Ne se cantonnant plus simplement à une extrémité de l'échiquier politique (Jean Marie Le Pen en France, Jorg Haider en Autriche), le populisme voit dans sa conceptualisation et sa pratique, une expansion progressive à l'ensemble des partis politiques. Contrairement au siècle précédent, l'appel au peuple se fait de manière moins grossière et plus subtile. Le populisme comme le politique en général a su s'acclimater aux nouveaux enjeux politiques et à l'évolution des comportements sociétales. Par conséquent, devant l'enracinement et le développement de la pratique populiste dans le champ politique, des auteurs comme A. Collovald, G. Hermet, Y. Meny, Y. Surel, P-A. Taguieff ou encore P. Moreau ont proposé une analyse à la fois théorique et concrète de ce phénomène politique. Montrant leurs similitudes ou leurs divergences dans l'étude du concept de « populisme », ces auteurs se retrouvent tout de même sur la base d'une interrogation commune : en quoi la difficile interprétation du populisme est-il révélateur de l'extrême complexité d'un terme aux multiples fondements et usages dans le monde politique contemporain ? Voir le populisme comme un outil méthodologique du comportement politique (I), nous permettra de comprendre la dualité analytique du populisme (II). Enfin, nous serons aptes à étudier le fondement même du populisme et à saisir toute la complexité politique qui l'entoure (III).
[...] Taguieff émet également la théorie d'un néo-populisme. Ce dernier serait caractéristique des régimes post-autoritaires en Amérique Latine ou en Europe de l'est où une démocratie délégative se substituerait à une démocratie représentative. Le fait que la transition démocratique soit récente et fragile, que le contexte social et économique soit précaire facilitent l'enracinement de ce nouveau populisme. Selon O'Donnell, Les démocraties délégatives appuient leur légitimité sur un raisonnement atypique: L'homme qui remporte une élection présidentielle acquiert le pouvoir de gouverner le pays comme il le juge approprié [ . [...]
[...] La campagne présidentielle de 2002 en est le parfait exemple. Outre les problèmes sécuritaires sur lesquels les partis populistes d'extrême droite se basent, il y a également la frustration et le mécontentement social comme argument explicatif de l'engouement populaire du FN. Les analyses abstraites sur le FN soutiennent l'idée que le parti majoritaire d'extrême droite en France est soutenu majoritairement par des frustrés et des déçus de la politique. Cette idée se veut rassurante moralement mais en réalité l'explication véritable du succès du FN est plus complexe. [...]
[...] L'étude méthodologique du populisme nous a permis de conclure sur la pluralité d'un terme, universellement inscrit dans les rouages du politique. L'analyse du fondement idéologique du populisme a servit de mettre en valeur la perversion possible des principes démocratiques. Bibliographie Pierre-André Taguieff, L'illusion populiste : de l'archaïque au médiatique, Berg international Ed DL2002 Alexandre Dorna, Le populisme, Presses universitaires de France Pierre-André Taguieff, Le retour du populisme, Encyclopaedia Universalis Guy Hermet, La trahison démocratique, Flammarion Y.Meny et Yves Surel, Par le peuple, pour le peuple, Fayard Hans-Georg Betz, La droite populiste en Europe, Éd. [...]
[...] Le populisme n'est pas rigide à un régime politique particulier, il se caractérise par son universalisme politique. Le populisme : un universalisme politique ? Qu'il soit bonapartiste, léniniste, gaulliste ou lepéniste, le populisme à cette singularité et cette originalité de s'intégrer dans différents régimes politiques. On ne peut pas dire que tel régime est le terreau du populisme. Il est présent aussi bien dans les discours politiques du socialisme russe au début du XXième siècle, que dans les raisonnements politiques d'un Jorg Haider en Autriche ou d'un Chavez au Venezuela. [...]
[...] Comme le font remarquer très justement Mény et Surel, l'appel constant au bon sens du peuple souverain constitue un des aspects fondamentaux du populisme. La thèse de ces deux auteurs s'articule autour de la valorisation du peuple par un comportement défini comme populiste. Pour comprendre toute la profondeur du populisme, il faut donc orienter notre analyse vers la définition du terme peuple Tout comme le populisme, le concept de peuple est accompagné d'une pluralité de sens. Il convient comme la préconise Clifford Geertz de recentrer le populisme autour de trois propositions. Premièrement, le peuple est considéré comme les racines de la société. [...]
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