extrait du cours du 12 mars 1980, au collège de France. [...]
[...] Le pouvoir charismatique peut être observé au-delà du monde spécifique des sectes, au sein des partis politiques par exemple[8], pouvant adopter ce type de pouvoir en fonctionnement interne. Celui-ci prendra alors une forme proche de celui de l'organisation religieuse car le pouvoir charismatique émane nécessaire du religieux. Weber, M. Le savant et le politique (1917) 2002. Notamment dans Le panégyrique de Trajan : les correspondances de Pline le Jeune à l'empereur Trajan sur les chrétiens de Bithynie. Article du Monde diplomatique de mai 1999 Controverses passionnées à propos des sectes Weber, M. [...]
[...] La notion de charisme est également lourde de sens. En effet, le terme renvoyé à son étymologie désigne une grâce ou un don dont est dotée une personne. Ceci va lui permettre en outre d'exercer une influence notable sur un groupe de personne, usant de cet avantage supposé qui le place de facto, différent et supérieur aux autres. Ainsi, le postulat qui fonde le pouvoir charismatique naît de la croyance en l'existence d'une qualité, d'un don, d'un pouvoir que possèderait le leader spirituel, communément appelé gourou Ce pouvoir est utilisé comme un véritable instrument de domination puisqu'il amène les fidèles à abandonner leur esprit critique pour confier toute la logique et le questionnement de leurs actions au maître spirituel. [...]
[...] Toute la dimension charismatique du leader est présente dans chaque aspect de la secte. Suite à de nombreuses tragédies, les gouvernements ont tenté de lutter juridiquement contre les sectes. L'idée a été de rendre illégal le fondement même de ces organisations, à savoir l'influence exercée par le gourou sur ses fidèles. Sans évoquer la notion de domination charismatique les termes choisis par les membres de l'assemblée française font pourtant largement écho à cette dénomination. En effet, la proposition de loi du 28 mars 2000[6] prévoit que La manipulation mentale est le fait pour une personne physique ou morale de créer ou d'exploiter chez autrui, contre son gré ou non, un état de dépendance psychologique, en vue notamment d'en tirer des avantages financiers ou matériels. [...]
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