D'après la définition de Yves Meny et de Jean-Claude Thoenig chercheurs en science politique, les politiques publiques seraient dans leur définition la plus large « l'action des autorités publiques » qui s'appuie « sur un programme d'action gouvernementale dans un secteur de la société, ou dans un espace géographique ». Cela implique donc une manière différente de penser le politique puisque celui-ci est appréhendé en termes d'actions. L'action publique serait ainsi, selon la définition de Patrice Duran : « la capacité à définir des buts collectifs, à mobiliser des ressources nécessaires à leurs poursuites, à prendre les décisions qu'impose leur obtention et à assumer les conséquences qui en découlent ». Les politiques publiques sont donc, dans cette logique, l'exercice réel du pouvoir.
[...] Les acteurs peuvent ainsi adopter un comportement stratégique. Un processus de décision est ainsi d'abord une forme de négociation et d'arrangement mutuel entre des acteurs. Une telle approche débouche sur un modèle d'action publique dans lequel le décideur n'affirmera donc pas ses objectifs de manière claire et précise de façon à pouvoir les modifier en fonction des résistances qu'il rencontrera. Les décideurs feront alors des concessions, des négociations quitte à revoir complètement leurs objectifs afin de s'aménager des marges de manœuvre plus étendues dans les organisations. [...]
[...] Nous allons dans la cadre de ce dossier nous intéresser plus particulièrement à la rationalité instrumentale dans l'action publique contemporaine. Nous nous sommes ainsi demandé quels sont les apports et les revers négatifs de cette forme de rationalité dans l'action publique contemporaine ? Pour tenter de répondre nous avons choisi un plan en deux parties avec dans une première partie l'analyse des apports de la rationalité instrumentale dans l'action publique, nous verrons donc en quoi cette rationalité s'est distinguée de la linéarité de Descartes et nous tenterons de définir concrètement cette forme de rationalité et d'en voir les intérêts. [...]
[...] Simon, les organisations, Paris, Dunod Pierre Muller, Les politiques publiques, PUF,1990 J. [...]
[...] La rationalité instrumentale développe quant à elle, la technicité de l'action publique. Les objectifs sont clairement définis et l'on évalue mathématiquement les moyens, les organismes dont on dispose pour la réalisation de ces objectifs. Cette forme de rationalité présuppose que les acteurs sont rationnels par essence mais la rationalité est limitée puisque le décideur n'a pas de choix stable et ne fait que choisir des solutions temporaires. De plus, la rationalité instrumentale est en décalage par rapport à l'environnement et la société qui l'entoure. [...]
[...] La rationalité instrumentale a démontré ses limites en cela qu'elle fige l'action et qu'elle néglige les variables sociales et culturelles et favorise ainsi une élite. Les risques de résistances peuvent alors représenter un coût supérieur aux bénéfices engendrés par la décision qui n'a pas pris en compte les facteurs sociaux. Pour autant, l'Etat exerçait son pouvoir et ses actions par le biais d'une infrastructure cohérente, hiérarchisée et rationnelle : l'administration. Cette nouvelle perception des politiques publiques qui écarte cette rationalité instrumentale, affaiblit considérablement le pouvoir d'Etat et peut, à long terme, entrainer un immobilisme des décisions voire scléroser ses organes. [...]
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