Poutine et Medvedev

Résumé du document

En janvier 2008, le président de la haute chambre Russe, et ami personnel de Poutine, Serguei Mironov, déclare possible -et souhaitable pour la stabilité russe- que le duo Poutine-Medvedev se relaie à la présidence jusqu'à 2033. Depuis 2008, la Russie semble avoir de facto adopté un système qui correspondait à la hantise de De Gaulle ; une dyarchie au sommet, mettant en péril la frontière entre les prérogatives présidentielle et primoministérielle.

Dans le fond, le véritable problème de la Russie est qu'elle n'a pas de substrat démocratique : A de très minces exceptions, le pouvoir en Russie est tenu par un seul homme, au moins jusqu'à la chute de l'URSS. La Russie est donc un pays en transition, avec des éléments de démocratie mâtinés d'archaïsmes autoritaires, formant ce que Donald Murray a pu appeler une «démocratie des despotes». Que présage la passation de pouvoir de Poutine à Medvedev pour l'avenir politique de la Russie ?

Extraits

[...] Subsistent néanmoins quelques médias d'opposition ; la Novaia Gazeta, journal libéral, et la REN-TV notamment. Les journalistes trop critiques ou poussant les investigations trop loin peuvent en outre être mis en danger, voire assassinés, comme ce fut le cas d'Anna Politovskaia et d'Alexandre Litvinenko. Au total, on aboutit à une dérive autoritaire, dont le schéma principal est que tout est contrôlé par Poutine : le pouvoir d'Etat d'une part, car le Président s'appuie sur les Siloviki (hommes d'ordre) c'est-à-dire les services de renseignement, la police et l'armée. [...]

[...] La Russie est donc un pays en transition, avec des éléments de démocratie mâtinés d'archaïsmes autoritaires, formant ce que Donald Murray a pu appeler une «démocratie des despotes». Que présage la passation de pouvoir de Poutine à Medvedev pour l'avenir politique de la Russie ? I. L'ère poutinienne ou le renforcement de la démocrature (P. Hassner) Deux amis de 17 ans : Poutine et Medvedev Le dauphin et le régent, voilà comment sont souvent présentées ces deux personnalités que beaucoup de points opposent. [...]

[...] Dimitri Medvedev, né en 1965, suit des études de droit à la faculté de Saint Petersburg, tout comme Poutine. Il devient lui-même professeur et entre concomitamment en politique en 1990. Les deux hommes se rencontrent à la mairie de Saint Petersburg en 1991, par l'intermédiaire de Anatoli Sobtchak, leur ancien professeur de droit à tous deux, devenu par la suite maire de Saint Petersburg. Medvedev entre dans l'administration du gouvernement en 1999, puis dans l'administration présidentielle, dont il devient premier directeur adjoint de 2000 à 2003. Il reste également, un temps, en 2002, directeur de Gazprom. [...]

[...] En fin de compte, rares sont les exemples qui montrent l'émancipation de Medvedev vis-à-vis de son ancien mentor. Il en existe pourtant, on peut notamment l'observer en ce moment même dans les débats sur l'adoption du plan de relance russe. Medvedev prônant le déblocage de fonds à hauteur de 15% du PIB russe, et Poutine semblant beaucoup plus parcimonieux. Conclusion Depuis l'arrivée de Medvedev au pouvoir, un nouveau type de pouvoir semble s'être installé en Russie ; il consiste en le partage officieux des prérogatives de l'Exécutif entre le Président de la Fédération de Russie et le premier ministre. [...]

[...] L'arrivée de Medvedev au pouvoir : un faux-semblant ? A. La difficile question de la perpétuation du pouvoir de Poutine L'ultime problème de Poutine consiste en la manière pour lui de perpétuer son règne, alors que la Constitution met un terme à son pouvoir présidentiel au bout de deux mandats (Article 81). Il avait une première possibilité, celle de faire modifier la Constitution pour se faire accorder la rééligibilité, c'est ce qu'a tenté Chavez au Venezuela, sans succès. Il a choisi une autre voie ; premièrement de désigner un homme qui lui est inféodé, ce qu'il a fait en nommant Dimitri Medvedev candidat à l'élection présidentielle en décembre 2007. [...]